1er Mai 2019, un nouveau club ouvre ses portes au monde de la nuit de Gérardmerveille, un club "Gay friendly", comme le décrit son patron. Le Sergiot's club devient rapidement un endroit incontourable de Gérardmerveille pour toute une partie de la population de la ville. A sa tête, un homme d'affaire dont le nom est connu de tous. Il est l'un des vingt plus grands producteurs de cinéma de Gérardmerveille, et pourtant, on sait très peu de choses sur lui. Toujours très discret à propos de sa vie privée, il apparait très peu dans les soirées people, les cérémonies de récompenses du monde du cinéma et la presse spécialisée.  

Dès son premier film, Sergiot a mis en scène un thème qui restera un pillier de sa production. En multipliant les films tournant autour de l'homosexualité, il est devenu une icone de la communauté gay de Gérardmerveille, faisant même oublier Mamzelle Divine qui fut un temps, pourtant, considérée comme "l'ambassadrice" de la tolérence par cette communauté. En onze années, bien qu'il ait également produit des films à plus gros budgets, il a surtout innondé les salles de Gérardmerveille de nombreux films à petits budgets qui ont fait le succès de sa société Sergiot Production.  

Mais qui est donc Sergiot, ce producteur énigmatique, à la personnalité à la fois si floue et si prononcée ? A travers ce documentaire, Esther Prescott a essayé de dresser un portrait le plus complet possible sur cette personnalité du monde cinématographique de Gérardmerveille, en enquêtant sur son passé et son entourage.  

Né de parents inconnus, il est recueilli bébé, une nuit de Saint Serge, par la communauté d'un couvent de Stanley Kubrick, avant d'être placé en foyer puis d'être balloté de famille d'accueil en famille d'accueil pendant des années. D'un naturel calme et réservé, ses parents adoptifs le décrivent comme un enfant solitaire, se faisant très peu d'amis. Surnommé Sergio une première fois, il s'attache à ce surnom et se présente avec celui-ci depuis, oubliant le prénom qui lui avait été donné par les soeurs du couvent du fait qu'il ait été retrouvé un 7 octobre.  

Très tôt, il se découvre une fascination pour le cinéma. Ne semblant plus vivre que pour ça, certains de ses parents adoptifs s'inquiètent même de le voir rester ainsi enfermé sur lui-même. Sergiot semble vivre dans un autre monde, comme si tout ce qui l'entourait n'existait pas. A l'âge de douze ans, il fugue, après avoir été placé dans de nombreux foyers, ses tuteurs ne supportant plus de le voir ainsi, et disparaît totalement de la circulation.  

Si jusque là, personne n'a jamais su ce qu'il est advenu de lui pendant les années qui suivent, le seul indice ramenant à lui étant un dossier de demande de bourse pour une école de cinéma alors qu'il est agé de dix-sept ans, Esther Prescott a retrouvé Max, un homme disant avoir vécu deux années durant dans une bande dont Sergiot faisait partie. Avec l'aide de Sebastian Tilford, elle recueille son témoignage, apportant un éclairage particulier sur le producteur.  

A l'époque, Sergiot avait intégré une bande de SDF, qui traînait de ville en ville, vivant de menus larçins. L'une des premières choses que Sergiot vole est une petite caméra, avec laquelle il ne cesse jamais de filmer tout ce qui l'entoure. La vie ne semble avoir d'intérêt à ses yeux qu'à travers un objectif. A l'époque, il souhaite réaliser un film sur la vie de cette bande, témoignant de la détresse d'une population ignorée. Rien d'autre ne semble l'intéresser. Même les filles de la bande le laissent indifférent.  

Max s'attache à Sergiot, qui disparait pourtant d'un jour à l'autre, sans plus donner de nouvelles à ses amis, laissant derrière lui son sac rempli de cassettes, tel un témoignage laissé derrière lui. Grâce à Max, qui n'a jamais pu les jeter, les images ont pu être restaurées, et témoignent déjà du talent du jeune homme pour le cinéma.  

Après avoir vécu de petits boulots, notamment pour la société Filmax, spécialisée dans le développement des bobines de films pour le cinéma et la télévision, Sergiot fonde en 2009 sa propre société. Si à l'époque celle-ci ne possède que quelques milliers de dollars, toutes les économies du producteur, Sergiot ne manque pas d'imagination pour réussir à tourner son premier film. C'est avec du matériel amateur, et en tournant directement dans les rues de Gérardmerveille, qu'il produit son premier film mettant en scène un tueur à gage dont le dernier contrat lui impose d'abattre son petit ami. Dès ce premier film, le thème de l'homosexualité est très présent, un thème qui fera l'identité de la société.  

Parvenant à le faire diffuser dans plusieurs petites salles de la ville, le producteur réussit à gagner assez d'argent pour lancer un autre tournage. L'aventure Sergiot Production démarre alors. Les revenus de sa société grimpant doucement, le producteur enchaîne les productions fauchées, qu'il écrit lui-même pour la plupart et qu'il confie à des réalisateurs débutants. Restant isolé du monde des producteurs, Sergiot a du mal à trouver sa place à Gérardmerveille. Pourtant, à mesure que ses productions sortent en salles, il se forge un public régulier, et après cinq années de travail, Sergiot Production parvient même à figurer au Top 5 des producteurs de l'année 2014, année au cours de laquelle il réalise son premier film.  

Mais quelques années plus tard, il disparaît de nouveau de la circulation. Comme ayant besoin de prendre de la distance, il abandonne sa villa à Gérardmerveille, et part à l'étranger. Profitant des moyens acquis pendant plusieurs années de travail, Sergiot parcours le monde.  

Esther Prescott a réussit à retracer le parcours du producteur pendant ces deux ans, et recueilli avec l'aide de Maureen Riley les témoignages de nombreuses personnes qu'il a croisées au cours de celui-ci. Grâce à ça, les deux femmes découvrent un peu plus la personnalité de Sergiot, qui semble toujours chercher à s'entourer de personnes quelque peu perdues.  

Pour le Docteur Naker, psychiatre renommé de Gérardmerveille interrogé par Maureen Riley, le fait que Sergiot ne connaisse pas ses origines serait une raison à ça. Lui-même perdu, serait à la recherche d'autres personnes comme lui étant les seules à vraiment comprendre ce qu'il ressent. Sergiot chercherait en fait à se forger une personnalité, à devenir quelqu'un à ses yeux.  

Une personnalité qu'il semble avoir enfin trouvée, et qu'il assume enfin puisqu'après bien des années de mystères, il officialise son union avec l'acteur Yvan Ohé le 13 octobre 2018, avouant ainsi cette homosexualité qui lui fut longtemps accordée sans qu'elle soit jamais affirmée, et il ouvre un club gay à Gérardmerveille. Pourtant, l'homme reste encore très discret sur sa vie, ce qui fait toute la contradiction de sa personnalité.  

Au travers des témoignages des très nombreuses personnes ayant croisé Sergiot au cours de sa vie, des images retrouvées de ses premiers films, et de son parcours à travers le monde durant ces nombreuses années, ce documentaire va tenter de faire la lumière sur cette personnalité atypique de Gérardmerveille, et pourtant si méconnue.