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Morcar Prod présente
Non coupable

Lorsqu'on sonna à la porte de sa maison, Edward Logan (Yvan Dressamaire) espéra qu'il s'agissait de sa fille. Sans nouvelles d'elle depuis plusieurs jours, il avait alerté la police de sa disparition, mais continuait d'espérer s'être inquiété pour rien. Epuisé par les longues nuits sans sommeil qu'il venait de passer seul, l'homme se leva de son fauteuil où il avait fini par s'écrouler, ses jambes ne le tenant plus à force de tourner en rond dans son salon, et se dirigea vers la porte.  

Depuis qu'il avait perdu sa femme, des suites d'un cancer, quelques années auparavant, Edward et sa fille Ellen s'étaient beaucoup rapprochés l'un de l'autre en surmontant ensemble cette douleur. Depuis, la jeune femme habitant de l'autre côté de Gérardmerveille, ils ne se voyaient pas tous les jours mais elle ne manquait jamais de passer un petit coup de fil à son père chaque soir, en rentrant de son travail. N'ayant pas de ses nouvelles pendant deux jours, l'homme avait d'abord imaginé qu'elle avait eut autre chose à faire, comprenant tout à fait que sa fille vive sa vie. Mais après avoir laissé plusieurs messages sans réponse sur son répondeur, il avait fini par déclarer sa disparition.  

La jeune femme vivait seule dans son appartement, et aucun voisin de n'était aperçu de son absence. N'ayant pas mis les pieds au travail depuis le jour où les appels chez son père avaient cessés, la police avait rapidement pris cette disparition au sérieux et lancé des recherches.  

 

Avant d'ouvrir la porte, Edward sentit son coeur défaillir lorsqu'il aperçut la lumière rouge et bleu des girophares de police éclairant la vitre trouble de sa porte. Dans un ultime espoir, il imagina que la police lui ramenait sa fille, mais lorsqu'il ouvrit la porte et découvrit seulement les deux policiers qui se tenaient devant lui, il comprit immédiatement que ceux-ci venaient pour une mauvaise nouvelle.  

Elle fut pire encore que ce qu'il avait craint. En faisant son jogging, un coureur avait découvert le corps d'Ellen dans un sous-bois à l'extérieur de la ville, abandonnée tel un animal mort au milieu des feuilles mortes. D'après les éléments découverts sur place, il s'agissait bien de la jeune femme, mais la police avait besoin qu'un proche vienne identifier formellement le corps.  

En apprenant la nouvelle, Edward faillit s'effondrer. Qu'allait-il devenir à présent que les deux femmes de sa vie l'avaient quitté ? A ce moment là, un mélange de tristesse, de colère et de haine l'envahit. Qui avait bien pu faire cela à Ellen ? Qui était l'ordure qui avait commis ce crime ?  

 

Assis dans le couloir du tribunal, Edward Logan attendait que l'on ouvre les portes pour entrer dans la salle où allait avoir lieu le procès. Depuis ce jour où il avait appris la mort de sa fille, il n'avait plus vécu que pour que justice soit faite, pour que le coupable de ce crime paye. Aujourd'hui, il était las et fatigué, il n'était plus que l'ombre de lui-même. La tête baissée, il attendait que l'on l'invite à entrer.  

Alors que la mère de l'homme accusé d'avoir commis ce viol et ce meurtre arrivait à son tour, Amy Lester (Alma Danae), l'avocate d'Edward, s'approcha de lui. L'homme releva la tête et croisa le regard de la pauvre vieille femme. Les deux parents se regargèrent alors avec peine, chacun comprenant ce que ressentait l'autre. A ce moment là, Edward aurait voulu pouvoir s'approcher de cette femme pour lui parler, mais son avocate lui déconseilla de le faire. Elle l'invita à rester assis et à attendre l'ouverture de la salle d'audience.  

Replongeant alors dans ses tristes souvenirs, le vieil homme repensa à toute cette histoire qui l'avait mené jusque là, cette histoire qui avait commencée cette nuit là, lorsqu'on lui annonça la mort de sa fille.  

 

"Non coupable". Le verdict du tribunal était tombé. Malgré les éléments qui amenaient à soupçonner Nick Parson du viol et du meurtre d'Ellen Logan, le tribunal avait jugé que ceux-ci n'étaient pas assez probants et que face aux autres éléments qui tendaient à innocenter l'accusé, sa culpabilité ne pouvaient pas être démontrée. A l'annonce du verdict, Edward sentit ses jambes se dérober, et s'il n'avait pas été déjà assis, il se serait sans doute écroulé.  

A sa droite, Nick Parsons explosa de joie et se jeta dans les bras de sa mère qui se tenait tout près de lui, au premier rang de la salle d'audience. Se sentant plus seul que jamais, Edward Logan se mit à pleurer. Après ces longs mois de combat éprouvant, d'enquête policière et de combat judiciaire, celui qui, il en était convaincu, avait violé et assassiné sa fille, allait retrouver sa liberté sans plus être ennuyé par la justice. Lui se retrouvait toujours seul, et sa fille, qui reposait au cimetière, n'avait toujours pas le droit de reposer en paix en sachant son meurtrier sous les verrous.  

