Et tout d'un coup, c'est comme si le soleil avait disparu et qu'il ne restait plus aux hommes que de se retrouver avec eux-mêmes.  

C'est le premier jour de travail pour Stephanie Suzuki (Rumiko Golan) au sein du Centre Culturel de Merrysburg, petite commune tranquille du Maine (USA). Elle a rejoint la directrice du Centre, Natty (Trudie Larson) sur le parvis ce matin à 08h00 précises. Elles lèvent la grille de protection et ouvrent ses portes au public. Personne ce matin sinon elles deux. Tant mieux : Natty va pouvoir la briefer un peu plus sur l'informatique et les archives.  

Comme à son habitude, l'adjoint du shérif Raymond Crow (Ronald Hand) termine sa ronde matinale. Revenant du deli avec un sac de donoughts, il passe saluer sa femme Natty au Centre Culturel. Tout-à-l'heure, le restaurateur lui a signifié qu'une nouvelle fois, la réception TV était perturbée. Merrysburg est dans une cuvette, la réception y est un vrai problème. La nouveauté aujourd'hui, c'est que même le cable et le satellite merdent.  

Sur le chemin, il croise la route de Charles 'charly' Cranston (Charles Lathan) en vélo, un petit gars sympa dont les parents se sont installés pas loin de l'ancienne scierie. C'est qu'ici tout le monde se connaît. Charly est d'ailleurs le petit ami de Stephanie mais à la différence de cette dernière, lui a envie de poursuivre ses études à la Fac l'année prochaine.  

D'ailleurs, là, il est en retard.  

C'est aux environs de 08h10-heure du Maine que tous les quatre constatent un assombrissement du ciel. Charles, déjà en retard, redouble d'efforts sur la route.  

Natty, plongée dans de la paperasse administrative, vient d'allumer la lampe de son bureau. Malgré les gros nuages de saison, l'automne est beaucoup plus clair d'habitude ici.  

"- Natty, tu devrais venir voir ça…"  

Stephanie vient de s'adresser à sa collègue d'une voix blanche. Elle est à la fenêtre, vient de tirer les rideaux.  

Quelque chose sort des nuages, entrainant d'inhabituelles perturbations atmosphériques.  

A quelques kilomètres de là, Charles Cranston manque de tomber sur l'asphalte.  

Toujours dans son véhicule, le deputy Crow, manque d'avaler de travers ce qui lui reste de café : son véhicule vient de caler. Plus aucun jus. C'est à ce moment qu'il lève lui aussi les yeux.  

Un immense disque métallique noir fond sur eux. Un disque de plusieurs dizaines de kilomètres de circonférence, d'une épaisseur de plusieurs centaines de mètres et d'une masse indescriptible - tous n'ont qu'une vision parcellaire de l'événement mais tous assimilent le danger.  

Plus il se rapproche plus le disque semble prendre de la vitesse.  

"- Bon Dieu - ça tombe sur nous." Crow décroche son portable - pas de réseau - plus de radio non plus. Essaye de redémarrer son 4x4, en vain - frappe son tableau de bord. Il sort, fait demi-tour, direction centre-ville… L'obscurité est à présent quasi-totale.  

Les yeux de Stephanie viennent de s'embuer de larmes, elle est en état de choc. Cette chose est trop volumineuse pour qu'ils puissent tenter de fui...  

Natty vient de la prendre violemment par le bras : les lumières se sont éteintes, elles sortent du Centre. De nombreux habitants ont ouvert leur fenêtre, on entend un peu partout des cris de panique. Au loin, un tracteur vient de caler et l'église sonne le glas.  

A travers le monde, des dizaines de milliers de structures similaires chutent : océans, cités, forêts, montagnes, nul kilomètre carré n'est épargné. En une dizaine de minutes, ces disques recouvrent toute la surface de la planète. Indestructibles et denses, ils aplanissent les chaines montagneuses, se reposent sur les surfaces liquides et terraforment la planète.  

Cette violence cataclysmique aux proportions bibliques, ce chaos indescriptible accompagne les derniers souffles de l'humanité. En quelques instants, plusieurs milliards d'êtres humains sont emportés, écrasés dans leur sommeil par leur toit ou les disques alien. Le monde entier est confronté à une horreur sans nom. Et s'effondre. Littéralement.  

Puis c'est un grand silence : les disques recouvrent à présent 100% de la planète, posés comme un dallage uniformément noir.  

Il est 08h30-heure du Maine.  

Quelques instants plus tard, d'étranges créatures sortent à la surface. Ces créatures n'ont rien de commun avec nous, elles ne sont même pas humanoïdes. Les premiers individus se massent autour d'un instrument analysant l'atmosphère. Le soleil et la composition chimique semblent convenir : il vont pouvoir prévenir les autres - leur race vient de trouver un nouvel havre pour se développer.  

Raymond Crow avait eu le réflexe d'un héros : il s'était précipité dans le deli avant que son toit ne tombe et sa structure s'effondre - il s'était enfermé dans la cave. Il était à présent seul dans le noir. Au-dessus, plus rien ne bougeait - les restaurateurs eux-mêmes l'avaient vu débouler dans leur établissement, complètement hébétés par ce qu'ils observaient.  

En tâtonnant, il se confirma à lui-même qu'il était bien dans la réserve. Merrysburg avait été édifiée sur d'anciennes mines, le sol était un gruyère : tout le monde avait au moins une pièce souterraine comme celle-ci. Il ignorait combien de personnes avaient eu un réflexe comme le sien. Il ne tarderait pas à le découvrir.  

Il re-tenta d'allumer sa lampe de poche. Avec succès cette fois mais les piles avaient perdu 75% de leur puissance.  

Qu'est-ce qui s'était passé ? Sa survie était - temporairement - assurée et l'air ne semblait pas se raréfier pour le moment. Il pouvait se poser quelques instants. Qu'est-ce qui s'était passé et qu'étaient devenus les siens ? Sa femme ? Sa famille ? Tous les autres ? Est-ce que cela avait touché d'autres régions - est-ce que c'était une attaque globale ? Est-ce qu'ils étaient fichus ? Et si le ciel leur était tombé dessus…  

… est-ce qu'ils pouvaient répliquer ?  

(Script original)