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MMP présente
Cupidon, inc.

Quelque part dans pas longtemps...  

 

C'est la crise au Royaume des cupidons.  

 

Mais si, vous connaissez forcément les cupidons - vous savez, ces mignons petits angelots niais avec leur arc en bandoulière peints par le Génie de la Renaissance - pas celui qui reluquait les éphèbes, l'autre - comme porteurs de la Grâce, de l'Amour et du Hasard. Tout ce genre de choses ringardisées par le cynisme moderne : de petites créatures très humaines que l'on a pourtant du mal à assimiler de nos jours à l'incarnation du sentiment amoureux - et encore, on ne parle pas ici de beauté - sachant qu'aux derniers sondages, c'est plutôt Lacey de la Colonie qui déclencherait "le sentiment amoureux" chez le pékin moyen, mais foin de digressions…  

 

Les temps ont changé - un beau jour, les cupidons qui jusqu'alors décidaient des mariages et divorces ont du faire face à une bande de renégats nommés les Technodons (qui ne sont pas une énième famille de robots transformables), des qui pensaient aider les Humains à "aider le hasard" - d'ailleurs c'était la publicité de leur enseigne principale. De la technique mais point d'éthique : il fallait se faire du blé, nouvelle religion même au sein des voûtes célestes - à croire que ceux d'en-bas avaient déteint sur eux…  

 

Les Technodons, donc, avaient susurré aux oreilles de quelques investisseurs et capital-riskers en vue que soutenir des start-ups avides de faire raquer les gens pour en rencontrer d'autres n'était pas si mal. Certes, ça donnait un petit côté Meilleur des Mondes à notre société mais finalement, si les gens y trouvaient leur compte, pourquoi pas ?  

 

Ca ne faisait pas les affaires des cupidons - appelons-les "canal historique". Il est vrai que ce n'était pas la première fois que l'être Humain leur mettait des bâtons dans les roues : dans certaines civilisations, rencontres et mariages des plus jeunes étaient toujours arrangés, fruits de tractations économique et sociale.  

Mais là, ce qui embêtait le plus les "cupid's" était le fait que les sites de rencontres en ligne n'étaient finalement que le fruit de certains des leurs.  

Un jour, un de leurs sages avait avancé "N'ayons pas peur du 'ternet, les gens ne voudront jamais se rencontrer par écran interposé."  

Visiblement, le vieux s'était planté sur toute la ligne.  

 

Fabine* (Ada Kalmar) était responsable du secteur Europe chez Cupidon et co. On l'avait balancé(e) là avec pour mission de contrer l'influence grandissante des sites de rencontres en ligne, des chat pornos et autres chatroulettes qui effrayaient certes les parents mais ravissaient leurs marmots (de plus de 18 ans). Autant dire une mission impossible, nager à contre-courant, se battre contre des moulins à vent... Fabine savait qu'ielle ne pourrait jamais endiguer la crise des sentiments et de l'insécurité qui touchait le continent par ailleurs économiquement sinistré.  

Les gens ne voulaient plus de hasard, ils voulaient de la sécurité - et programmer leur vie privée comme un semainier professionnel.  

 

Prenez le jeune Patrick Ballaroux (Charles Lathan), 25 ans, les dents blanches, héritier de la saucisserie familiale : avait-il le temps de badiner pour trouver l'âme-soeur ? Non : boulot, boulot, boulot. Il était le prototype-même du gars qui avait craqué pour un abonnement sur les réseaux sociaux et des rencontres "par affinités". D'une beauté et d'une intelligence moyennes, Ballaroux ne se fatiguera pas à trouver une moitié. Pourquoi le ferait-il d'ailleurs puisque la technologie lui offre le moyen d'éviter de lourdes déconvenues ?  

Et pourtant malgré tout, Patrick est toujours seul.  