Bien que son avocate l'avait préparé à cette éventualité, aucun des éléments de l'enquête de police ne prouvant avec certitude la culpabilité de Nick Parson, le pauvre père était tellement convaincu de sa culpabilité qu'il n'avait pas voulu envisager cette conclusion à l'affaire. Pour lui, ce n'était pas possible que cet homme s'en sorte sans payer pour son crime. Savoir ça lui procurait une telle douleur intérieur qu'il crut que son coeur allait s'arrêter à ce moment là.  

Ce jour là, Nick Parson sortit victorieux du tribunal, annonçant à la presse que justice était faite, que son innocence, qu'il avait toujours affirmée, avait été clamée. De son côté, Edward Logan préféra rester silencieux lorsque les journalistes se jetèrent sur lui pour connaître son ressenti. Ce qu'il ressentait, il préférait le garder pour lui. C'était son fardeau.  

 

Lorsque le coup de feu retentit, le temps sembla se figer un instant pour Edward Logan. Fixant sa cible dans les yeux, il eut un instant de doute. Lorsqu'il avait suivi Nick Parson jusque chez lui, ce dernier ne se doutait pas un instant du destin que le pauvre père lui réservait. Sur le pas de sa porte, alors que l'homme allait entrer chez lui, Edward Logan avait prononcé son nom pour bien l'avoir face à lui lorsqu'il lui tirerait dessus.  

Mais dans ces yeux, ces yeux qui le fixaient alors que la vie s'en allait, le vieil homme crut lire de l'incompréhension. Etait-ce possible que cet homme soit vraiment convaincu de son innocence ? N'avait-il pas joué la comédie pendant tous ces mois de procédure judiciaire, comme Edward l'avait imaginé ? Tenant toujours son arme dans sa main, l'homme resta debout sur place, sans bouger. Pas même les cris dans le voisinage ne le firent réagir, pas même le son des sirènes de police retentissant au loin. Lorsque la lumière des girophares éclara la façade livide de la maison de l'homme qu'il venait d'abattre, Edward se rapela ces même lumières éclairant la porte de sa maison, venues lui annoncer une injustice.  

Lorsque les policiers s'approchèrent de lui pour lui retirer son arme, le menotter et l'arrêter, Edward Logan ne réagit toujours pas, et c'est sous les yeux d'une foule de voisins apeurés qu'il embarqua à l'arrière d'un véhicule de police.  

 

Lorsqu'Amy Lester prononça son nom pour la troisième fois, Edward sortit enfin de sa torpeur, plongé dans tous ces noirs souvenirs. La salle d'audience était ouverte, le procès allait commencer. Entouré d'agents de police, le vieil homme entra en premier dans la salle, accompagné de son avocate. Avant de passer la porte, il jeta un regard en arrière et croisa à nouveau celui de Dorothy Parsons (Eleanor Rasberry), la mère de Nick.  

Comme il comprenait ce qu'il lisait dans ce regard. Lui-même avait ressenti la même chose lorsqu'il s'était rendu au procès de celui qu'il jugeait coupable du meurtre de sa fille. A l'époque, il était assis du côté de l'accusation, aujourd'hui, c'est du côté de l'accusé qu'il se trouvait, pour le meurtre de Nick Parson, une victime innocente comme sa fille.  

Car quelques semaines après son arrestation, Edward Logan avait appris que le véritable coupable du meurtre d'Ellen avait été arrêté, un homme qui avait tenté de s'en prendre à une autre victime qui heureusement était parvenue à lui échapper. L'homme avait fini par avouer son précédent crime, innocentant alors définitivement celui qu'Edward avait abattu de sang froid.  

 

A présent, le vieil homme ne luttait plus. Alors que son procès allait s'ouvrir, au cours duquel son avocate allait tenter d'obtenir des circonstances aténuantes étant donné la situation, Edward Logan ne pensait plus qu'à sa fille, qui avait rejoint sa mère depuis plusieurs mois déjà, et à cet homme qui les avait rejoint aussi, victime innocente d'un père terrassé par la douleur.  

De l'autre côté de la salle d'audience, la vieille femme qui avait perdu son fils se tenait près de son avocat, maître Zachary Purcell (Yvan Ohé). Elle comprenait pourtant en quelque sorte cet homme au regard vide qui ne cessait de la regarder, comme pour implorer son pardon. Elle comprenait la douleur qu'il avait pu ressentir lorsqu'il avait perdu sa fille, elle même ressentant aujourd'hui cette même douleur. Mais comme lui, elle demandait à ce que justice soit faite.  

Les portes du tribunal se refermèrent, le juge annonça l'ouverture du procès.

Scénario : (1 commentaire)
une série B dramatique de Josip Šubašic

Yvan Dressamaire

Alma Danae

Yvan Ohé

Eleanor Rasberry
Musique par Karen Kopp
Sorti le 17 novembre 2029 (Semaine 1298)
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