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MMP présente
Vol 666

Trans-Panamerica est heureuse de vous accueillir et vous souhaite un agréable voyage.  

 

Le transport aérien. Le transport le plus sûr. Des clous. Mike Raleigh (Bradley Wieczorek) revient d'un voyage d'études à Londres. Cet avion, il l'a pris un peu à la sauvette - à l'origine, son départ était prévu dans une semaine. Mais il en avait assez de la capitale britannique, de son temps pourri, de l'accent et l'arrogance de ses habitants, de ses caméras de surveillance... L'Amérique en miniature, le côté "ancien monde fatigué" en sus, non merci - il avait vraiment eu l'impression de s'encroûter. Mike était New-Yorkais pur jus, pas mécontent de retourner croquer la Grosse Pomme et son dynamisme quotidien : ce matin, il avait payé plein pot mais ne regrettait aucun des précieux Sterling Pounds dépensés. Il voyait déjà l'océan du hublot et un grand sourire illuminait son visage.  

 

Problème : il n'aimait pas l'avion. C'est bête, l'aérodromphobie ; sérieux : une variante de la claustrophobie. Mike n'avait jamais apprécié l'enfermement, ça devait venir de là.  

Pour le voyage au-dessus de l'Atlantique, il s'était préparé de quoi passer le temps : révision de son mémoire d'étude (les molécules instables), deux-trois DivX et quelques gigas de musique. Ca devrait le faire s'il ne regardait pas trop les autres passagers stresser. Parce que le stress c'est bien connu, c'est comme les zombies : hautement contagieux.  

Sa voisine, une petite vieille, ronflait après avoir avalé 3 cachets. Au moins il ne serait pas embêté de ce côté-là.  

 

Michel Delon (Aurélien Delgrange) est un Commandant de bord capé - 10 ans d'expérience sur les lignes de la compagnie, réserviste des unités commandos de l'armée israélienne, fils de diplomate et champion d'Europe de Viet Vo Dao, ancien pilote de chasse (2 ans, ça compte presque pas) et amant remarquable : pour lui, cet énième voyage est une routine. Le Français bi-national a tout vérifié et revérifié scrupuleusement. Après le décollage, il a laissé la bride à son Second, un gars expérimenté qu'il connaît bien, et s'en est allé rejoindre le staff pour un check-up de routine.  

 

Birgit Braun (Annette Myranda) est responsable du personnel de bord. Elle regrette les suppressions d'effectifs que la compagnie a du opérer : être hôtesse de l'air, ce n'est plus vraiment ça. Elle leur avait dit au siège qu'elle n'était pas disponible cette semaine. Ils n'ont rien voulu savoir ; elle est donc presque là contre son gré, dans cet avion à moitié plein. "Presque" parce qu'avec un mari salarié à mi-temps et deux enfants à charge, la belle Allemande ne peut se permettre de délaisser un poste somme toute plutôt bien rémunéré et riche en exotisme et jet-lag.  

 

C'est donc d'une mauvaise humeur palpable qu'elle avise Delon des quelques "petits soucis logistiques" de bord qu'ils rencontrent. Rien de transcendant mais aujourd'hui, il ne faut vraiment pas l'agacer ! Le Commandant écoute les remarques, opine du chef, jauge de la non-gravité des événements, signe deux-trois papiers et s'en va continuer son inspection des artères du Riss-Chandellier e700, transcontinental de 350 sièges - pas un monstre mais une belle machine extrêmement maniable.  

 

Lynn Grave (Frances Nathanson) est une jeune 'gothique' du Devon qui voyage pour la première fois à l'étranger. Issue d'une famille modeste, la jeune fille a miraculeusement décroché une bourse d'étude. Elle, c'est plutôt l'Espagne qui l'intéressait pas les USA, mais ses parents ont été clairs sur le sujet : un voyage, quel qu'il soit, c'est formateur et plutôt une vraie chance pour elle. Et la jeune fille avait peut-être besoin d'un grand bol d'air loin de son environnement.  

Les dernières années n'avaient pas été faciles : leur déménagement, le divorce en cours, sa propre tentative de suicide suite à une flirt qui avait vraiment mal tourné...  

Fidèle à sa réputation, elle boudait dans son coin, ignorant superbement les avances du vieux beau à ces côtés, un connard à la mode 70's qui puait l'after-shave et le démon de Midi. Plutôt de Minuit dans le cas présent.  

 

"- Commandant..."  

Delon était revenu à son poste et observait la masse dépressionnaire qui venait droit sur eux. Le co-pilote venait d'aviser les autorités au sol mais les communications ne passaient plus. Il avait quelque peu redressé le cap afin de la contourner mais la masse obscure et informe était trop large pour être survolée. C'était une grosse grosse dépression uniformément noire et sans aucune activité électrique.  

"- On la traverse." : quand on s'appelait Delon, les phénomènes météorologiques même incongrus importaient peu.  

