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MMP présente
Dead Blood

2021  

 

L'homme gisait sur le sol carrelé des toilettes de la boite de nuit de Regent Street. Le pantalon baissé, il avait du faire des galipettes en charmante compagnie ; ses dernières. La Scientifique auscultait le cadavre avec autant de professionnalisme que de curiosité et le flash du légiste crépitait autour de lui : c'était bien la première fois qu'il voyait chose pareille et la minute de célébrité de feu-Norman Hopgood, employé de banque de 21 ans qui pensait avec sa queue.  

 

Le beau gosse avait claqué au moment de sa jouissance. Un "climax fatal" qui aurait presque pu être le titre d'un mauvais film de série Z se déroulant dans les bas-fonds de la société londonienne. Mais là, c'était Regent Street, le Columbus un club huppé au sein duquel la cocaïne s'envoyait par gramme dans les narines. Un milieu que la plupart des inspecteurs présents avaient l'habitude de fréquenter. Mais sûrement pas dans ce cadre-là.  

 

Surtout Cal Chill (Charles Lathan), un type qui avait toujours un peu détonné dans le service, une sorte de Fox Mulder de 28 ans qui éduquait seul Rose (Lisa Gould), la gosse qu'il avait eue à 18 et pour laquelle il avait obtenu la garde. Cal avait conclu, avec le légiste présent, que le gars souffrait d'anémie.  

 

Problème : le dossier médical du zig qui venait d'être téléchargé sur le portable n'en disait rien, on ne lui connaissait aucun antécédent et l'absence totale de fer dans le sang était anormale à ce stade du décès. Et les "crises subites d'anémie", ça n'existait pas.  

Sauf que pour Cal Chill, il n'y avait pas de hasard. Ce n'était pas l'anémie qui avait envoyé Norman rejoindre St Queutard mais le coït. Son corps anémié n'avait juste pas supporté ça.  

Et la nature ayant horreur du vide, si Mr Hopgood avait perdu son fer et son sperme, à qui ses précieuses ressources avaient-elles profité ?  

 

Croydon, à quelques dizaines de kilomètres de là.  

 

Rhonda Vienna (Demetra Legrand) prenait un bain. Derrière la porte de la salle d'eau, sa mère Wanda chantait (hurlait serait plus approprié) encore ses cantiques. Rhonda était perplexe sur le sens à donner à sa vie, sur son job et surtout ses missions mensuelles...  

 

"Tu es née pour punir les vicieux et les monstres du sexe" lui avait dit sa mère à l'âge de 12 ans. Ses premières règles avaient été un traumatisme dans cette famille bigote venue du Canada qui considérait la moindre bagatelle comme pêché capital.  

 

Sa génitrice, désormais âgée d'une cinquantaine d'années, était toujours restée prostrée chez elle, souffrant d'une anémie congénitale au moment des périodes. Elle avait pris cela pour l'oeuvre de Dieu et reporté sa foi sur sa fille dès l'adolescence. Pour y survivre, Rhonda avait fait le choix "d'aller chercher le fer" où il se trouvait. Devenue prostituée à 14 ans sur les conseils parentaux, la relation mère / fille avait alors évolué en une sorte d'adoration de sa personne - Wanda considérant désormais sa fille unique comme l'instrument de Dieu venu ici-bas punir la luxure.  

Et la luxure, ce n'était pas ce qui manquait dans le coin.  

 

Scotland Yard.  

 

Feu-Norman Hopgood n'avait pas perdu une goutte d'hémoglobine mais tout le fer contenu en elle. Cal Chill n'en revenait pas : d'habitude, les anémies sévères révèlaient un % réduit - mais pas inexistant. C'était comme si ce gars n'en avait jamais eu !  

Il était seul à parcourir le dossier devant le cadavre recouvert de la Morgue du Yard : si le gars n'était pas mort aujourd'hui, il n'aurait pas tardé à développer des hémorragies intra-viscérales ou un cancer intestinal… Tous des signes de carence.  

 

Le plus effrayant néanmoins était ce qu'un des assistant-légistes lui avait soufflé : ce n'était pas le premier cas. Des SDF avaient été retrouvés dans la Tamise ou derrière des poubelles. Mêmes causes, mêmes effets. On avait jamais réclamé les corps. Ces affaires relevaient presque de la légende urbaine que la rue bruissait et la hiérarchie ne voulait pas "en entendre parler". Chill lui-même en avait vaguement entendu parler mais n'en avait jamais fait grand cas. Jusqu'à maintenant.  

