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MMP présente
Rends-moi plus belle

Les chiffres sont là, clairs et violents : depuis que vous avez démarré la lecture de ce script, plus d'un million d'Euros ont été dépensés sur le marché des cosmétiques et de la beauté.  

L'institut Ingram Consulting de Cannasucre estime qu'en 2021, plus de 250 milliards d'Euros (320 milliards de dollars au cours actuel) auront été consommés sur ce segment. Encore parle-t'on ici des produits cosmétiques "simples" et non de l'industrie - aujourd'hui en expansion exponentielle - de la chirurgie plastique (lourde ou légère) qui accompagne ce développement. Il faut alors doubler des chiffres qui donnent déjà le vertige, l'ouverture de la Chine à la consommation de masse des années 2000-2010 ayant fait exploser la demande.  

 

La beauté. La beauté remodelée, idéalisée - Luccio Calvino pose aujourd'hui la question directement : se haït-on à ce point, notre image reflétée dans le miroir nous dégoûte-t'elle au point de vouloir la faire disparaître, elle et toute trace de naturel ? Que reste-t'il de notre image, et à travers elle, de nous-même ?  

 

Premier consommatrice de cosmétiques et d'interventions "remodelantes", l'entertainment, le marché du divertissement et du spectacle, un luxe "offert à toutes les bourses" selon la formule consacrée, qui vend du rêve - mais à quel prix ?  

 

Calvino n'est pas allé poser sa caméra par-delà les océans, ni en Europe, ni aux USA et encore moins en Chine - pas même au pied des buildings des quatre grandes multinationales qui se partagent cet oligopole (et d'où un Service de Sécurité musclé l'aurait délogé). Le talentueux cinéaste savait que Cinéjeu Island était représentative des excès de cette industrie. Muni de sa seule steadycam, il débauche Sabrina Hare (aujourd'hui retraitée) et Freddy Broughton (étoile montante) à sa cause.  

 

Pour Hare, la tyrannie de la beauté est une réalité quotidienne, en particulier au cinéma : "J'ai eu de la chance de posséder quelque talent, mais je n'aurais jamais percé sans un caractère bien trempé et un excellent agent. Aujourd'hui, la plupart des minettes qui débarquent sur le marché estiment qu'elles peuvent se dispenser de cours de comédie au profit d'un tour de poitrine avantageux." L'artiste accepte d'accompagner le réalisateur dans son tour d'horizon.  

 

Broughton ne dit pas autre chose quand il dénonce la course aux stéroïdes et à la gonflette, une pratique qui entraine régulièrement des prises de produits illicites et des comportements hasardeux pendant les tournages : "On a vu des gars doubler leur masse musculaire sur la durée d'un tournage. Si le film avait le malheur d'être tourné dans l'ordre chronologique, on voyait vraiment l'évolution physique du comédien sur la durée du métrage." La chirurgie plastique fait également des ravages et les ventes de fond de teint ne se sont jamais aussi bien portées.  

 

Botox, redressement de poitrine, "ravalement de façade", lifting et rejuvenamodelling, bodyshaping et autres termes pseudo-scientistes ont poussé très loin le culte du corps, entraînant de profonds traumatismes psychologiques.  

 

Menés par Hare, Calvino et Broughton s'en vont interroger quelques hautes instances scientifiques régionales et nationales : comment est-il possible que des produits - considérés comme dangereux par le législateur (encore que les cités-états de Cinéjeu Island ne disposent pas d'une réglementation cohérente et commune à ce sujet) et des interventions considérées à haut risque soient pratiquées à partir de 16 ans sur des apprenties-starlettes, profitant du vide juridique criminel à ce sujet ?  

 

L'association "Les Petites Vedettes" lutte, à Chicagole, depuis plus de 20 ans contre le diktat des entrepreneurs locaux et internationaux de la "Beauté" - son Directeur Opérationnel Bernard Lemoch' déclare : "Les gens ne s'apprécient plus qu'à travers le prisme de l'écran : ils veulent ressembler à ce(ux) qu'ils voient sur l'écran. Mais le miroir ne reflète jamais que la réalité." La clinique psychiatrique suit assez souvent l'Institut de Beauté.  

 

Les représentants de l'industrie, eux, invoquent l'éternel "marché" sans autre forme de procès. Le Président de Koopersmith-L'Oréal Jolywood déclare ainsi "Nous ne sommes pas responsables des réactions psychologiques de nos clients : si vous vendez une voiture à quelqu'un, vous ne lui demandez pas de respecter le Code de la Route, il est supposé le connaître. Notre responsabilité s'arrête à la satisfaction de notre clientèle et aux portes de nos instituts." Et ce dernier de renvoyer le cinéaste aux producteurs, agents, publicitaires et "modeux", créateurs de tendances et producteurs de cinéma/TV/reality-shows ; selon eux les vrais "modeleurs de Beauté".  

 

L'industrie ne serait donc que le bras armé d'une caste de décideurs qui impose "sa" vision de la Beauté ?  

Nando Arrabal, rencontré à ce sujet, tire un constat amer sur une certaine situation rencontrée à Gérardmerveille : "Des producteurs comme Well Walling et autres leaders de l'industrie ont quasiment institutionnalisé les mannequins en remplacement des comédiens. Les performances devant la caméra sont médiocres mais de toute façon, on ne parle plus d'Art depuis longtemps."  

 

Aiguillonné par cette déclaration, le trio s'en va trouver Malcom Kiszko, superstar locale prototype du "beau gosse" dont les opérations chirurgicales (toutes réussies, c'est une chance) ont fait les gros titres de la presse-people du temps de son activité. Interrogé, il dresse un bilan assez mitigé de cette "course à l'armement" : "M'appliquer des kilos de produits sur le visage, procéder à de la chirurgie reconstructrice, cela a participé à mon succès, mais est-ce que cela m'a rendu meilleur intérieurement, j'en doute." Kiszko décroche son téléphone et téléphone à plusieurs producteurs - il promet des "avis édifiants" à ce sujet.  

 

Autre comédienne de Gérardmerveille, Adrienne Goodwin, rencontrée à la sortie d'un casting - recalée pour un second rôle dans une série B de SF. Elle se prépare à subir une opération de chirurgie plastique dans quelques semaines : ce n'est ni son agent ni les producteurs qui le lui ont recommandé, mais des amies : "Je sais jouer la comédie mais l'industrie impose un moule dans lequel il faut se glisser, sinon on vous rejette." L'équipe la suit dans ses démarches et interviewe ses parents, restés à Fundanse.  

 

Durant 85 minutes, Luccio Calvino dresse le portrait d'une civilisation victime de sa propre misère intérieure et qui cherche la beauté dans le regard de l'autre, d'une société fragilisée par une précarité psychologique autant qu'économique, en quête de repères et d'amour. Un bilan terrible amené à faire réfléchir l'audience.  

 

(Script original)

Scénario : (1 commentaire)
une série B documentaire de Luccio Calvino

Malcom Kiszko

Sabrina Hare

Freddy Broughton

Adrienne Goodwin
Musique par Vincent Danna
Sorti le 23 octobre 2021 (Semaine 877)
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