 

Une fois le Riss-Chandellier entièrement entré dans la voûte, on observa un grand silence doublé d'une panne générale de courant. Les moteurs s'étaient instantanément coupés : l'appareil n'émettait plus un seul son mais ne perdait aucune altitude. Un vent de panique balaya les passagers.  

"- Les auxiliaires."  

Le système auxiliaire ne s'était pas déclenché automatiquement - Delon l'activa manuellement : les lumières et communications internes revenues, il s'excusa auprès des passagers pour le "désagrément temporaire" tout en multipliant les procédures d'activation des moteurs. En vain : l'oiseau métallique de 290 tonnes planait au milieu de nulle part. Aucune gite, aucune vibration, aucune décélération ne venaient perturber sa course.  

 

Braun traversait les allées avec son staff, essayant de garder son calme dans la panique ambiante, rassurant du mieux qu'elle pouvait leurs clients. Pour certains, c'était un premier voyage, pour d'autre une habitude... Mais personne n'avait jamais vu ça. Un des stewards avait reporté plusieurs décès en seconde classe.  

 

Lynn Grave s'était réveillée au moment de la coupure électrique. Elle aurait trouvé la situation "cool" s'ils n'avaient pas été si hauts dans le ciel. Quand la lumière se rétablit, elle jeta un coup d'oeil à son voisin. Ce dernier la regardait fixement, la bave aux lèvres, bouche entrouverte, yeux exorbités et regard mort. Son coeur n'avait pas tenu.  

 

La mémé de Raleigh avait elle aussi poussé son dernier soupir à peu près au même instant. Le futur physicien (au MIT, espérait-il) avait distinctement perçu malgré son casque la respiration caverneuse de sa voisine couvrir le son du Commando Pour Sakhaline qu'il était en train de regarder. Il avait essayé de réveiller la dame et fini par appeler à l'aide.  

 

"- Commandant, nous avons cinq décès..." Merde. Cela faisait un quart-d'heure qu'ils baignaient dans cette purée et les passagers tombaient comme des mouches. Au moins trois arrêts cardiaques avaient déjà été diagnostiqués. Ils étaient au milieu de l'océan, il pouvait toujours demander l'autorisation de faire demi-tour à Londres... si la radio fonctionnait. Il prendrait la décision lui-même de tout façon, pour raison sanitaire. Il n'avait jamais vu ça et son co-pilote était blanc comme une merde de laitier.  

 

Ayant perçu des mouvements autour de l'avion, il avait simplement pensé à des nuages. Mais les nuages ne se déplaçaient pas de manière intelligente et ne changeaient pas de direction comme ça. Il n'y avait aucun phénomène météorologique qui pouvait expliquer dans quoi ils se trouvaient.  

 

C'est alors qu'il jeta un coup d'oeil en contrebas, mué par une sorte d'inexplicable curiosité.  

Son instinct, plus que sa vision, percevait de gigantesques structures architecturales. A vue de nez, ils les survolaient à 500-600 m. Il savait bien entendu que c'était impossible, une sorte de mirage probablement, vu qu'ils avaient atteint le palier du niveau 350 (35 000 pieds) il y a plus d'une heure. Des édifices de 10 kilomètres de haut, ça n'existait pas, même sur l'Everest.  

Delon espérait juste qu'il fut le seul touché par cette hallucination.  

 

Ce n'était pas le cas.  

Ceux qui avaient observé la même chose s'en étaient bruyamment pris au personnel de bord, accusant le pilote de "vouloir (les) envoyer sur une tour". Birgit et son équipe étaient sur le front, essayant d'expliquer qu'ils étaient à la bonne altitude, que l'ascension s'était correctement déroulée et que le personnel était habitué à ce genre de situation. Ce qui était faux, manifestement.  

Le reste des passagers avait fini lui aussi par observer, tantôt fasciné (Lynn) tantôt effrayé (Mike), l'étrange métropole de monolithes noirs qu'ils survolaient. Ces tours cyclopéennes émettaient une lueur de l'intérieur qui semblait pulser tel un battement de coeur.  

 

C'est au pic de la confusion que les parois du Riss-Chandellier se mirent à suinter un liquide rouge-noir poisseux accompagné de grumeaux de chair. Au contact de la chaleur ambiante de la clim', certains de ces morceaux eurent la bonne idée d'exploser. Certains vêtements s'enflammèrent, des visages furent brûlés comme sous l'effet d'un puissant acide. La terreur se mêla à la panique.  

En première classe, les lumières commencèrent à s'éteindre. Les unes après les autres.  

 

L'avion poursuivait son vol dans l'inconnu.  

 

(Script original)  

PS : Un Commando Pour Sakhaline est une production Gérard Cousin.  

 

Happy Halloween 2018 !

Scénario : (2 commentaires)
une série B d'horreur de Jason Kelly

Bradley Wieczorek

Annette Myranda

Aurélien Delgrange

Frances Nathanson
Musique par Manon Kagel
Sorti le 27 octobre 2018 (Semaine 721)
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