Un scénario de Rubi Coltrane et Amory Buldrosky, avec :  

- Maxxie Kanno : Genoa  

- Sokchana Keut : Dior  

- Alec Matthews : Arsian  

- Mallone Gray : Ana De Valen  

- Gilmore Gray : Marishka De Valen  

Genoa tira sur ses chaînes, testant leur résistance. Elles étaient construite dans un alliage très résistant, fait sur mesure pour retenir des créatures telles que lui. Son cœur battit la chamade lorsqu'il sentit approcher son repas. Il ne voulait pas, il ne voulait plus, mais ses maîtres allaient l'y obligé jusqu'à la fin de sa vie, jusqu'à ce qu'ils n'aient plus besoins de lui. Perdant espoir de retrouver un jour sa liberté, Genoa retourna dans son coin sombre, ruminant son amertume.  

Autrefois, il était un homme. Il était même plus qu'un simple homme, il était un prince, mais une maléfique sorcière l'avait piégé et livré à cette famille de nobles amoureuse des animaux quelque peu particuliers.  

Dior l'apostropha, de l'autre côté des barreaux. Elle venait lui annoncer une nouvelle : elle avait fait un rêve de ceux qui annoncent une prophétie. Dior était une esclave, tout comme lui, prisonnière des De Valen, mais son don était différent. Elle pouvait voir l'avenir, des bribes confuses, mais parfois très utiles. Cette fois-ci, elle venait lui apprendre qu'il serait bientôt libre. Genoa l'avait déjà entendu celle-là et il se désintéressa donc de la jeune femme, pour qui, pourtant, il éprouvait des sentiments très forts qu'il n'osait appeler "l'amour". Après tout, il était enfermé dans sa cage d'argent depuis plus de vingt ans et ses sorties en dehors du château étaient extrêmement rares, alors que pouvait-il savoir à propos de l'amour. Pourtant, Genoa avait l'impression de le connaître, d'avoir déjà eu affaire à lui, mais il n'était pas sur... il ne se rappelait pas bien et d'ailleurs, il ne préférait pas. Se souvenir de son passé ou s'imaginer un avenir en dehors de ses murs était de l'ordre du rêve et de l'espoir naïf et cela le faisait souffrir.  

Il décida donc de ne pas écouter Dior, mais ses oreilles, malgré lui, entendirent l'essentiel : la lune deviendrait rouge et plongerai les ténèbres nocturnes dans le sang. Genoa pourrait alors partir.  

Il grimaça, c'était stupide. Dior, vexée de ne pas avoir de réponse, s'en alla, le laissant seul, ruminant une fois de plus son amertume.  

"- Obéit, esclave !"  

Le fouet lui arracha des lambeaux de peau, mais Genoa ne broncha pas. Il luttait pour garder son calme, pour ne pas sauter sur son repas très gentillement servis ou sur ses tortionnaires. De toute façon, il ne pouvait rien faire, ses maîtres le tueraient, il en était sur, s'il n'obéissait pas à leurs ordres malveillants. Et voilà que les De Valen voulaient un nouveau compagnon à fourrure, alors Genoa allait le leur fournir.  

La haine finit par l'emporter sur son semblant de calme, et il frappa dans le vide, rageant de devoir encore une fois tuer un être humain. Bark tira sur ses chaînes, tentant de maintenir le prisonnier. Genoa était son aîné, mais le lycan avait abandonné tout respect pour son "géniteur" lorsque les De Valen lui avait proposé de devenir un membre particulier du château, de devenir le garde de toutes leurs créatures. Le gardien leva une nouvelle fois son fouet, mais il ne l'abaissa pas sur le dos de sa pauvre victime. La lune venait de se voilée, plongeant la cour du château dans le noir complet.  

Grâce à sa vue de loup, Genoa pouvait voir dans la nuit. Il discerna l’inquiétude sur les traits de Bark et les autres créatures enfermées à travers tout le domaine parurent soudain nerveuses. Des jappements plaintifs s'échappèrent de la cage la plus proche et Genoa devinait la nervosité de ses pairs. Après plusieurs secondes où le temps parut resté figé, la lune réapparut, plus vive que jamais et rougeoyante. Alors, quelque chose d'étrange se passa : Genoa, le plus vieux lycan du domaine, sentit une force nouvelle, puissante, l'abriter. Il se libéra sans peine de ses chaines, et avant que Bark ait pu esquisser le moindre geste, son aîné lui assena un violent coup sur la tête, qui l'envoya à l'autre bout de la cour, assommé.  

Genoa saillit ses muscles, testant leur résistance. Des aboiements puissants retentirent dans la cour et le jeune homme compris qu'il était temps pour lui de partir. La meute allait le poursuivre et le ramener en prison, il devait alors s'enfuir maintenant. Plus rapide que jamais, il courut, puis se transforma dans un saut magistrale. C'était grisant. Pour la première fois depuis très longtemps, il allait pouvoir courir autant qu'il le voudrait, aussi loin qu'il le désirait, et personne ne le rattraperait. A la muraille, il stoppa net. Il avait distancé la meute à ses trousses, mais une silhouette lui barrait la route. Encapuchonnée dans un long manteau, Genoa découvrit Dior, la médium. Il voulut lui demander ce qu'elle faisait là, mais il se doutait de la réponse : elle avait vu cet instant avant même qu'il ne se produise. Il la fit rapidement monté sur son dos et, alors qu'elle se cramponnait à ses poils dru, il grimpa la muraille, puis bondit de l'autre côté. Tout deux s'enfoncèrent dans les sous-bois, pour ne surement jamais réapparaître...  

Plus loin, perché sur une falaise, surplombant le domaine des De Valen, Genoa et Dior se sentaient à la fois libres et perdus. Ils avaient toujours rêvés de quitter le château, mais sans vraiment y croire, et maintenant qu'ils étaient dehors, ils étaient déboussolés, ne sachant pas quoi devenir.  

La lune était redevenue la même, jaune brillante et Genoa se sentait épuisé. Il contempla un instant Dior, ses cheveux ailes de corbeaux auréolés sous la lumière blafarde de l'astre nocturne.  

"- On ne peut pas les laissé", dit la jeune femme.  

Le jeune loup était d'accord, mais l'idée de retourné dans ce château le terrorisait. La jeune femme aussi aurait préférée partir loin, très loin d'ici, mais elle ne pouvait se résoudre à laisser toutes ces créatures, ses frères et ses sœurs de malheur, aux mains abominables des De Valen.  

D'un silencieux commun accord, Genoa et Dior avaient pris leur décision. Le lendemain, ils planifieraient une évasion, et passeraient à l'attaque au crépuscule, là où ils seraient les plus forts.