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MMP présente
Une Coquille Vide

Aujourd'hui, dans un pavillon de banlieue ordinaire d'une ville moyenne de la côte Basque.  

 

Quand il (Mickael Glau) est revenu ce soir-là, il faisait déjà nuit depuis longtemps et sa femme (Tara Bregman) était partie avec quelques affaires. Il a froid tout d'un coup. Devoir partager la couche avec rien - le vide. Il se fait chauffer une bouillotte et un plateau-repas au micro-ondes et termine sa soirée, hébété, devant un quelconque programme TV.  

 

Il n'a pas le droit de dire qu'elle ne l'avait pas prévenu : des horaires impossibles, une vie de couple qui s'effilochait et son mariage partait à veau-l'eau. Lui restait sa fille (Gina Sbrizzi). Encore qu'à y repenser, il ne la voyait plus trop désormais, partie vivre avec son copain du moment - comment s'appelait-il déjà ? Il n'en avait plus aucun souvenir. Un SMS de temps à autre, un passage en coup de vent sous le toit familial, histoire de nettoyer le linge ou d'en prendre et elle repartait, pas dupe de l'impasse dans laquelle ses parents s'étaient fourvoyés.  

 

Professionnellement, c'était une catastrophe : son chef de service (Yvan Ohé), un jeune peigne-cul insolent, était sur son dos depuis des mois déjà - pour des prétextes futiles. Il multipliait les brimades, les pressions et les humiliations au travail, le rabaissait sans cesse. C'était douloureux mais il la fermait - l'ambiance était pas à la fête chez les demandeurs d'emplois et le petit chef était de la famille du patron de la PME.  

Lui, entre deux âges, surdiplômé et sous-employé, regardait filer sa vie en spectateur, impuissant. Le froid, toujours cette sensation qui l'engourdissait chaque fois qu'il rentrait dans son bureau. Ce n'était plus le stress - il avait dépassé ce stade.  

 

Est-ce qu'il était mort et qu'on ne le lui avait pas dit ? De temps à autres, il se mirait, inquiet, dans la glace : pas de teint blafard, pas de chair décomposée pourtant - il portait beau son âge et des femmes se retournaient sur lui dans la rue régulièrement. Il paraissait confiant, sûr de lui. Compétent mais complètement aliéné. Il avait pensé un temps fonder sa propre boîte, mais que savait-il faire à part empiler des chiffres et des bilans comptables ? Son panier à solutions s'était vidé.  

 

Vide comme ce revolver qu'il avait posé sur le lit à présent et dont il n'arrivait pas à retrouver les balles. Peut-être qu'il les avait déjà utilisées au stand de tir local. Ou peut-être même sur son chef de service, dans un moment de démence ? Et dire que c'était son épouse qui lui avait fait tout un cinéma pour qu'il s'en munisse : "une arme à feu contre les voleurs". Savait-elle seulement qu'il risquait la prison s'il s'en servait effectivement contre un bandit introduit chez lui ? Peut-être fallait-il demander aux cambrioleurs de partir gentiment de leur maison maintenant qu'ils avaient été pris la main dans le sac ? Et leur offrir une tasse de thé en sus, peut-être parce qu'il faisait frais dehors.  

 

Il soupesait l'arme. Il ne l'avait pas beaucoup utilisée. Il frissonna - sa montre sonna trois heures du matin. Il se retourna, regarda la pièce, sortit dans le jardin, contempla cette maison pas chère pour classe moyenne médiocre qu'ils avaient achetée et pour laquelle il leur restait dix années de remboursements. Sans elles. Sans sa fille, sans sa femme. Le pavillon était propre, d'une qualité de construction moyenne mais, bon, il ne fallait pas en demander trop non plus pour le tarif. Il leva les bras au ciel, s'étira avant de tomber lourdement sur le gazon récemment tondu. Au loin, un chien aboyait. Il jeta un oeil à sa droite - une lumière au premier étage du voisin, un chômeur encore en train de surfer sur internet à quatre heures du matin. Lui aussi surdiplômé, mais sans enfant. Qu'est-ce que c'était que cette génération qui avait tout raté ?  

 

Le vent était piquant.  

Il avait tellement froid en lui qu'il sentait les courants d'air le traverser : est-ce que ce n'était qu'une déprime passagère, vu les derniers événements ? Est-ce qu'il allait rebondir ? Ou s'enfoncer ?  

 

(Script original, produit dans le cadre du Concours "Froid")

Scénario : (2 commentaires)
une série B dramatique de Kristen Mirren

Mickael Glau

Gina Sbrizzi

Yvan Ohé

Tara Bregman
Musique par Renee Darby
Sorti le 24 janvier 2020 (Semaine 786)
Entrées : 16 985 725
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