Le Japon d'aujourd'hui.  

Andy Blumenfield (Rene Elliott) est professeur de littérature médiévale à l'Université à Tokyo. Amoureux de la culture japonaise, ce jeune sino-britannique a émigré ici il y a plusieurs années avec sa femme Alice (Veronica Tasz). Tous deux ont eu une fille, May (Rebecca La Barbera), née au Japon.  

Souffrant de complications cardiaques suite à une intervention pourtant bénigne, Alice a du être hospitalisée dans un établissement spécialisé situé au pied du Mont Kawanori, à l'Ouest de la capitale. Elle est depuis au repos complet et reçoit régulièrement la visite d'Andy et Alice.  

Ne souhaitant pas imposer à son enfant plusieurs heures de trajet entre Tokyo et l'hôpital, Andy décide, l'été venu, de rapprocher la famille et loue une résidence à quelques kilomètres de là.  

Le chalet traditionnel a vécu des jours meilleurs ; Andy prend sur lui les premières semaines de retaper un peu la bicoque, sous l'oeil goguenard de Kobayashi (Rick Fidele), voisin bourru et célibataire mais accueillant qui vient lui prêter main-forte.  

Entre deux rénovations et alors que May joue dans le jardin au pied d'un immense camphrier, "Kob" se tourne vers le jeune enseignant :  

"- Ta fille ne devrait pas se rapprocher trop de cet arbre - il est maudit…"  

Andy est surpris :  

"- Je croyais que les esprits de la nature étaient neutres tant qu'on ne les insultait pas… May n'a rien fait de…  

- Ca ne vient pas d'elle. Il s'est passé des choses, il y a longtemps, ici… Des choses terribles."  

Voyant qu'il se referme sur lui-même, Andy décide de passer à autre chose. Le soir venu, ils dînent ensemble. Demain, il commencera à préparer ses leçons pour la rentrée, tout en gardant un oeil sur les activités de sa gamine.  

Le lendemain, intrigué par l'angoisse du fermier, il décide de faire quelques recherches en ligne sur les "événements" de la région. Le bled n'a beau être qu'à quelques encablures de la capitale, internet "mouline grave". Agacé par les déconnexions et ralentissements intempestifs de la ligne, il en oublie totalement sa fille.  

May, elle, a vu de drôles de bêtes quand elle a nettoyé la maison avec son papa… D'étranges formes noires qui ont aussitôt fui dès la lumière revenue dans les pièces. Son papa ne les ayant pas perçues, elle se doute qu'il n'y a que les petits enfants pour voir certaines choses… Les adultes ont tellement de chances de ne pas toujours tout voir…  

May n'est pas une petite fille très courageuse, mais comme beaucoup d'enfants, elle reste curieuse. Profitant des vacances, elle se promène de plus en plus loin de la maison, faisant un tour de plus en plus large. Longeant un ruisseau, elle tombe sur…  

Son père ne la croira pas…  

Andy est arrivé à consulter les bases de données du quotidien local. Pour le moment, ils n'ont numérisé que les vingt dernières années et les faits divers sont rares ici, mais chaque fois qu'il tombe sur un article, celui-ci fait référence au cauchemar vécu par la famille "Kusakabe" dans "les années 50", sans plus de précisions. A croire que ce drame a tellement marqué les esprits que tout écrivaillon souhaite y faire référence pour épicer un peu son propre texte.  

Sans doute devra-t'il se rendre sur place pour se faire une idée et consulter les documents d'époque. Kobayashi a vraiment piqué sa curiosité.  

"- Papa, papa, vient voir ce que j'ai trouvé !!"  

May vient de débouler comme une tornade excitée dans son bureau encombré, le faisant sursauter : lui qui s'était promis de toujours garder un oeil sur elle, le voilà pris en défaut - qu'aurait dit son épouse ?  

La fillette insiste pour qu'il l'accompagne jusqu'à la clairière qui borde le cours d'eau (celui qui passe sous le camphrier). Il râle un peu et finit par se laisser convaincre de mauvaise grâce : une petite marche le mettra en appétit et puis c'est bientôt l'heure du déjeuner - fichtre, il a perdu une demi-journée sur le web au lieu de bosser !  

May l'amène au fond du jardin, là où le cours d'eau fait un bras et se scinde en deux. A l'extrémité de la rive arborée, le cadavre d'un rongeur visiblement déchiqueté. Elle se penche par dessous et lui demande de bien regarder. Elle plisse les yeux pour mieux se concentrer.  

"- C'est la nature ma fille, le cycle éternel de la nat…"  

Il s'est interrompu. Quelque chose tient le rongeur.  

"- Tu le vois comme moi, dis ?!" fait May en se tournant vers lui, toute dents dehors.  

Oui, il perçoit quelque chose qui disparait dès qu'il change d'angle de vue.  

Il comprend que ça a un pelage qui le rend quasiment invisible et ne renvoie pas la lumière. C'est phénoménal, c'est une espèce animale inconnue.  

La petite créature est tout aussi immobile que le rongeur. Sans doute devait-elle chasser là et s'est noyée dans 50 centimètres d'eau.  

"- On l'emmène, on l'emmène, dis, dis, dis ??!" May est presque hystérique et sa question se double d'une impérieuse sollicitation.  

Armé d'une branche, Andy touche "l'invisible". Oui : il ne rêve pas, cette chose est difficilement perceptible mais a bien une réalité concrète.  

C'est alors qu'il repense aux esprits d'ici, les kami invisibles aux hommes. Et si ce n'était pas la magie et leur culte qui les rendaient non-perceptibles mais un plus banal (quoique extra-ordinaire) phénomène physique ?!? De quoi remettre en cause les relations du Japon avec leurs créatures invisibles favorites !  

Sous la pression de la jeune fille, Andy va récupérer des gants et ramène "quelque chose" à la maison, qu'il enveloppe dans une couverture et s'en va poser dans un vieux réfrigérateur inutilisé. Avant, il prend la peine de photographier le phénomène sous toutes les coutures. May semble un peu boudeuse - visiblement, son père n'a pas eu la même idée qu'elle.  

"- Tu crois pas qu'on aurait du l'enterrer dans le jardin ?"  

Il se retourne vers elle, un grand sourire aux lèvres :  

"- Tu veux rire mon poussin, tu as trouvé une créature qui va rendre papa et maman très riches je crois…"  

Cet après-midi, il confiera la gamine à la mère de Kobayashi et ira visiter l'Institut de cryptozoologie de la capitale.  

Peut-être même qu'en rentrant, il passera à l'hôpital et au journal local… pour leur faire part de sa découverte.  

Tout au fond du camphrier, quelque chose venait de se réveiller. Quelque chose qui avait senti la patte de l'Homme sur un des siens.  

Qui l'avait souillé à jamais.  

Quelque chose allait refaire le ménage, comme il y avait un demi-siècle de cela. Puis se rendormirait.  

(Script original, inspiré de Tonari no Totoro (1988) de Hayao Miyazaki)