 

A l'autre bout de l'échelle, on trouvait une de ses employées, modeste femme de ménage dans l'usine de 400 employés : Amanda (Heather Barker) n'avait pas un physique de starlette et se plaisait parfois à rêver d'une vie meilleure… Elle n'avait jamais été heureuse avec un homme et sa vie sexuelle était misérable depuis qu'elle travaillait.  

 

Ces deux-là, se dit Fabine, étaient faits pour se rencontrer. Les cupidons, seuls détenteurs de l'Amour, seuls habilités à donner un sens à nos vies, devaient se donner des objectifs - même complètement surréalistes.  

"- Ca ne marchera jamais ; on ne voit ça qu'à Hollywood !" lui avait-on rétorqué. Le genre de la Comédie Sentimentale n'avait-il pas été soufflé par un des leurs ?  

Fabine n'en démordait pas : tandis que leurs concurrents minoritaires pompaient du fric à ceux d'en-bas, ne les rendant pas plus heureux mais sûrement dépendants, ielle s'assignerait cette mission : que Patrick et Amanda tombent dans les bras l'un de l'autre. C'était ça, le Vrai Hasard : dire merde aux conventions.  

 

C'était une mission - presque un sacerdoce histoire de donner l'exemple à ses troupes qui constituaient encore l'immense population cupidon. Ielle espérait que ce type d'électrochoc suffirait - sans trop y croire : "This is Spartaaaaa !" aurait-ielle pu ajouter, histoire de donner un caractère un peu plus épique au défi. Mais ielle s'abstint : ce n'était pas le genre de la maison.  

 

Du côté des Technodons, certains regrettaient d'avoir réveillé l'imagination humaine : bientôt, les logiciels seraient seuls à décider qui "maquer" avec qui, c'était effrayant - que deviendraient-ielles, eux ? Disparaître du souvenir des Hommes, c'était mourir à jamais...  

Parmi cette minorité de libre-penseurs chez les "Technos" figurait Cassandrea (Patrick Vrana) qui avançait qu'on était allés trop loin-trop vite. Cassandrea en pinçait aussi pour Fabine tout en sachant leur amour impossible : n'étaient-ielles pas tous frères/soeurs ?  

 

Un jour pourtant, on lui assène une mission brutale, sèche : Fabine s'est lancée dans une mission de propagande pro-hasard surnommée "l'impossible devient possible" (vrai slogan de pub pensa-t'ielle, tout en reconnaissant qu'eux-mêmes en abusaient) ; Cassandrea devra compromettre cette mission, la faire échouer pour prouver que seule la doctrice "Techno" avait un avenir.  

 

Du terrorisme amoureux : s'ielle avait pu vomir, Cassandrea l'aurait fait (mais c'est bien connu, les angelots ne vomissent ni ne pètent) tellement l'idée lae révulsait : ielle n'avait pas fait la Révolution, rejoint les rangs des modernes, pour se retrouver à poser des bombes dans le jeu amoureux - car malgré leurs différences sur la forme qui les opposaient, Techno et cupidons devaient se retrouver sur l'Amour, le partage…  

 

Et là, on lui demandait tout le contraire. Ielle accepta cette corvée de mauvaise grâce.  

En parcourant le dossier, Cassandrea jugea la mission que s'était assigné(e) Fabine pas si suicidaire, et même plutôt tactique, maligne. Ielle se doutait que son adversaire userait de tous les stratagèmes de persuasion, sixième sens, instinct de séduction, quiproquos et désordre sentimental pour rapprocher ces deux clichés vivants de la loose amoureuse. Il y aurait du travail pour saboter cette stratégie.  

Et s'ielle pouvait, en même temps, se rapprocher un peu de Fabine...  

 

* les cupidons n'étant ici ni mâle ni femelle, l'auteur s'est permis quelques rigolades avec l'orthographe.  

 

(Script original)

Scénario : (1 commentaire)
une série B sentimentale de Rafael Calvet

Charles Lathan

Ada Kalmar

Patrick Vrana

Heather Barker
Musique par Emmannuelle Donovan
Sorti le 03 avril 2021 (Semaine 848)
Entrées : 20 190 021
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