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MMP présente
Breakfast in America

Ellis Island, 1931.  

Depuis la fin du 19ème siècle, l'île située à l'embouchure du port de New-York City, sert de zone de transit aux milliers de migrants venu chercher fortune et avenir aux USA. Les individus y sont parqués dans des conditions déplorables et l'administration est en flux tendu, submergée en ce début des années 30 par de nouvelles demandes issues d'Asie et des pays de l'Est alors qu'en même temps la situation intérieure devient dramatique : chômage, créations des "conseils de chômeurs" luttant contre l'expulsion des locataires, plus de 2 000 établissements bancaires en faillite à travers le pays...  

 

La famille Dalong vient de poser pied sur ce bout d'Amérique qui n'est pas encore tout à fait la liberté promise. Les Dalong sont la jeune Loo (Rumiko Golan) et son mari Bao-Sen (William Merzi), en couple depuis dix ans par le biais d'un mariage forcé. Ils arrivent aujourd'hui au bout de leur périple après deux mois de voyage.  

 

Ils ont fui la Mandchourie, profitant de la guerre entre la Chine et le Japon et des catastrophes naturelles qui se sont abattues sur la région. Le moment était propice pour prendre la fuite dans le chaos et quitter leur terre natale où le poste de fonctionnaire de Bao ne leur assurait guère plus de sécurité. Ils sont passés entre les mains de passeurs, de "marchands de migrants". Loo a du consentir à "certains sacrifices". Il a fallu payer pour arriver ici.  

 

Bao sait qu'une fois arrivés dans la "ville qui ne dort jamais", il pourra compter sur la solidarité familiale de cousins éloignés. Il attend donc le sésame, le coup de tampon libérateur de l'administration.  

Il demande une nouvelle fois à Loo de "faire avancer" les choses avec les responsables. Loo est la seule qui parle un peu anglais et Bao sait que les hommes bavent sur elle. Mais lui veut la faire payer. Sa stérilité, son absence d'enfant qui lui ont fait perdre la face auprès de sa famille : "Ta femme ne t'apportera rien de bon, mon fils… Pas même une descendance" lui avait pourtant dit sa mère.  

S'il savait que dans leur couple, la stérilité ne vient pas de Loo, peut-être changerait-il sa manière de voir - mais il vous tuerait d'abord pour avoir douté de sa fertilité.  

 

Balthazar Brown (Terry Bubble) est un jeune employé à l'immigration qui a vu ces dernières années débarquer toute la misère du monde dans le pays. Fermement convaincu que l'Amérique a bien assez de soucis pour ne pas s'encombrer de parasites supplémentaires, il est pour une application rigoureuse des textes. Et si sa hiérarchie lui a demandé de la "souplesse" (due au fait que le patronat a besoin d'une main-d'oeuvre plus corvéable que ces américains qui refusent de prendre la pelle pour une misère), il rechigne parfois à la tâche. C'est sûr, l'Empire State Building qu'on vient d'inaugurer, ce ne sont pas des Texans qui l'ont édifié !  

Pourtant, quand Loo vient pleurer à son guichet après avoir attendu 4 heures dans une file d'attente, exténuée, il ne peut s'empêcher d'avoir un geste de compassion à son égard. Il lui passe le questionnaire. Vingt-neuf questions sur leur identité, leurs possessions, leur métier, les raisons de leur venue ici…  

 

Cette nuit-là, elle remplit laborieusement l'imprimé, aidée parfois par quelques migrants ayant une meilleure compréhension de la langue. Le lendemain, elle remet au même employé le document. Celui-ci le tamponne, l'échange contre un autre pour la visite médicale.  

En début d'après-midi, ils sont sortis de l'ancien hôpital militaire d'Ellis et prennent une navette - direction la terre ferme, direction le paradis.  

