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Out Of Town

Slimane sort de classe, c'est son dernier jour dans cet établissement - l'année prochaine, sa mère le fait bosser même s'il est loin d'avoir terminé sa scolarité. Dans cette banlieue Est de Cape Robertstown (Sud de l'Australie), en cette fin juin caniculaire, son premier réflexe pourrait être de rentrer chez lui apprécier les beaux jours et les vacances.  

 

Non. Slimane part immédiatement à la recherche de sa dose de meth, une drogue (méthamphétamine) ravageuse qui provoque chez sa victime une sensation de bien-être et de communion durant quelques trop courts instants - et une accoutumance dès sa première prise.  

 

Slimane a 16 ans, il se shoote depuis que la meth est arrivée dans la cour de récré, des USA dans un premier temps puis du Japon et de Malaisie.  

"Mais faut faire gaffe" précise l'adolescent "on trouve de la merde dans la rue. Moi, le gars qui me la vend, je le connais bien." Une question de confiance : Slimane est accro depuis ses 12 ans. Il a perdu 15 kilos. Son premier dealer avait 14 ans.  

Une fois son "fix" dans la poche, il reviendra chez lui. Sa mère ne sera toujours pas rentrée du boulot (il n'y a pas de père). Il ira planer dans sa chambre et peut-être mettre à jour son profil Facebook ou se masturber devant un porno en ligne avant d'appeler ses potes pour une virée nocturne.  

 

Glenn est l'inverse de Slimane. Il a des parents attentifs à ses moindres faits et gestes. A 17 ans, il a pourtant tenté de mettre fin à ses jours - deux fois. Devant la caméra, il évoque à demi-mots des gestes déplacés de son grand-père quand il était tout petit. Ou peut-être qu'il les a rêvés, inventés pour se faire remarquer, il ne sait plus. Bon élève en classe - et même en avance sur son âge -, il est pourtant confus dès qu'il sort du cadre de l'école. Cela fait 5 ans qu'il est en analyse. Le médecin lui prescrit des cachets pour qu'il trouve le sommeil. Si Slimane aura du mal à trouver du travail, le parcours de Glenn a déjà été tracé par ses parents.  

 

"- Il ira à l'Université, aux USA ou à Shanghaï." Son père - manager dans l'import-export - est catégorique. La mère se tait, soumise et renfermée, le regard nimbé d'une aura de culpabilité.  

 

Ravi est arrivé du Bangladesh il y a cinq ans, à l'âge de 12 ans. Son géniteur, ingénieur, connait bien les parents de Glenn (ils travaillent dans la même entreprise) et de Slimane (ils vivent à deux pas). Ravi ne parlait pas un mot d'anglais à son arrivée - aujourd'hui, il est bilingue. Mais le regard des autres n'a pas changé et l'eldorado promis s'est rapidement mué en une sorte de purgatoire paranoïaque pour lui et ses 8 frères et soeurs : sont-ils victimes de racisme et de discrimination ou victimisés ? L'Australie désirait les compétences et l'expérience de l'ingénieur mais le reste de la famille est constamment menacé d'expulsion. Difficile de vivre l'esprit tranquille.  

 

La mère - commerçante dans le textile - a pourtant repris le fond de commerce d'une ancienne couturière. Elle tient désormais une des dernières drogueries indépendantes de Cape Robertstown. Le père rentre peu de la capitale. Pour le moment, ils n'ont pas de problème d'argent, mais le temps viendra d'envoyer les enfants à la Fac… A moins qu'ils n'abandonnent leurs études et travaillent avec elle ou déménagent.  

 

Ravi, lui, veut continuer à s'instruire. C'est vrai que leur école craint - mais son dossier sera transmis à plusieurs universités dans deux ans. D'ici là, avec un peu de discrimination (positive), il aurait peut-être sa chance. Il regrettera que son copain Slimane ne l'accompagne pas et Ravi se rend compte qu'il est paradoxalement beaucoup plus privilégié que certains ici.  

 

Nolween est "l'ex" de Glenn. A 16 ans, elle a failli lâcher prise après que ce dernier l'ait larguée après l'avoir dépucelée. Ses parents ont demandé son transfert de l'école - elle ne pouvait plus supporter la réputation de catin que son premier "vrai" amour lui avait faite dans son dos. Glenn était sympa, gentil, romantique. Mais il s'est passé quelque chose… Comme si leur relation avait déclenché tout un processus complexe dans la tête de son copain. Comme si elle avait ouvert une Boîte de Pandore.  

 

Souillée, blessée dans son orgueil, elle a trouvé le salut dans le sport : devenue championne de natation du Comté, elle reste pourtant fragilisée et n'arrive plus à tenir tête à ses parents "Ils me mettent trop de pression". Dans la piscine, elle se sent mieux, complètement libérée. Les événements l'ont peut-être fait mûrir. Trop vite. Elle est résolue à garder la tête au-dessus du niveau de l'eau. Pour le moment.  

 

Ses parents déclarent : "Pour l'histoire avec Glenn, on a voulu porter plainte. On nous a juste fait comprendre que ça prendrait du temps. Et puis vous savez, dans cette ville, les choses se savent très vite..." Ils sont désolés de n'avoir pu protéger leur "bébé" de tout ça, voient les enfants grandir trop vite, se sentent dépassés.  

 

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Le parcours désespéré de quatre jeunes banlieusards australiens entre errances, espoirs, solitudes et fausses fraternités, drogues dures et mal de vivre. Ce n'est pas Requiem for a Dream (une stylisation cauchemardesque, mais stylisation tout de même) : May Elbez filme caméra à l'épaule avec son équipe, suit les dérives de Slimane, Glenn, Ravi et Nolween.  

 

(Script original)

Scénario :
une série B documentaire (Larry Clark was here) de May Elbez

Chris Henriksen

May Elbez

Herbert Flanagan

Jewel Couscous
Musique par Enya Kanno
Sorti le 11 octobre 2019 (Semaine 771)
Entrées : 10 681 865
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