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MMP présente
Je Love ta Terrienne

1955 - Washington DC  

 

Le Général Alexander Gravis (David Reyes) et un pool spécial du Pentagone a été convoqué à la Maison Blanche par nul autre de le Président Dwight D. Eisenhower (toujours vu de dos, interprété par une mystérieuse guest-star). L'heure est grave, des UFOs planent au-dessus de la Capitale. Suffisamment hauts pour ne pas être repérés du grand public mais les observatoires sont sur les dents.  

"- Je ne suis pas sûr qu'il s'agisse de communistes, Monsieur le Président…"  

Des reports font également état d'un spectacle équivalent au-dessus des capitales du Bloc de l'Est. C'est édifiant mais le "boss" ne veut pas prendre de risques.  

 

"- Gravis, vous avez trempé dans toutes sortes de combines, vous savez quoi de ces types ?"  

Quand le Président du Monde Libre vous pose une question, vous y répondez. Oui, Gravis avait trempé dans le Renseignement et les services secrets, ré-installé le Shah d'Iran chez lui lors de l'opération Ajax en 53, participé à la démolition récente du Maccarthysme (qui commençait à devenir contre-productif) l'année dernière et revenait juste de la Conférence de Genève sensée réunifier la Corée. C'était mal barré. Récemment promu, il avait par ailleurs promis à ses gosses de les emmener à Disneyland et venait d'investir quelques dollars auprès d'un certain Ray Kroc pour l'aider à monter sa chaine de restaurants - un truc nommé McDonald's. Gravis aimait les burgers de Kroc.  

 

Mais le boss lui demandait un brief sur des gens qui venaient sans doute d'une autre planète. L'incident de Roswell n'avait pas dix ans d'âge et les Anglais avaient encore beaucoup d'avance sur eux dans la compréhension du phénomène extra-terrestre : eux n'avaient pas tiré en premier pour essayer de discuter ensuite. Et l'Albion avait du mal à partager ses infos, même à son partenaire privilégié.  

 

"- Ce que je veux éviter, c'est la panique - l'hypothèse de la campagne de pub à grande échelle pourrait le faire - on a des gens à Hollywood qui pourrait sortir un film sur le sujet bientôt ?"  

Oui, c'était le cas : le Pentagone, la Maison Blanche et les Autorités du pays avaient toujours dans leur besace d'efficaces contre-feux à l'hystérie UFOlogique et conspirationniste qui s'abattait sur la presse qui, quand elle ne voyait pas des Rouges, voyait des Rouges de l'espace.  

 

"- Le fait qu'ils restent en hauteur prouve qu'ils nous ont observés : ils connaissent notre force de frappe - et il leur a suffi de capter une de nos chaines de TV pour savoir ce qui les attend."  

Gravis n'avait pas d'autre os à ronger pour le Président. Il fut ravi quand un de ses collègues, largement plus "boute en guerre" prit la parole derrière lui. Il tablait sur une alliance entre l'Est et les Chinois.  

 

Linda Baxter-Gravis (Marie Caine) rentra alors dans le bureau ovale et y installa un projecteur à partir duquel elle diffusa des clichés : les navettes, toutes semblables, ressemblaient à des saucisses volantes d'un métal poli. La scientifique avait remplacé in-extemis le Prof. Colson de l'Institut, empêché par un mauvais rhume. Alex était ravi de cette opportunité qui lui permettait de croiser son épouse ailleurs que dans la cuisine. Vêtue autrement qu'en femme d'intérieur, elle était de plus diablement sexy à ses yeux. Il se mit à imaginer des choses que la morale réprouvait pendant qu'elle démarrait son exposé oral.  

 

Il ne se réveilla de sa torpeur érotomaniaque qu'aux conclusions.  

"- … c'est pourquoi nous pensons avec le Prof. Colson qu'il faut envoyer des émissaires à leur rencontre. Et - Monsieur le Président, Messieurs les Généraux - je me porterais volontiers volontaire si cette une place pouvait être réservée aux épouses américaines."  

Tous les regards se portaient à présent sur Alexander, comme dans l'attente d'une réponse, d'une réprobation ou d'un accord. Lui qui n'avait rien écouté de ce qui précédait et cachait son embarras en gardant les jambes bien croisées.  

Mais c'était un Américain, il n'avait peur de rien, il aimait sa femme, ses enfants et son pays (dans le désordre) et Linda avait toujours eu des idées brillantes. Il botta en touche :  

"- Tout à fait. C'est… brillant."  

