Canute, Comté de Custer - Oklahoma, été 1985  

Charlie Needham (Charles Lathan) est représentant de commerce en aspirateur. C'est aussi un inventeur, l'inventeur de la gamme qu'il propose. Il a breveté ses inventions qu'ils a présentées aux plus grands constructeurs. Tous lui ont claqué la porte au nez. Certains ont même essayé de lui voler ses plans. Il ne s'est pas laissé faire.  

Il est donc à la tête de sa petite entreprise, "Charles Vaccum". Sa passion : le marketing direct - autant dire "porte à porte" et les spots de pubs de 20 minutes qui passent au milieu de la nuit sur les chaînes en syndication. Le job est dur mais gratifiant, Charles ne se plaint pas : célibataire, il est son propre patron, une dizaine d'employés sous ses ordres, tout ça à moins de 30 ans.  

Ce matin-là pourtant, il est de mauvais poil. Il a mal dormi dans l'hôtel de passage longeant l'interstate 40, se gratte de partout (des puces ?) et son réveil matin électronique lui a fait faux bond ("made in USA" pourtant). Il doit être à Custer City dans trois heures et il est encore loin du compte.  

Il monte dans son véhicule et pousse donc "le champignon" à fond.  

Très vite sur la route, il dépasse allègrement les limites de vitesse autorisée en direction de la bretelle d'accès à l'autoroute. Pourtant il se trompe, fait une fausse manoeuvre et bientôt, ne voit plus de chaque côté que les immenses champs de blé caractéristiques de la région.  

Sa carte routière d'une main, l'autre sur le volant, tantôt absorbé par son plan, tantôt par la route uniformément droite et par Bruce Springsteen à la radio, il n'aperçoit pas le véhicule de police garé sur le bas-côté et pourtant bien visible. Pire : sans le faire exprès, il accélère brusquement à son niveau !  

Rapidement, une course-poursuite s'engage. Dès que gyrophare et la sirène sont activés, Charlie lève les yeux sur son rétroviseur…  

"- Ah bravo !"  

Il se range immédiatement sur la chaussée, précédant l'injonction : il va écoper d'une grosse amende, il le sait : les gens d'ici ne plaisantent pas avec ça, surtout avec un étranger… Ca va être douloureux, autant que ce soit rapide.  

Il reste donc dans son véhicule les bras bien en vue sur le volant, attendant la venue de l'officier ; il est natif de L.A., là-bas les flics sont nerveux aussi. Quand l'ombre du policier lui cache le soleil, il se tourne naturellement vers elle et…  

Christ !!.  

Deux.  

Enormes.  

Obus.  

La dondon doit faire 1m80. Elle a l'air de sortir d'un film de Russ Meyer. Et elle le tient en joue avec un fusil à pompes.  

"- Heeey, doucement !"  

Sans un mot, elle lui intime de descendre du véhicule. Il s'exécute. Elle lui lance des menottes.  

"- Quoi, vous voulez que… Mais ça va, quoi ?!!"  

Elle ajuste sa visée.  

"- OK, OK..."  

Il pense qu'il est vraiment dans les ennuis. Il ignore à quel point.  

Elle le fait mettre à genoux les mains sur la tête tandis qu'elle récupère les clés du véhicule. Elle ouvre le coffre de la commerciale de Charlie, en dégage la plupart des affaires.  

"- Hey, mais c'est mon gagne-pain !!"  

Elle braque à nouveau son arme sur lui et désigne le coffre.  

"- Quoi !? Vous voulez que je me mette là-ded… ?!"  

Elle tire en l'air. Une fois. Charles s'exécute, tétanisé par la peur. Le toit du coffre se referme sur lui.  

Des sons étouffés - le véhicule de police s'en va. Charlie met quelques minutes pour réaliser le grotesque de la situation : il est enfermé dans sa voiture menotté après avoir été menacé par une nana déguisée en policier… Il a beau retourner la scène dans sa tête mille et une fois, il ne comprend pas.  

Des bruits à l'extérieur - on essaye de forcer la serrure. Puis la lumière du jour.  

"- Sortez d'ici, vite - elle va revenir." L'ordre est impératif et vient d'une jeune femme en guenilles au regard halluciné (Kellie Ciani).  

Charles s'extirpe ; sans un mot il se précipite sur le tableau de bord. Plus de clé bien sûr. Il récupère le deuxième jeu sous sa roue de secours, remonte à sa place, se tourne vers la jeune femme.  

"- Merci. Je vous dépose ?"  

Elle regarde de chaque côté de la route et lève son visage, comme si elle humait l'atmosphère.  

"- Vous ne pourrez pas repartir. Vous avez juste eu de la chance que j'aie été dans le coin quand elle a tiré." Puis elle recule en direction des immenses champs de blé.  

Charles enclenche le contact. Rien. Il descend à nouveau, ouvre le capot : plus de batterie. Il est bloqué là, à la merci du prochain taré qu'ils vont croiser.  

La jeune femme à présent bien dissimulée lui intime de suivre son exemple. Il récupère deux-trois affaires dans le véhicule et se précipite à sa suite.  

"- Ne me suivez pas - il ne faut pas qu'elle nous trouve.  

- Mais qu'est-ce que c'est que ce délire ? C'est quoi, ce plan ?  

- Vous n'avez jamais entendu parler des légendes du coin ?  

- QUOI ? Quelle rapport av… ?  

- Les Amazones Cannibales de la tribu de Boob, ça vous évoque quelque chose ?"  

A ce moment précis, le véhicule de police réapparait dans la ligne droite de l'horizon, d'abord flouté par les volutes de chaleur de l'asphalte, puis bien distinct.  

"- Elle revient. Accompagnée. C'est toujours comme ça qu'elles opèrent."  

Charlie Needham était mal parti pour vendre des aspirateurs aujourd'hui.  

(Script original)