Des centaines de corps pendus par les pieds - décapités.  

Au sol, des corps d'enfants nus, sans tête eux aussi, qui gesticulent comme des poupées et marchent dans une mare de sang.  

Des murs qui suintent un liquide pourpre et graisseux.  

Laura Smith (Jewel Couscous) vient une nouvelle fois de se réveiller en sursaut, hurlant la mort qui la guette.  

Encore ces cauchemars depuis qu'ils sont venus vivre ici, dans la maison de leur grand-mère. Un endroit qu'ils fréquentaient innocemment il y a 15 ans et qui est devenu pour elle symbole de terreur.  

Son frère Jan (Sonny Landers) vient de rentrer dans la petite chambre, batte de base-ball à la main - prêt à en découdre avec ceux qui font du mal à Laura. Depuis le décès accidentel de leurs parents dans un crash d'avion entre Londres et New-York, il la couve, s'inquiète constamment de son bien-être. Tous deux ont du abandonner la fac pour déménager ici, au coeur de l'Arkansas, vivant du loyer des champs alentours loués aux paysans du coin. Le premier village est à 5 bornes, ils ont un véhicule pour deux et le téléphone fonctionne quand il veut. Jan, d'une constitution chétive et déjà mal dans sa peau avant le drame, a reporté son angoisse sur sa soeur. Comme si leur nouvelle vie était déjà de tout repos.  

Mais les cauchemars, c'est nouveau. Laura va finir sa nuit dans le lit de Jan, ce dernier veillera sur elle jusqu'à l'aube. Ambiance…  

Le lendemain, elle trouve son frère assoupi sur sa chaise, la batte toujours serrée entre les cuisses. Elle prépare le petit déjeuner, attend son réveil et part faire quelques courses.  

Le village de St Patrick est principalement constitué de familles paysannes et du cru depuis plusieurs générations mais Jan et Laura ont été très bien accueillis : leurs grands-parents, disent-ils, étaient des gens de bien qui faisaient énormément pour la communauté. Laura sourit timidement à la mercière et au boucher : ils auront du mal à être à la hauteur de la réputation familiale.  

Cet après-midi, pour la troisième fois depuis qu'ils sont arrivés, ils vont à nouveau fouiller la maison de fond en comble : ils ont changé toutes les ampoules, réparé - avec l'aide de leur voisin le plus proche - l'installation électrique : il n'y a pas de chausse-trappe, de pièces cachées, de souterrains secrets, de rats dans les murs, de mauvaises canalisations ou de cadavres dans les placards : cette maison qu'ils connaissent si bien - pourquoi les angoisse-t'elle de la sorte ? Jan tient à la santé mentale de sa soeur ; il a décidé qu'avant la fin de l'année prochaine, ils l'auraient vendue au plus offrant - elle est dans un bon état, il y a probablement pas mal d'argent à se faire avec les champs alentours.  

Laura se rend compte qu'enfants, ils ne percevaient pas la sourde angoisse des murs, l'oppression qui guette des tableaux… Malgré leurs efforts, il ne réussissent pas à réchauffer les pièces.  

Avant d'aller se coucher, ils prennent le temps de décrocher les sinistres portraits familiaux peints du couloir et des chambres : déjà ça de plus pour le moral.  

Elle s'endort la peur au ventre, obsédée par les ombres qui les entourent - quel est le secret de cette maison ?  

Ca ne manque pas : Laura cauchemarde à nouveau : cette fois, elle court dans les champs, en plein hiver, en panique et poursuivie par Dieu sait qui - tombe sur elle une cendre rouge et noire. Au loin, la maison apparaît comme l'ultime havre de paix mais plus elle s'en rapproche et plus ses pas sont lourds. Elle comprend qu'à chaque nouvelle foulée, elle s'enfonce un peu plus dans une terre humide spongieuse et gorgée d'eau. La masse informe semble alors prendre vie et lui parler. Elle ne comprend pas, assourdie par la terreur et le son qui s'élève…  

Sur le perron de la maison, elle voit Jan qui lui fait signe, la suppliant de se rapprocher. Ses vêtements sont en sang. Il est blessé et tient une hache ensanglantée.  

Le lendemain, ils en parlent. Jan avait réfléchi pendant la nuit, ne pouvant trouver le sommeil :  

"- De quoi est morte grand-mère, rappelles-moi ?  

- Crise cardiaque. A 87 ans, faut pas trop s'étonner. Il paraît qu'elle était en train de monter les escaliers et le coeur a lâché."  

Le décès avait été constaté sur les lieux-mêmes. Le coroner n'avait pas cru utile de procéder à un examen plus approfondi et Mme Smith avait été enterrée auprès des restes de son mari, dans le grand jardin de la résidence.  

Laura pensait savoir où son frère voulait en venir : ils n'avaient plus jamais revu leur "mami" à partir de la disparition de son mari quelques années aupavarant, Jan devait penser à un quelconque phénomène paranormal, un "fantôme" qui venait les troubler.  

Pourtant, ces images, elle ne les avait jamais vues ailleurs que dans ses cauchemars : elle n'était guère fana de films fantastiques ou d'horreur et la littérature de genre l'indisposait. Les histoires de morts-vivants, ce n'était pas pour elle. Comment son cerveau avait-il pu envisager de telles horreurs alors même qu'elle n'avait aucune imagination à ce sujet ? Est-ce que tout simplement, le problème ne venait pas d'elle - comme une sorte de psychose paranoïaque refoulée ?  

Ce matin-là, Laura Smith devait s'absenter afin d'aller interroger le shérif du coin au sujet du décès de ses grands-parents - ensuite elle irait voir la presse locale au sujet de l'histoire familiale (leur mère n'avait guère été loquace à ce sujet - ni les archives retrouvées dans le grenier) : elle n'était pas folle, plutôt pragmatique et les pieds sur terre, ses visions avaient forcément à voir avec le lieu.  

Jan avait un autre plan en tête sur son planning. Armé d'un matériel de jardinage trouvé dans la remise, il avait décidé de vérifier l'effective présence du corps de feu sa mère-grand dans sa tombe. Son regard luisait d'une détermination enflammée : personne ne ferait de mal à sa soeur - il faudrait lui passer sur le corps.  

La pluie commençait à tomber au moment où il dégageait les premières pelletées.  

(Script original)