 

… Ou se qu'il en reste. Loo ne se faisait pas trop d'illusion sur ce qu'elle allait voir mais force est de constater que ce n'est pas tout à fait l'image qu'elle s'en était faite pour autant : des rues crasseuses, des gens qui mendient, une surpopulation urbaine… Quand ils sont partis de Mandchourie, ils étaient comme des paysans dans leur propre pays. Ce genre de choses, ils auraient déjà pu le voir dans les agglomérations les plus denses de Chine et voilà qu'ils étaient à des milliers de kilomètres de chez eux, dans un pays qui les avait accueillis du bout des lèvres (mais accueillis tout de même) et dont ils ne parlaient pas la langue.  

Mais ils étaient libres. Ils étaient en sécurité, ne risquaient pas de voir débarquer la police politique ou des Japonais à baillonnettes à chaque coin de rue. Ils étaient sauvés. Ils pouvaient petit-déjeuner en Amérique pour la première fois.  

 

Trouver le quartier Chinois leur prit une demi-journée mais une fois arrivés, c'était comme s'ils étaient revenus à la maison. Ou presque : la famille les attendait. Boutiquiers ou employés textiles bien intégrés à la communauté, ils avaient reçu d'autres membres de la fratrie ces derniers temps - leur expertise en faisait même des gens très recherchés pour les affaires légales… ou moins légales.  

Installé de frais, on réclama au couple leurs papiers et on lança dans l'heure les démarches de naturalisation. Ca prendrait du temps, valait mieux commencer tôt.  

Après le repas, on leur assigna de nouvelles tâches : plusieurs hôtels du centre-ville de Manhattan réclamaient des femmes de ménage à bon prix - un "grand frère" accompagnerait Loo à l'Astoria où elle prendrait ses fonctions dès ce soir : il suffisait d'un coup de fil et c'était fait.  

Bao lui, irait travailler dans les bureaux et s'occuperait des affaires d'import-export entre New-York et le pays. On lui imposa de prendre des cours de langue immédiatement. Un autre grand-frère se chargea de l'amener en classe.  

On leur annonçait qu'ils devraient payer une location pour leur chambre, ce qu'ils comprenaient parfaitement : ils venaient d'être "pris en charge" par la diaspora et le système semblait parfaitement rôdé.  

 

Loo fut donc la première à véritablement "sortir" de Chinatown pour découvrir la ville. Elle prit les transports en commun pour la première fois et fut véritablement étonnée par le gigantisme des structures architecturales qui laissaient difficilement passer les rayons du soleil : après s'être désolée de la pauvreté au sol, elle était à présent fascinée par les buildings qui semblaient vouloir se détacher de la terre ferme.  

 

A l'hôtel situé sur la 5ème Avenue, ils entrèrent par les portes de services. On lui présenta le Chef d'équipe Mr Marx (Salomon Kondor) et Mandy (Trudie Larson), qui la formerait dans l'après-midi. Marx lui posa deux-trois questions sur ses origines, eut l'air sincèrement peiné d'apprendre la situation politique en Chine et lui expliqua rapidement les horaires, la paie, les procédures. Ils descendirent dans le hall.  

Tous entendirent du bruit et des cris. Ils se précipitèrent.  

 

On venait d'y déposer un personnage assez corpulent qui s'était fait renverser par un véhicule. Sa jambe était en lambeaux. Loo eut alors un réflexe saisissant, demanda son tablier à Mandy et garrotta la plaie ouverte de l'individu qui hurlait de tous les diables.  

"- C'est un client de l'hôtel, le diplomate Anglais." souffla Marx à la jeune femme.  

Quelques instants plus tard, l'homme à présent évanoui mais toujours vivant était pris en charge par des ambulanciers. Loo les regarda sortir du hall, un sourire triste aux lèvres et les vêtements tachés de sang.  

 

Mandy la prit doucement par le bras et l'amena se changer. Marx réclama à son Maître d'Hôtel qu'on l'informe de la santé du client, ce dénommé Winston Churchill...  

 

(Script original, inspiré de faits réels)

Scénario : (2 commentaires)
une série A dramatique de Cristina Glass

William Merzi

Rumiko Golan

Salomon Kondor

Trudie Larson
Avec la participation exceptionnelle de Terry Bubble, Maxxie Kanno
Musique par Christopher Garcia
Sorti le 21 mars 2020 (Semaine 794)
Entrées : 19 121 583
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