 

A lui, on avait pu souffler l'info : de toute façon Cal Chill avait une réputation d'extra-terrestre ici, justifiée principalement par son goût du bizarre, le fait qu'il élevait sa gosse en solo, et le hasard qui avait voulu qu'il résolve une paire d'affaires complètement absurdes il y a quelques années.  

 

Revenu dans son bureau, il trouva Cork (Emo Bill) en train de dresser la carte des disparitions de SDF. Cork était stagiaire ici mais il avait l'esprit vif et l'oeil mauvais : on avait toujours l'impression qu'il oscillait entre deux camps, tantôt fasciné par les tueurs en série, tantôt en admiration devant la logique et l'exercice intellectuel de la résolution d'une enquête. Ce gars ne passerait jamais les batteries de tests psys pour rentrer dans la Police.  

Comme le gamin faisait flipper ses collègues, Cal en avait "naturellement" hérité. De même, cette affaire étant un poil trop originale, le dossier était sur son bureau.  

 

Cork avait épinglé la carte de Londres et ses environs sur un des murs sans fenêtre de l'étroit bureau. Une grosse centaine de têtes d'épingle qui témoignait de la disparition ou du décès d'êtres humains qui n'avaient jamais donné lieu à enquête, ni même signalement ou avis de recherche. Des ombres disparues. C'était effrayant. Et parmi ces têtes d'épingle, plusieurs dizaines de constatations légistes qui rattachaient ces cas au leur…  

 

D'ici à quelques jours, il aurait réuni assez d'informations effrayantes sur la méthodologie de l'assassin : une disparition inexpliquée tous les 21-25 jours, des corps totalement anémiés retrouvés (certains avaient fait l'amour, d'autres couru pour fuir, beaucoup étaient morts dans leur sommeil...), toujours un profil de victime inconnue des services de police (mais pas des services sociaux), des laissés pour compte, des drogués, des sidéens… Une dizaine de disparitions par an. Ils avaient remonté jusqu'en 2018 et en étaient déjà à 45 victimes supposées.  

Ils ne comprenaient pas. Pourquoi ? Comment ?  

 

Et surtout : le fait qu'elle (?) s'attaquait à présent à des citoyens "ordinaires" (avec une vie, un emploi et une carte d'identité) révélait qu'elle prenait de l'assurance. Elle-même était une ombre.  

Avec Cork, il se repassa les vidéos des caméras de surveillance de cette nuit-là au club. Le gamin piaffait.  

 

Croydon  

 

Rhonda Vienna surfait sur Internet. Du sang elle savait tout désormais mais semblait être la seule, avec sa mère, à jamais avoir contracté cette étrange forme de "maladie génétiquement orpheline". Aurait-elle eu un peu de culture supplémentaire qu'elle se serait attribuée le sobriquet de "mutante".  

Mais pour elle, le sang (celui des autres) était une question de survie : une malédiction, pour sa mère, l'oeuvre du Tout-puissant. Ce soir, elle se sentait bien, sa peau avait retrouvé un peu de couleurs.  

 

Wanda, elle, vivait avec la maladie sans jamais avoir essayé de se "nourrir" - mais elle le savait : toutes deux avaient ce 'pouvoir'.  

"TU NE TUERAS POINT !" répétait-elle enfermée dans son salon, volets clos et enfoncée dans son canapé duquel elle ne bougeait plus. Mais elle n'avait pas hésité un seul instant à l'envoyer tapiner dans la rue pour ramener du blé. Sale hypocrite.  

 

Un jour, il faudrait que cette folle paye pour tout le mal qu'elle lui avait fait. Pour le moment, elle consultait des tableaux statistiques : le sang des bébés était beaucoup plus riche en fer que celui des adultes.  

Elle avisa pour le mois prochain une maternité à une quarantaine de kilomètres de là. Pénétrer dans les hôpitaux était de plus en plus difficile avec toute cette télésurveillance mais elle avait un peu d'expérience en la matière : ses études d'infirmière (et les vols de poches de sang - quelle époque !) lui permettait de donner le change.  

 

Et si les bébés étaient inaccessibles, peut-être parviendrait-elle à prendre un enfant ? Elle savait que la faim reviendrait d'ici à 15 jours pour devenir douloureuse et aiguë une semaine plus tard. Il lui faudrait agir pour calmer la douleur et la haine du monde qu'elle portait en son bas-ventre.  

 

(Script original)

Scénario : (1 commentaire)
une série B d'horreur (Drame) de Howard Figgis

Charles Lathan

Lisa Gould

Emo Bill

Demetra Legrand
Musique par Klaus Bernard
Sorti le 17 juillet 2021 (Semaine 863)
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