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MMP présente
Dieu Vivant

"- Nous vivons une époque formidable." se disait Armin (Johnny Kubota) en consultant à partir de son cellulaire une carte satellite de l'endroit où se trouvait sa prochaine cible. Un gros morceau : l'île d'Akan, dans l'archipel des Philippines était relativement éloignée des zones urbaines et il n'y avait pas grand'moyen d'y parvenir. Il devrait faire confiance aux autochtones lui avait conseillé la représentante de son employeur, une certain Mondiane (Stephanie Gonçalves). Il y en aurait probablement quelques-uns décidés à l'aider : Adir Montjoie (Maxime Fiodor) était arrivé là-bas avec son million de "croyants" en terrain conquis.  

 

Il referma son attaché-case, vérifia une dernière fois les coordonnées de sa correspondante sur place (Sokchana Keut), jeta un coup d'oeil sur le skyline de Philadelphie en cette belle journée de septembre 2018 et se dirigea vers la première aire de taxi pour l'aéroport.  

 

"- Je ne peux vivre sans enfant. Je pars chercher des réponses - ne me cherche pas."  

Loth (Daniel Halligan) regarde le morceau de papier que sa bien-aimée avait griffonné dans la précipitation de son départ. Ainsi donc la femme de sa vie Lima (Gina Maher) avait cédé à la peur : la peur de ne pouvoir jamais porter d'enfant. Une peur irrationnelle, incontrôlable provoquée par son 30ème anniversaire. Le couple, à l'origine, ne voulait pas d'enfant. Juste après son anniversaire, la jeune femme avait radicalement changé d'avis. Un cap qui avait provoqué une dépression chez elle, un éloignement, comme un mur entre eux. Un éloignement que ce départ rendait fatal. Il savait qu'il était inutile d'appeler la police ou les services sociaux : si elle voulait disparaître, elle le pouvait - finalement, elle qui avait toujours refusé le mariage avait aussi gardé cette porte de sortie à leur relation.  

 

Mais Loth n'était pas du genre à laisser sa moitié dans la nature : chômeur, il n'avait su trouver les mots, la rassurer à l'époque. Aujourd'hui, il devait la rejoindre pour se faire pardonner, et se pardonner à lui-même un aveuglement coupable. Même si c'était la dernière chose qu'il entreprenait. Se quitter oui, peut-être... mais pas comme ça.  

 

Il téléphona à leurs connaissances communes les plus proches, à sa belle-famille, fouilla les fichiers du PC, les affaires de la disparue. Tous les indices concordaient : elle lui avait parlé de ce philosophe Monégasque, Adir Montjoie. Son actualité récente l'avait vu s'installer dans une île des Philippines. Là-bas, il y avait installé une sorte de communauté. Des milliers de croyants affluaient des quatre coins du monde le rejoindre. C'était complètement fou. Lima avait lu tous ses ouvrages. Relayée par les médias-amis, cette pensée l'avait séduite. Elle était partie en rejoindre la source : c'était ça, "des réponses".  

 

Loth consulta son compte en banque puis prépara un sac de voyage. Il y glissa furtivement le dernier livre paru de Montjoie.  

 

"- Je crois que ce type de phénomènes ne fera que s'amplifier avec le temps." La journaliste (Victoria Fitch) regardait intensément le prêcheur Marc Salomon (David Kaine) exposer ses arguments. Ici, dans cette Paroisse de la Congrégation Baptiste de Betheem - Oklahoma, Adir Montjoie avait rencontré Dieu. C'était avant son exil monégasque. Montjoie avait transcendé le paradigme religieux et lui avait insufflé une bonne dose de pensée idéaliste. On le disait réformateur de la pensée, proche de Schopenhauer, l'athéisme en moins : le syncrétisme entre philosophie bouddhiste et pensée Kantienne avait réveillé les esprits. Mais ce n'était pas les idées qui intéressaient la journaliste. Elle voulait en savoir plus sur l'homme qu'était Adir : sa biographie officielle était muette sur le sujet et elle n'était pas la première à solliciter l'éclairage de ceux qui l'avaient côtoyé ne serait-ce qu'un bref temps.  

 

Salomon se renfrogna : il ne croyait pas que Montjoie fut une exception et voyait dans les prochaines années de nouvelles expériences comme celles-ci se multiplier. Les hommes avaient besoin de leaders créatifs. Quand ceux qui s'arrogeaient le droit de penser à leurs place - par le biais du suffrage - perdaient crédibilité et légitimité à leurs yeux, ils se choisissaient d'autres voix. Pour le meilleur comme pour le pire.  

 

Pour le prêcheur c'était inquiétant : une voix séduisante enrobée dans une philosophie opportuniste en ces temps troublés pouvait engendrer de grandes choses. Ou l'inverse. Le vieil homme ne voulait pas juger Adir mais il sentait chez lui tout de même "une bonne dose d'opportunisme". Il craignait que ce ne fut que le début. Peut-être que l'Homme était à une sorte de croisement symbolique qui exigerait des institutions en place qu'elles se réforment. D'autres y avaient déjà pensé. Ils n'étaient plus là pour constater leur échec.  

