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MMP présente
The Jerseyman

Port-d'Espagne, capitale de la République de Trinité-et-Tobago, 1973  

 

Dominic Jersey (David Reyes) sirote tranquillement le cocktail que son barman favori lui a préparé. Dans cette échoppe bien connue de la ville pour être un repaire de truands et mercenaires du quartier populaire, personne ne s'aviserait de chercher noise à un des rares non-créoles de l'assistance. Dans cette île qui vient de dépasser le million d'âmes cette année, "Domi" est ici chez lui. C'est un baroudeur, mais un baroudeur qui a toujours travaillé pour ses propres convictions, souvent au profit des petits face aux corrompus et aux multinationales. Dominic Jersey est recherché par cinq polices d'état mais reste intouchable.  

 

"- Bolo, remets-moi ça…  

- Tu bois trop patron." objecte le serveur qui vide son pichet de "jus" dans le verre de Dominic. Pour toute réponse, l'intéressé plonge la main dans son jean à la recherche de quelques dollars.  

"- C'est pour moi, patron."  

Dans cette atmosphère sombre, moite et enfumée, le business s'active. Principalement autour du cacao. L'île en est le 3ème producteur mondial, ça excite les convoitises de pas mal de compagnies occidentales. Dominic, du coin de l'oeil détaille les camps en présence : un petit joufflu représentant d'une grande marque suisse discute avec trois membres éminents de la junte (recherchés dans tout le pays bien sûr - on peut même être sûr que la police locale est au courant de leur présence ici, la corruption bloquant toute intervention à leur encontre) sans doute pour consolider un quelconque approvisionnement, il y a là un baron de la drogue (colombien ?) qui se fait ostensiblement remarquer avec un chef des milices locales.  

 

Et c'est vrai qu'il boit trop. Il pense parfois être plus lucide comme ça, mais il sait que la picole est un leurre ici - surtout sous une chaleur pareille. Le pays connaît des heurts inédits et quotidiens, la constitution change tous les deux jours au gré des mouvements d'humeur des politiques véreux en place. La police est débordée par les émeutiers, les miliciens font la loi et l'armée se terre dans les casernes. Ce n'est pas encore le chaos ni tout-à-fait l'anarchie mais on s'en rapproche.  

Et ça désespère Dominic : qu'est devenu son petit paradis ? Lui, arrivé aventurier ici pour oublier bien des douleurs de son passé...  

 

La porte s'ouvre, laissant passer un souffle chaud et un peu de lumière vite avalée par l'obscurité.  

C'est une donzelle (Brittani Fitch) en pantalon-justaucorps-veste et béret qui vient de faire une entrée remarquée. Elle est accompagnée de trois brutes garde-du-corps autochtones. Ils s'installent au fond du bar tandis qu'un des trois gus commande des boissons pour eux.  

"- Tu vas reprendre du service, patron…  

- Qu'est-ce que tu racontes Bolo ? Tu crois que cette fille… ?"  

Au même instant, le gorille resté au comptoir lui fait un signe du menton accompagné d'un geste du bras en direction de ses collègues.  

 

Dominic regarde autour de lui. C'est bien à lui qu'on s'adresse. Il descend du tabouret de bar déformé par ses fesses, le cocktail toujours à la main.  

Comment faisaient les barmen pour savoir ? Un des mystères de l'univers.  

 

Il se rapproche de l'étrange inconnue, se préparant à se faire rabrouer - mais c'est elle qui engage la conversation :  

"- Dominic Jersey je présume ?  

- Pas très causants vos bonhommes.  

- Mais efficaces.  

- Personne n'en doute." puis désignant le béret vert d'un mouvement du front "Légion étrangère ? Commando marine française ? Forces Spéciales américaines ?  

- Ne soyez pas ridicule Jersey, le seul américain toléré vivant ici, c'est vous.  

- Et les conseillers spéciaux du président..."  

La jeune femme se prénommait Aline Devereaux, des para-commandos belges - une force d'élite qu'on avait vue opérer au Congo et au Rwanda, et plus récemment dans un cadre humanitaire au Niger. La famine cognait dur là-bas d'après ce que Dominic en savait.  

 

Ce n'était sûrement pas pour de l'humanitaire qu'elle se pointait ici, dans ce coupe-gorge de l'ancien protectorat anglais. Le proche Venezuela était peut-être plus un problème. Alors qu'il terminait son verre, Devereaux avait posé sur la petite table en bois mal verni la photo d'un homme au regard halluciné.  

Dominic l'avait reconnu : Toni Dini (Adrien Hathaway), un ancien truand passé dans les Services Secrets israéliens puis rangé des voitures. Ils s'étaient connus en Jamaïque il y a 10 ans et avaient fait les quatre-cents coups.  

