Avez-vous déjà vécu un "coup de coeur" ? Oh, je ne vous parle pas d'un "coup de coeur" culturel, d'un béguin pour une idole des jeunes ou un ouvrage littéraire, non. Je vous parle de ce coup de coeur tellement fort, qui ébranle tellement l'âme et le corps qu'on y survit pas. Pas toujours du moins.

Un "coup de coeur" se distingue du "coup de foudre" par le fait que celui-ci est immanquablement partagé avec l'être aimé... là où le "coup de foudre" est parfois bien cruel pour celui qui en est la victime ("- Casse-toi blaireau ! - Mais Sophie, je vous aiiiiime !").
Bref, CE coup de coeur (celui dont il sera question ici) a ceci d'extraordinaire qu'il réconcilie les âmes et les corps. Son unique problème - et de taille - est qu'il oblige un des deux amants à mourir d'amour.
Littéralement.
Sur le carreau.

Prenez l'australien Gordon Whisler (Alex Mirren) par exemple : divorcé, bonne situation, une santé de fer. Et bien le jour où il croise sa route avec celle d'Amelia (Julia Hartnett), c'en est terminé, fini, out.
Il tombe donc raide dingue d'elle, et elle de lui. Leur bonheur est pourtant de courte durée car, transporté par une vague de bonheur chabadabada inédite pour lui, Gordy (comme l'appellent ses collègues de bureau) décède brutalement d'un arrêt (du coeur). Pas de faiblesse particulière au niveau du muscle mais pas l'habitude d'autant de bons sentiments d'un seul coup. Et paf! c'en est fini.

Mais un tel amour, c'est bien connu, dépasse les frontières du réel. Amelia ne veut pas croire en la disparition de son bel amour. Férue d'occulte, elle convoque à sa table une vieille connaissance du college, Miranda Calberson (Morena Reyes), ex-gothique reconvertie dans la voyance...
Miranda, bien sûr, est une arnaqueuse. Mais ce qu'elle ignore d'elle-même, c'est qu'elle dispose bien du pouvoir de ramener les âmes sur terre.
Quand, lors d'une coûteuse cérémonie folklorique et soit-disant transcendale, elle invoque le disparu...

Oui, d'ailleurs : Gordon... Qu'est-il devenu ?
On le retrouve dans un grand couloir blanc, avec un numéro d'attente à 8 chiffres et pas mal de monde devant lui... Pas le temps de s'habituer à sa nouvelle condition ("Mais qu'est-ce-que je fous là ?!!?"), qu'un être ailé le sort du rang (sous les protestations de la foule) pour lui signifier son renvoi "en quarantaine".

... voilà qu'il se met à parler dans le corps de Miranda.
Alors que les deux tourtereaux fêtent leur bonheur retrouvé (Amelia voit Gordon sous son ancien aspect tandis que le reste du monde continue à voir Miranda), voilà que l'ex-"même-pas-veuve" se voit honteusement draguée par le frère détesté de Gordon, Lucius (Lawrence Martinez). Ce dernier, persuadé qu'Amelia a viré gay depuis le décès de son frère, a décidé de la (re)mettre "dans le droit chemin" (et surtout dans son lit).

Miranda, elle, est arrivée dans un grand hall. Ne serait la musique d'ascenseur et la peinture uniformément blanche, elle jurerait se trouver dans une gare. Et en fait, c'est à peu près ça : l'endroit est peuplé de gothiques ou new-agers complètement hagards qui aimeraient bien connaître la raison de leur présence ici. Quand elle croise la route d'un employé de l'endroit (avec des petites ailes) qui se fait appeler Freon (Barclay Martinez)...

(Script original - merci à Bernard Werber)