 

La Maison Blanche publiait dans la soirée un Executive Order qui faisait d'Alexander et Linda Gravis et quelques autres individus triés sur le volet les hérauts des Etats-Unis d'Amérique et du Monde Libre. Une navette irait à la rencontre des UFOs demain.  

Revenu dans leur appartement cossu de location, Alexander était retombé sur le plancher des vaches : pour Linda, s'ils étaient hostiles, les extra-terrestres ne nous auraient jamais laissé le temps de la réflexion.  

 

Le voyage entre la banlieue de Washington et la stratosphère fut une simple formalité. La navette était pilotée de main de Maître par Mike Huston (Malcom Kiszko), pilote chevronné de l'US Air Force. Des scientifiques aux irréprochables états de service constituaient le gros de la petite troupe envoyée en reconnaissance. Gravis portait officiellement la parole du Président des Etats-Unis et du Monde Libre, responsabilité qui le rendait d'autant plus fier comme un paon que l'idée - une nouvelle fois - était venue de Linda.  

 

Linda qui en ce moment-même discutait avec un de ses collègues. Mais Gravis ne sentait pas celui-là, une espèce de chimère entre un latino aux cheveux crépus et un zazou amateur de diableries rock'n'rollesques. Le personnage se nommait Bruce (Terry Bubble), ce qui, en soit, était un signe, et avait du être délinquant juvénile. Il était même étonnant que la purge effectuée ces derniers temps dans l'administration n'ait pas éloigné ce type de parasites de cette navette.  

Alex nota dans son esprit de procéder à une enquête poussée sur le bonhomme à leur retour.  

 

Au moment où la navette apparaissait sur leur radar, une voix métallique (Gregory Karas) résonna sur les hauts-parleurs :  

"- Bienvenue, Humains."  

Un dock venait de former une ouverture sur le fuselage de la gigantesque saucisse métallique. Alex nota que la voix n'avait aucun accent et semblait totalement désincarnée - il avait entendu des choses équivalentes dans les laboratoires de recherche d'IBM en 1949 (mais n'avait pas le droit de l'évoquer au risque de devoir réduire son auditoire au silence).  

La navette fut ensuite tractée par un "rayon électronique" qui la posa comme une rose à l'intérieur. C'était très impressionnant et sûrement pas communiste.  

 

D'imposants robots à la démarche dodelinante se présentèrent à eux. Comme Alex s'y était attendu, ils avaient tous la même voix, les mêmes intonations informatiques, froides mais linguistiquement correctes.  

"- Ils marchent comme des poules."  

Le Général Gravis ne s'était pas attendu à de fins traits d'esprit de la part du pilote.  

On ne les fouilla pas (les militaires présents avaient pris pistolets et grenades à main) mais on les conduisit dans une sorte d'atrium dans lequel les attendait...  

 

… un autre groupe d'humains !  

Des russes !!  

Illana Lubrovka (Joanna Davis) n'en croyait pas ses yeux ! Le colonel Yuri Rostov (Gregory Karas) non plus !!  

Les deux formations se regardèrent en chien de faïence. Les militaires de chaque côté avaient hâte d'en découdre mais l'incongruité de la situation et de leurs hôtes bloquait leur atavisme politique ("un bon capitaliste/communiste est un capitaliste/communiste mort").  

C'est Bruce qui brisa le premier la glace en s'exprimant dans l'espéranto du polonais Zamenhof. Gravis avait appris le russe et Illana parlait couramment anglais, mais l'intervention de Bruce les confortait dans leurs rôles d'opposants. Pour le moment, ils étaient en terrain neutre.  

 

Le mobilier de la pièce était plutôt design mais curieusement assez similaire à ce que l'on trouvait dans les romans de science-fiction que les commissions des années précédentes avaient interdit. Gravis se demandait si les extra-terrestres avaient eu de bonnes lectures pour les comprendre, eux, les humains libres. Il commençait même à s'inquiéter du poids symbolique que ce beatnik de Bruce était capable d'acquérir aux yeux des "robots" : le premier qui parlait n'était-il pas naturellement le leader ?  

 

Lubrovka avait eu une pensée équivalente mais s'inquiétait de cette présence américaine. Les gens de ce vaisseau avaient étudié les forces en présence.  

Un des robots les invita à visiter leur vaisseau : ils pouvaient aller où bon leur semblait - ensuite, ils dineraient ensemble (ensemble, c'était impératif). Quand Rostov les interrogea (en russe) sur le nombre de navires similaires à celui-ci qui planaient au-dessus de leur tête, il fut perplexe par le ton de la réponse, délivrée elle aussi, en russe :  

"- C'est le seul vaisseau, mais son mode de déplacement est trop évolué pour que vous puissiez le comprendre."  

