Planète Zuggi, dans le Système de Calder - date indéterminée.  

Carlin (Charles Lathan) vient de se réveiller complètement à poil sur le sol carrelé des toilettes. Il ne se souvient plus…  

Des clous, il se souvient parfaitement, oui : lui, modeste commercial de la Compagnie Xyabing s'est fait violemment détrousser par d'horribles gangsters, il faut, il faut…  

Il se regarde dans la glace. Il faut qu'il retrouve ses vêtements. Et sa mallette.  

Ses vêtements d'abord. Carlin est d'une race humanoïde semblable aux humains, les Menems, - autant dire particulièrement fragile aux atmosphères un peu exotiques… Et son costard-trois-pièces ne lui sert pas qu'à parader : il dispose aussi d'un dispositif de survie sans quoi sa peau finira par desquamer dans 90 minutes - le reste suivant peu après. Zuggi ressemble beaucoup à la Terre (le mètre-étalon de la planète cool) mais son atmosphère extérieure est irrespirable pour les siens.  

Il restera donc ici, dans cette galerie marchande, la plus gigantesque de la planète… Les Zuggiens ont découvert les joies de la consommation et pour quelqu'un comme lui, ça n'a pas de prix.  

Ensuite, sa mallette - surtout la mallette. Il n'est pas à ça prêt, mais ça le fait quand même prodigieusement chier qu'une bande de traine-lattes puisse revendre une des merveilles de sa compagnie. L'attaché-case dispose d'un code ADN d'ouverture : soient ils galèrent mais la gardent, pensant qu'il y a des choses de valeur - soit ils la jettent dans la première poubelle.  

En fait, ça vaudrait peut-être mieux pour eux : Carlin connait bien cette planète, ses querelles inter-ethniques ; il était vendeur d'armes avant les grands traités de paix.  

Il n'a pas arrêté de vendre de la mort en fait : il devait rencontrer cet aprem' un important importateur - un ancien général d'une quelconque armée, reconverti dans la bonne économie, un homme qui a compris le besoin de ses concitoyens de se protéger. Qu'importe que l'animal fut génocideur, Carlin est un professionnel qui ne regarde pas la couleur politique - ni la provenance de l'argent.  

Alors c'est vrai, ceux qui lui ont dérobé son bien ignorent comment faire fonctionner cette nouvelle arme… mais ce prototype est tellement instable qu'il suffit d'un rien...  

Sa mallette donc, dispose d'un traceur… Mais relié à ses fringues.  

Il se regarde dans la glace : il est salement amoché, en plus d'être nu - le Service des Bonnes Moeurs va lui tomber dessus et on dit que son responsable, un certain Dree (Trey Curtis Vence), pacifiste scarifié, a une dent contre les petits malins comme lui.  

Plusieurs dizaines de races cohabitent ici en paix mais il doute que quelqu'un dispose d'un dispositif de survie pour lui sans le faire payer au prix fort. Carlin aimerait bien partir de Zuggi avec tous ses reins ou ses yeux...  

"Alors ?"  

Au centre de la suite 12-87 du Snoop-Leiter Resort, Amandine 6 (Bianca Clinton) est en train de passer la mallette du Menem aux rayons X. Derrière elle, ses hommes de main qui ont fait un sort au bonhomme et en discutent en se marrant : sans ses vêtements, il devrait être mort à l'heure qu'il est.  

Amandine est un androïde-tueur métamorphe, un chasseur de primes qui peut prendre n'importe quelle forme (ces temps-ci, elle a adopté le look "cuir Matrix" qui ne se démode pas dans les films de série B) : elle n'allait pas se salir les mains avec cette piétaille. Le porte-documents pose, lui, un problème inattendu.  

Devant elle, sa cliente Calista De Vore (Mandy Faltermeyer) commence à s'impatienter sur un siège art-déco. De Vore est une politicienne qui a été dans l'ombre des récents accords de paix qui ont rendu à la planète sa tranquillité. Elle sait que dans cette affaire, elle trempe dans une combine louche avec laquelle elle pourrait tout gagner… ou perdre.  

"- ALORS ?  

- Impossible d'ouvrir le contenant sans détruire le contenu, le Menem est un commerçant méfiant."  

Il faut retrouver le gars avant qu'il ne se soit transformé en copeaux. Sinon, tout sera perdu : le contenu, le mec - et le contrat.  

Amandine n'est pas à la rue mais la Paix a fait du mal à son gagne-pain. Autant récupérer le gars. Vite.  

La nervosité se lit dans les mains de De Vore qui tapotent de plus en plus fort sur son siège - le Général doit bientôt l'appeler : que lui dira-t'elle ?  

(Script original, adaptation du jeu-vidéo éponyme de Bulldog / Mastertronic (1987))  

Plus d'infos sur ce jeu hautement improbable : http://en.wikipedia.org/wiki/Streaker_(video_game)