Un grand pays d'Europe de nos jours, un soir d'élections.

C'est le grand moment : sept années que la nation attend ce premier tour de la Présidentielle : l'ensemble des partis politiques, des syndicats, des lobbies, des associations catégorielles s'est mis en rang de bataille afin de préparer le second tour. En attendant, tout le monde patiente et écoute distraitement les analystes politiques de la capitale, les sociologues qui auscultent les trois derniers mois, les prévisionnistes rassurer tout le monde sur l'état "excellent" de la démocratie et des institutions..

C'est que la situation est tendue : socialement, le pays compte aisément 3 millions de chômeurs et 10 millions de précaires, vit mal des fuites massives de capitaux et des délocalisations en chaîne, des flux migratoires qui ont arrêté d'être régulés, une dette qui s'est envolée et oblige les fonctionnaires à descendre dans la rue tous les trimestres... Les soldes des militaires ont 2 mois de retard, l'état d'urgence a été décrêté dans toutes les villes de plus de 100 000 habitants et les policiers municipaux sortent d'une grève dure de plus de huit mois.

Pourtant, si l'on écoute les palais présidentiels et les centres du pouvoir électoral et médiatique, tout va plutôt mieux qu'il y a sept ans : l'étoile du pays brille au firmament de la civilisation, son art de vivre s'exporte comme jamais, sa culture internationaliste est rayonnante. Alors oui, il y a des blocages, les politiques au pouvoir en conviennent tous - mais c'est forcément de la faute du laisser-aller et de la gabegie des prédécesseurs. Le problème est que les dirigeants actuels en disposent, du pouvoir... depuis 14 années - et que les réformes sans cesse repoussées ou tronquées au bénéfice des revendications sectorielles n'ont fait qu'aggraver la situation. Là où les pays voisins observent ces élections avec intérêt, c'est que ces réformes, eux les ont faites en douceur ces dernières années.
Mais cette nation-là est particulière. Elle est un "modèle" que le monde - croit-elle - envie. Et le gouvernement sortant ne connaît qu'une antienne - son slogan : "Allons plus loin".

Ce soir, le plateau télévisuel va pourtant bruisser d'une rumeur. A 20h00, le présentateur du network télévisuel n°1 du pays, Carlos Spinoza (hugth jackman), annonce que pour des raisons informatiques, les résultats sont reportés d'une heure. Dans le même temps, la prévisionniste Monica Wang (Demetra Rasmuson) vient de débouler en sang dans le QG de la chaîne. Elle a juste le temps d'avertir un des politiques présent, Jacqueline Sussier (Virginia Weiner) de l'issue des résultats... Des VRAIS résultats. Elle tourne de l'oeil avant d'en dire plus. On l'amène à l'infirmerie des bureaux. Sussier est en état de choc : elle avait préparé un beau discours et s'attendait à tout - mais pas à ça... Alors qu'elle se prépare pour son intervention plateau, elle avise un de ses gardes du corps, Lanterton (Bradley McCole) d'aller surveiller la jeune femme évanouie.

Un observateur politique discute avec elle des statistiques et des sondages aux urnes mais Sussier n'écoute plus, plongée dans ses pensées... Elle repense aux résultats révélés par Wang. Ils ne correspondent visiblement à rien de ce qu'on leur a dit à tous.
Dans la réalité décrite par Wang, aucun des deux principaux candidats ne franchit le premier tour : l'extrême-gauche d'un côté, l'extrême-droite de l'autre sont par contre qualifiées.
Le chaos.
Eviter ça : on a essayé de faire taire Wang parce qu'elle détenait une vérité tangible.
Mais si cette vérité éclate, c'est le système qui explose. Et elle-même, Jacqueline Sussier, Présidente de son parti d'opposition, n'y réchapperait pas.
Un douloureux constat s'impose alors : il faut faire taire Wang - du moins essayer de lui expliquer la situation. La raisonner si c'est possible. Calmer ses ardeurs idéalistes, lui dire que "ça ne se fait pas comme ça"... Et se la mettre sous le coude : il ne faudrait pas que les gars de l'Intérieur finissent le travail. Cette petite Wang pourrait représenter une sacrée monnaie d'échange en cas de "coup dur".

Alors qu'elle prend son portable pour prévenir Lanterton du danger, un technicien lui indique son entrée en scène dans les 25 prochaines secondes..

Dehors, les émeutes ont déjà fait 100 victimes. Des groupes armés pullulent dans les rues de la capitale et ont visiblement décidé de ne pas attendre les résultats : les "comités de salut public" supléent les forces de l'ordre et affrontent des troupes mobiles venues des banlieues, qui elles-mêmes doivent en découdre face aux milices des "Jeunes Patriotes de la Nation", prises à partie par les factions de "L'Internationale de la Liberté".

De minute en minute, la situation insurrectionnelle empire. (Script original)