 

Gravis n'en avait pas perdu une miette.  

Deux heures plus tard, les deux formations (qui étaient restées groupées) furent à nouveau réunies pour un dîner où des plats tout-à-fait traditionnels du savoir-faire humain furent servis. Au-delà de la surprise, chaque groupe scruta les comportements de l'autre, la bonne attitude à adopter restant complexe à mettre en oeuvre : comment dérouiller l'adversaire sans froisser l'hôte ?  

 

L'hôte en question - un magnifique robot de fer blanc - prit la parole en milieu de repas pour signifier aux humains qu'ils étaient désormais à plus de 3 années-lumière de leur planète et qu'ils se dirigeaient à présent vers leur planète.  

"- D'ici à ce que nous arrivions, vous allez nous expliquer pourquoi vous êtes des êtres intelligents - sinon nous réduirons à néant votre espèce et nous installerons sur votre planète pour en exploiter les richesses."  

Le dessert eut du mal à passer.  

 

Le robot qui venait de s'exprimer - appelons-le A51M0v - n'avait bien sûr aucune envie de génocide : il bluffait - et ça fonctionnait. Les regards perplexes des uns et des autres, les conversations qui commençaient à fuser entre les groupes, voilà qui plaisait au programme qui dirigeait les organismes électromécaniques.  

 

L'Intelligence Artificielle venait du futur de l'Homme. Lui ayant survécu et ayant conquis l'espace, elle avait également percé le secret du voyage dans le temps - avait dépensé toute son énergie logique (son intelligence était exponentielle) pour finalement aboutir à l'ennui.  

Elle regrettait d'être née : si elle parvenait à raisonner les hommes dès les années 50, les terribles guerres nucléaires des années 2000 n'auraient jamais lieu et elle ne serait jamais créée par un malheureux bogue de programmation échappé des réseaux militaires…  

 

L'amour lui échappait également : A51M0v appréciait déjà ces femmes dans ces groupes, personnages forts qui voulaient trop ressembler aux hommes, résolus et dont on percevait la bonté cachée. Les mâles, c'était un peu différent mais il y avait de l'espoir également chez eux malgré leur passion fanatique à montrer qui méritait le territoire.  

 

A51M0v n'avait qu'un vaisseau et un satellite mécanique vide de vie à quelques millions de kilomètres d'ici, le coup des "années-lumière" était aussi un mensonge dans lequel ces humains étaient tombés. Qu'il était aisé de les tromper.  

Son acuité logique percevait entre les groupes un début de tension sexuelle ou affective entre certains individus. Encore quelque chose qui lui échappait : le principe de reproduction. Tant de choses sur le comportement, tant de choses à apprendre.  

Ca tombait bien, A51M0v avait le temps pour les observer.  

 

Un des plans possibles était de ramener ces gens au-delà des années 3000, leur faire comprendre qu'ils étaient seuls à présents et qu'ils devraient s'aimer pour survivre. Mais c'était un plan également porteur de malheurs, de désespoir et statistiquement trop risqué (le voyage dans le temps était terriblement énergivore).  

A51M0v s'en remit à son plan initial - dont l'épée de Damoclès se résumait pour l'Etre Humain à "Aimez-vous les uns les autres sinon je me fache."  

 

Et si ça ne fonctionnait pas ?  

Serait-il/elle obligé(e) de mettre sa menace à exécution ? On voulait que les humains reviennent à des sentiments plus harmonieux, ce qui éviterait sa création. Mais annihiler l'espèce reviendrait finalement au même suicide. L'idée révulsait A51M0v mais elle était statistiquement viable. Ethiquement douteuse, mais ayant le mérite d'exister dans ses paramètres transistorisés.  

 

Le programme décida de laisser les deux groupes "mariner dans leur jus" les deux premières semaines. Eloignés de chez eux (et se croyant encore plus éloignés qu'ils ne l'étaient réellement), peut-être que cela libérerait leur parole, leur conscience, leur âme et leur coeur...  

 

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La première comédie entièrement tournée en Noir & Blanc disposant des plus récents effets spéciaux et des technologies cinématographiques à la pointe des années 50 !  

 

(Script original)

Scénario : (1 commentaire)
une série A sentimentale (SF / Historique) de Sergio Castagnetta

David Reyes

Joanna Davis

Malcom Kiszko

Marie Caine
Avec la participation exceptionnelle de Gregory Karas, Terry Bubble
Musique par Jewel Halligan
Sorti le 24 juillet 2021 (Semaine 864)
Entrées : 24 668 633
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