- 27 août 1997 -  

... krchhh... c'est dans un communiqué empli d'émotion qu'annoncait-on hier la mort de Princesse Diana, une terrible tragédie qui touche... krchhh...  

L'autoradio crépitait dans la Mercedes officielle de Colbung, un homme au visage strict et qui faisait partie de la délégation Noongars. Le hasard aura fait qu'une tragédie anglaise survienne le jour où cette délégation attérit pour résoudre une ancestrale tragédie aborigène... Cela n'avait évidemment pas été facile de récupérer un tel artéfact, un tel symbôle du désir de liberté des aborigènes, mais il était indispensable pour son peuple de pouvoir offrir à leur héro un enterrement digne de ce nom.  

Entre ses mains, il tenait un petit coffret. Il avait eu confirmation de ce qu'il s'y trouvait et doucement il évoquait en Noongar : Tu rentres au pays, Yagan, tu reverras enfin ta famille, après plus de 177 ans...  

- 178 ans plus tôt... -  

Le sable, la terre rougie par un soleil brûlant, un calme effroyable qui peu à peu venait à être troublé par des coups frénétiques sur le sol. Des pids, vifs, fugaces, témoignant d'un besoin de courrir face à un ennemi très puissant, agités par une respiration haletante mais contrôlée. L'homme zigzagait entre les différentes pierres sans même se retourner, jusqu'à soudain s'arrêter à l'une d'entre elle pour s'y cacher et reprendre un souffle qui commencait à lui manquer. La sueur coulait sur son visage où l'on ne pouvait plus discerner la véritable couleur de la peau de celle de la poussière.  

Il tenta de regarder le plus discrètement possible dans la direction de laquelle il venait et découvrait avec une grande surprise qu'il n'y avait personne. C'est en tout cas la certitude que son esprit avait jusqu'à sentir un trait glacé couvrir sa gorge.  

Bah alors Tenoonar... Tu n'arrives plus à me distancer ? susurra alors une voix derrière lui.  

Non... J'ai bien l'impression ... que je n'ai... plus rien... à t'apprendre... Yagan souffla de manière entrecoupée celui qui croyait être si bien caché.  

Yagan (Jack Goodman) retira alors sa lame et se laissa tomber au sol, contre la pierre. Tenoonar en fit de même et se mit même à rire nerveusement. En effet, si Yagan n'avait plus rien à apprendre, c'est qu'il était désormais plus efficace que lui... Plus rapide... Plus agile... Plus jeune aussi. Tandis que Yagan partagea un peu de nourriture avec son instructeur, celui-ci se souvenait encore du jour où il prit dans ses bras l'héritier du chef Noongar. Sa naissance semblait s'être synchronisée avec les premières guerres que menaient les tribus alliées contre l'occupant blanc. Il avait été chargé de son éducation militaire afin d'en faire un chef de guerre qui rallierait les tribus afin de repousser hors des terres aborigènes ceux que les chamans apellent "les guerriers cracheurs de feu". Tenoonar était désormais certain que même leurs fusils ne pourraient rien contre de véritables guerriers Noongar !  

Yagan... Comme je te l'ai dit, je n'ai plus rien à t'apprendre. Tu comprends ce que cela veux dire, j'espère reprit alors Tenoonar après avoir englouti deux bouchées.  

Cela veut dire qu'il me faut accomplir mon destin, maître... Et peut-être que je comprendrais alors la prophétie du Chaman Yarooti répondit Yagan en mastiquant bruyamment. Il est à son sujet une prophétie selon laquelle il ne parviendrait à libérer les aborigènes qu'à son retour sur les terres. Pourtant, il ne comptait pas les quitter !  

Les mois qui suivirent démontrèrent aux Noongars qu'ils avaient eu raison de croire en leur futur chef de guerre. Yagan était un guerrier incroyable qui ne se battait ni à l'épée, ni à l'arc, ni au fusil, mais avec pour seule arme son baton. Avec lui, il parvenait à vaincre tout ennemi face à lui et prouver qu'il serait digne de l'espoir qu'un peuple lui portait. Il eut tôt fait de rassembler une petite troupe de vaillant guerrier afin de faire ce que les peuples aborigènes n'avaient presque jamais connu : partir en guerre.  

Yagan organisait des attaques très stratégiques, mais basées sur la peur. Les yeux de yagans s'illuminèrent de plus en plus à la vue des colonies britanniques en feu. Un regard qui devenait parfois trop animal, mais qui était soutenu par une seule et même volonté : combattre l'envahisseur et libérer son peuple !