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Loupieau Production France présente
Résistant

1937, Épernay  

 

Je m'appelle Pierre. Pierre Chartrel (Clement Drake). J'habite à Épernay, une petite ville de la Champagne. D'ailleurs on baigne dedans. C'est bien la seule chose que j'aime: ma région. J'ai 12 ans, c'est l'âge bête. Je ne dis pas ça pour moi, mais pour les autres. Les autres du collège Notre-Dame-Saint-Victor. Le seul collège privé de la ville. Le plus renommé donc. Nos professeurs sont très bien, je n'ai pas à m'en plaindre. Mes camarades, par contre... Comme je suis premier de la classe - je vous avoue que j'en suis fier – les autres élèves ne m'apprécient pas vraiment. Pour eux, je suis d'un autre monde: celui des fayots. Pour ma part, je pense aussi ne pas faire parti du même monde qu'eux. Je pense faire parti de l'intelligence. Je m'entends bien avec mes professeurs. Mais je n'ai pas d'amis. Personne à qui parler de mes malheurs quotidiens qui me rongent. Pas même à mes parents. Père (Wolfgang Lennon) est directeur de la maison de champagne Chartrel. Il est très occupé, presque toujours absent, au travail. Ma mère (Estelle Green), elle, a divorcé de père, chose je l'avoue assez rare pour l'époque. C'est une femme émancipée, libre des hommes. Malgré tout, cela ne l'empêche pas de m'aimer. Seulement voilà, elle est parti vivre à Paris, avec sa troupe de théâtre. Je ne peux rien lui raconter non plus. En plus, elle n'a pas le téléphone. Mais je l'aime et voudrais la voir plus souvent, pour tout lui dire. Coincé dans ma solitude, n'ayant personne à qui parler, j'écris. Des poèmes. Sur mes malheurs. Sur les filles que j'observe. Sur l'extrême droite, que je trouve menaçante, notamment en Allemagne, le NSDAP. Cela m'effraye parfois. Je les écris pour moi, dans l'espoir que plus tard, quand je serais un grand écrivain, on se dise que j'étais déjà un génie en les retrouvant.  

 

1940, Épernay  

 

Fini la vie «simple». Je n'ai plus de privilèges à être fils de riche. La France a perdu la guerre. Cinq petites semaines... Père ne s'est même pas battu. Comme quoi la richesse ouvre toutes les portes : celle des dispenses de guerre, celle de la lâcheté... Père est lâche. Il n'a pas défendu son pays: la France. Pour ça, je m'en suis encore plus éloigné. Même si je vois bien qu'il regrette. Car on a perdu. On s'est pris une raclée! Une véritable débâcle. On est occupé par les Allemands. Ce que je redoutais est arrivé. Les Nazis dominent l'Europe. Il faut que j'utilise mon talent d'écriture pour la révolte. La résistance, comme on commence à l'appelée.  

J'écris ma haine des envahisseurs.  

Ici les Nazis défilent  

Ma haine profonde.  

Dans les rues qu'ils embouent  

Ma haine de leurs idées racistes.  

De leurs idées futiles  

J'écris la résistance  

Sparnaciens, révoltez-vous!  

 

J'avais seulement 16 ans quand j'écrivais ces vers. Je signais sous divers pseudonymes, de peur d'être reconnu. Bien qu'étant un enfant, et logiquement, protégé, je ne pouvais risquer la torture ou les horribles camps. Mon poème, toute la ville l'avait lu. Ou entendu. À cette époque, tout le monde ne savait pas lire. Certains «collaborateurs», détestables, le firent brûler. Mais bon, il en existait des dizaines d'exemplaires. La plupart des gens, vexés par ce qui se passait, décidèrent de rejoindre la Résistance et de mener la vie dure aux occupants et aux traîtres. Même Père. Il ne participait pas aux actions de sabotages, mais, en tant qu'homme riche, il finançait toutes les actions clandestines. Il cachait aussi des Juifs dans notre maison, dont une jeune fille de ma classe (Salome Chasen), auparavant. Je dois dire que je la trouvais assez jolie. Il y avait aussi ses parents, respectables, avec elle. Je compatissait à leur malheur. Et Père haïssait les nazis.  

 

1941, Épernay  

 

Les SS parcourait la ville à la recherche des Juifs, comme des vampires assoiffés de sang. Un jour, comme l'on s'y attendait, un colonel SS frappa à notre porte. Il s'appelait Fredrick Schultz. Il entra. Il croyait qu'on était une bonne famille, honnête envers l'occupant. Mais qu'est-ce qu'il croyait?! On était honnête, oui, mais à notre patrie, la France. Il nous demanda si l'on n'hébergeait pas de Juifs. Comme si on allait répondre que oui! On nia avec Père, et comme il était encore respecté, le SS s'en alla. Mais au moment où il allait franchir la porte, un craquement se fit entendre à l'étage. On dit que c'était le chat. Le SS monta à l'étage. Les Juifs était piégés. Mon père choisi alors entre la vie d'un pourri et celles de plusieurs innocents. Son choix fut vite fait. Il s'empara d'une de ses bouteilles de son merveilleux champagne et frappa à la tête. Le SS s'écroula comme une masse. Mais père ne pouvait pas le laisser en vie. Il prit son revolver et lui tira une balle entre les deux yeux. Il ne pouvait plus rester maintenant. Il écrivit une lettre pour me disculper du meurtre de ce nazi. Puis il me dit adieu. Je ne l'ai jamais autant aimé. Il partit. Après, j'ai continué à écrire. Mais j'ai été dénoncé. Par celle que je croyait fidèle, la mère de mon meilleur ami. Voici le poème que j'avais écrit:  

 

 

Nazis, écoutez-moi!  

Vous ne méritez pas la vie  

Que vous ôtez à Paris,  

En Province et dans les bois,  

Aux Juifs innocents  

Sous prétexte qu'ils sont différents.  

Hitler, crève dans les braises  

Vive la république Française!  

 

Pour ça, on m'a emprisonné. La Gestapo m'a torturé. M'a envoyé dans les camps. Ici finira sûrement ma vie de résistant.

Scénario : (2 commentaires)
une série B historique de Gorka Marchena

Clement Drake

Salome Chasen

Wolfgang Lennon

Estelle Green
Musique par Emmannuelle Donovan
Sorti le 09 mai 2020 (Semaine 801)
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