Et par "quatre-cents coups", on entendait trafics divers : opium, cigarettes, alcool de contrebande, voire animaux exotiques. 'Domi' n'était pas vraiment fier de cette période mais il était jeune, le monde recelait de tant d'opportunités... Il ne regrettait pas ce qu'il avait vécu, ça leur avait tanné le cuir à tous les deux.  

 

"- Dini…" Il marque une pause, sort son paquet de cigarettes "Que devient-il, le bougre ?" Puis il s'allume sa dernière tige.  

"- Commerce d'êtres humains. Très lucratif. Meurtrier." Jersey grimaça : la coke avait définitivement flingué le bon sens de son ex-"apprenti".  

"- En quoi ça me concerne ?"  

Evidemment que ça le concernait - il le savait : c'est lui, son mentor de l'époque, qui avait mis le nez de Dini dans la cocaïne, qui lui avait insufflé les joies des cocktails speed-demon acide/coke/marie-jeanne. Devereaux le savait probablement aussi. Elle ne cilla pas. Il leur fallait à tous les deux maintenir les apparences intactes. C'était à celui qui serait le plus blindé, le plus tatoué. Et il était très fort à ce petit jeu-là.  

 

Quelques heures plus tard, ils discutaient tous les deux nus et en sueur sous les draps du lit de la seule suite de l'hôtel, louée sur les deniers spéciaux de la Royauté Belge.  

L'heure était grave : non seulement Dini était un odieux trafiquant s'adonnant à la traite des blanches et au trafic d'organes, mais il s'était acoquiné avec une certaine Lucretia Willemina (Elizabeth Du Prez). Cette ancienne reine de beauté était devenue laborantine pseudo-scientifique à l'époque du 3ème Reich. Elle vivait à présent au coeur de la forêt colombienne au milieu d'une garde prétorienne de caribéennes déchainées, dans un camp nommé "Canary Bay"* situé au Sud de la région de Cordoba.  

Willemina prétendait avoir trouvé le secret de la jeunesse éternelle et en bénéficier. Elle recevait des financements occultes de nombreux pays européens, asiatiques, américains et arabes : tous ceux qui pouvaient payer avaient une raison d'engraisser la prétendue "Doctoresse SS". La première fois qu'il avait entendu ça, Dominic n'en avait pas cru ses oreilles.  

 

Mais le Roi Baudouin de Belgique ne l'entendait plus de cette oreille. Pour les besoins de ses expérimentations, Willemina faisait enlever des jeunes gens de tous âges à travers le monde par l'entremise de Dini. Arrivés en Colombie, elle leur retirait leur hypophyse** de manière non référencée dans les manuels de chirurgie et les laissait ensuite errer dans la forêt où ils rencontraient leur destin, souvent des hordes de sauvages cannibales (témoignages d'anciennes expérimentations ayant mal tourné) matés par les caribéennes.  

Pour Baudouin, il était essentiel de retrouver Trevor (Charles Lathan), un de ses cousins qui avait été kidnappé - par erreur disait-on - par les sbires de Dini.  

"- Nous pensons qu'il est encore aux mains de votre ami. Il faut le convaincre de le relâcher, que seul le hasard malheureux l'a mis sur sa route... et le ramener vivant… avec toutes ses facultés mentales bien sûr." Au pied du lit du côté de Dominic était posée une valise pleine de billets de banque américains. Il y avait là-dedans de quoi fomenter une révolution pour renverser un petit pays.  

 

Dini avait mal tourné et lui en était en partie responsable. Maintenant, l'histoire du neveu "favori" du Roi, de l'immortalité, des nazis au coeur de l'Amérique du Sud, de cannibales dégénérés, ça ne le passionnait pas plus que ça - mais ça ajoutait du sel à la mission. Dominic s'était en partie payé en nature mais son contrat oral avec Aline stipulait une coquette somme sur un compte bloqué en Suisse.  

Ce qui l'embêtait, c'est qu'elle l'accompagnerait là-dedans, elle et quelques-uns de ses comparses. Il n'avait pour seule consigne de ne se faire confiance qu'à lui-même, et ça lui avait "sauvé les miches" plus d'une fois. Il comptait bien ne pas se départir de ce principe de survie.  

 

* "heeeeeey, heyyyy !"  

** http://fr.wikipedia.org/wiki/Hypophyse  

 

(Script original)

Scénario : (3 commentaires)
une série A d'action (That 70's exploitation movie) de Loloestla

David Reyes

Brittani Fitch

Adrien Hathaway

Elizabeth Du Prez
Avec la participation exceptionnelle de Nicolas Hartnett, Charles Lathan
Musique par Jackson Calvet
Sorti le 01 août 2020 (Semaine 813)
Entrées : 25 672 728
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