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MMP présente
La Ruche

Germain Kieffer (Manfred Ribic), 65 ans, est apiculteur à Romains-Sainte-Marie, petite bourgade en première ligne du combat contre les pesticides. Mais la commune est divisée en deux : d'un côté on trouve les tenants de l'agriculture moderne, dont le fils de Germain, Guillaume (Charles Lathan) jeune Directeur technique du laboratoire Alluni SA, première entreprise d'un bassin d'emploi par ailleurs tiraillé entre l'installation des 'rurbains' et l'exode rural des familles 'autochtones'. Guillaume est également au conseil municipal, ce qui lui donne un poids public supplémentaire.  

 

Germain n'en a cure : il se bat, lui et ses collègues, pour éviter que ses ruches ne soient intoxiquées par les saloperies déversées sur les champs attenants, propriétés d'Alluni. Sa coopérative a fait appel aux médias et le journal de 13h d'une grande chaîne TV a déjà traité de ce "pittoresque conflit" au coeur du Centre (le pot de fer contre le pot de terre, ça fait toujours de l'audience). Pittoresque - bien un terme de parigot, ça !!  

 

Entre Germain, veuf bougon et son fils Guillaume, jeune loup aux dents longues, c'est donc le froid polaire. La fiancée du second, Julie (Nadia Lai) elle-même biologiste chez Alluni, a bien tenté de concilier les parties - en vain. Elle se désespère de la situation.  

 

Un soir en fin de journée, Guillaume donne une autorisation d'épandage d'un nouveau composé chimique sur une petite partie de leurs champs. Il ne note même pas que son père a des terrains non loin de là. Et d'ailleurs l'aurait-il remarqué qu'aussitôt, un de ses collaborateurs aurait argué de l'innocuité du produit sur les organismes vivants, humains ou hyménoptères : le composé est un prototype destiné à améliorer la pousse - les tests en laboratoire ont été concluants, reste maintenant à tester la molécule in situ.  

 

Le lendemain, le composé est répandu par un petit avion de la compagnie. Germain le voit tourner autour des champs alors qu'il fait son inspection, bien protégé des piqûres. "Sale bête…" gromelle-t'il dans sa moustache fournie à l'attention de l'engin volant ; il est à deux doigts d'aller chercher son tromblon. Il se ravise : les autres seraient trop heureux de lui envoyer la maréchaussée. Mais ils vont voir : il leur prépare une manifestation aux petits oignons, lui et ses amis agriculteurs bio. S'il pouvait bouger les écolos du coin aussi, ce serait pas mal.  

 

C'est alors que le vent se lève. Quelques rafales brusques suffisent à disperser une petite partie du composé ailleurs que sur son objectif premier. A quelques dizaines de mètres de là, Germain ne se rend compte de rien. Le produit s'infiltre pourtant dans sa combinaison. Il retourne chez lui après avoir fait ses prélèvements.  

Dans l'après-midi, il ne se sent pas très bien. Une mauvaise fièvre. Il se repose et se fait surprendre par la fatigue et le sommeil. Il ne se relève du fauteuil du salon qu'en fin de journée : il a raté et perdu sa journée.  

 

Jurant comme un beau diable, il passe quelques coups de fil et remet sa combinaison.  

Dehors, le crépuscule colore la nature d'étranges nuances complexes, assez inédites vu le Printemps actuel. Il se dit que si feue- sa douce Marguerite voyait ça, elle ne pourrait s'empêcher de trouver le lieu "paisible et beau". Mais la "beauté", c'est pas un truc pour Germain : lui, c'est la terre qui compte - et ses bienfaits. Les abeilles par exemple, ça c'est sa vie.  

 

En arrivant aux ruches, il trouve leur population particulièrement énervée. Inquiet, il se dirige directement vers le nid de la reine.  

Et là, ce qu'il voit le dépasse complètement : au coeur de l'essaim, une jeune femme à la taille d'une guêpe (Rumiko Golan) reçoit goulûment du miel de ses paires. Il se rapproche d'elle.  

"- Nom de Dieu, je dois halluciner..."  

Les abeilles elles-mêmes étaient différentes : plus vigoureuses, et étrangement peinturlurées. Les ouvrières lui semblaient plus grandes et les abeilles-soldats étrangement carapacées. Ah, c'est certain, avec une telle armada, le Frelon Chinois pouvait bien venir les emmerder, elles lui botteraient les fesses aussi sec. Germain se mit à rigoler comme un demeuré au milieu des ruches tandis que les insectes se lançaient dans un étrange bal.  

 

La Reine, comme les autres, avait pris son envol et parlait désormais directement à l'esprit du brave homme.  

"- N'aie crainte, Germain Kieffer je suis Illyogoulzyne, Reine des Abeilles de Romains-Sainte-Marie et je suis venue te protéger…"  

Le rire se transforma en démence et Germain se mit à danser avec ses insectes : il les aimait, ils étaient le message de la Terre qu'il avait toujours inconsciemment attendu. L'homme sans imagination ni fantaisie avait toujours réfuté toute idée farfelue et voila que le farfelu s'invitait en lui. Il aimait ses hyménoptères comme il aimait cette Illyogoulzyne - elle était la compagne idéale pour continuer de vivre.  

 

"- Monsieur Kieffer, vous êtes là ? Y'a quelqu'un ?"  

Julie était passée voir son beau-père. Elle souhaitait garder de bonnes relations familiales. Si Guillaume et elle avaient un jour des enfants, elle ne voulait surtout pas les priver de leur papy. Elle avait toqué à la porte. Pas de réponse non plus avec la sonnette : peut-être était-il en culture ? Elle fit le tour de la maison et le trouva à l'arrière.  

 

Il n'était pas seul : pas seul dans sa tête s'entend. Il chantait à tue-tête et dansait un étrange ballet avec lui-même, tenant les mains d'une cavalière invisible, le sourire aux lèvres. Elle ne l'avait jamais vu aussi gai, aussi heureux, aussi épanoui - et ne le savait pas si bon danseur ! Si elle ne l'avait pas connu plus tôt, elle aurait juré que le vieil agriculteur était sous acide ou avait avalé le cachet de trop. Il dansait avec l'invisible et l'invisible dansait avec lui. Elle hésita un instant avant de décrocher son portable. Il lui donnait l'impression de vivre un moment d'une harmonie rare et elle s'en voulait de gâcher ça… mais ce n'était définitivement pas normal.  

 

Dans sa tête, Germain Kieffer valsait avec Illyogoulzyne, devenue femme à sa taille et superbement vêtue d'un prestigieux apparat. Autour d'eux virevoltait l'essaim qui bourdonnait une étrange mélodie venue du ciel.  

 

(Script original)

Scénario : (2 commentaires)
une série B sentimentale (Conte) de Juliette Strawberry

Manfred Ribic

Rumiko Golan

Charles Lathan

Nadia Lai
Musique par Jeanne Harrison
Sorti le 27 juin 2020 (Semaine 808)
Entrées : 12 529 768
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