 

On avait proposé à la journaliste d'aller directement à l'autre bout du monde rencontrer "Le Roi philosophe" comme certains médias le dénommaient déjà. Elle avait refusé. Elle irait à Monaco pour son investigation, dans chaque endroit où il s'était rendu, mais ne voulait pas biaiser son enquête. Elle saurait ce que cet Adir Montjoie cachait.  

Comment et pourquoi il lui avait volé sa soeur Amy (Carrie Cave).  

 

"- Alors, qu'est-ce qu'on fait ?"  

Les chiffres étaient impressionnants : la banque qu'Adir Montjoie avait constituée en association avec les autorités Philippines afin d'asseoir la structure de sa communauté était déjà devenue le 5ème établissement financier du Sud-Est asiatique. Les avoirs qui alimentaient les créations de comptes ne cessaient, quotidiennement et quasiment à vue d'oeil, de grossir et d'estomaquer les observateurs : particuliers mais aussi industriels influents et autres banques constituaient des montagnes de cash à son endroit. L'AMC (Adir Montjoie Capital) serait bientôt en mesure d'être cotée et d'interférer sur les Bourses locales. Pour une structure créée avec quelques professionnels locaux du secteur et en moins de trois mois, c'était inédit.  

 

Mary Wang (Estelle Vrana) du Fonds Monétaire International ne voyait là-dedans qu'un épiphénomène qui se tasserait bientôt : tous les citoyens du monde n'allaient pas placer leurs économies dans une banque dont la pérennité (malgré ce qu'en disaient les Philippins) était loin d'être assurée... Le seul problème pour elle était que l'AMC ne "jouait pas le jeu" avec le FMI. Pas encore du moins. Ils avaient été pris de cours ici au siège de l'organisation, à Washington.  

 

C'est la raison pour laquelle son patron, l'influente Dominique Bilderberg (Caroline Burns) souhaitait qu'elle prenne contact au plus vite avec Montjoie pour s'enquérir de ses futures relations avec les institutions internationales. Bilderberg ne souhaitait qu'en aucun cas l'AMC échappe à leur contrôle souterrain. Elle ne partageait pas la philosophie de cet allumé même si au sein du FMI, ce dernier avait trouvé d'étonnant appuis. Le ver était dans le fruit : Rockfeller et Rothschild n'auraient pas été ravis de voir un tel aventurier vaguement intello s'attirer leur grâces.  

Elle enverrait donc Wang sur place, comme représentante spéciale et veillerait qu'il ne lui arrive rien.  

 

"- C'est grand. C'est beau."  

Il parlait avec son coeur. Lui, c'était Antonio (Brian Harper), un jeune et bel italien qui venait de rejoindre Akan. La force de travail déployée par les hommes sur cette île était impressionnante. Des ingénieurs, des maçons, des architectes et pas mal de locaux (qui voyaient là une manne financière pour les 10 prochaines années) étaient en train d'édifier en quelques mois ce qui aurait pris plusieurs décennies dans une région différemment administrée : une gigantesque cité futuriste. Antonio venait du bâtiment et ce qu'il observait dépassait ses espoirs les plus fous. Si le discours de Montjoie lui passait un peu par-dessus la tête, il sentait bien que quelque-chose était en train de se passer avec ce gars. Ce qu'il bâtissait ici était parti pour durer. Beaucoup murmuraient qu'il avait choisi une des zones les plus pauvres et corrompues du monde pour s'éviter tout problème avec la loi ; ils se trompaient. D'ici, sur les hauteurs des collines environnantes, dans cette ambiance tropicale avec le petit groupe de touristes qui avait pris le même bus que lui, ce qu'il dévorait des yeux était une cité du futur : la densité de grues au kilomètre-carré et de matériaux importés était proprement hallucinante mais nul incident ne venait troubler la marche des édifications, nul vol, nulle avidité.  

Les gens croyaient en ce qu'ils faisaient. C'était ce qui les rapprochaient les uns des autres. S'ils étaient payés, ils savaient que ce n'était pas le plus important à leurs yeux.  

 

Antonio, jeune homme à peine sorti de l'adolescence, était particulièrement sensible à cette atmosphère. Le rêve beatnick des années 60/70 avait été noyé par le consumérisme de ses grands-parents. Or, Montjoie ne crachait pas sur l'argent - ni comme fin ni comme moyen. Il s'en servait pour bâtir un monde meilleur.  

Il reprit bientôt la route avec son petit groupe en direction des dortoirs des visiteurs. Il espérait rester un peu plus et contribuer à ce rêve devenu réalité.  

 

(Script original)

Scénario : (1 commentaire)
une superproduction dramatique de Alexandra Berger

Maxime Fiodor

Victoria Fitch

Daniel Halligan

Estelle Vrana
Avec la participation exceptionnelle de Gina Maher, Sokchana Keut, Stephanie Gonçalves, Brian Harper, Johnny Kubota, Caroline Burns, Carrie Cave, David Kaine
Musique par Scott Fiedel
Sorti le 13 octobre 2018 (Semaine 719)
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