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Guards Brothers présente
Mis et Thiennot

----www.misetthiennot.org  

 

À l’issue des trois procès en Cours d’Assises, à Châteauroux, Poitiers et Bordeaux, Raymond Mis et Gabriel Thiennot ont été condamnés à 15 ans de travaux forcés pour le meurtre d’un garde-chasse en décembre 1946 dans l’Indre.  

 

Les deux hommes, depuis leur incarcération à la prison de Châteauroux, le 9 janvier 1947, n’ont jamais cessé de clamer leur innocence. Ils ont toujours affirmé avoir subi de graves sévices durant leur garde-à-vue qui a duré huit jours à la mairie et à la gendarmerie de Mézières-en-Brenne et avoir été obligés de signer des aveux sous les coups et la torture.  

 

Comme eux, six de leurs compagnons, considérés comme complices, ont subi le même sort. Les coups ont été constatés par le médecin et les gardiens de la prison au moment de leur incarcération.  

 

Autre fait troublant : la pression exercée sur les enquêteurs par Jean Lebaudy, riche sucrier et propriétaire du domaine où le garde-chasse Louis Boistard a été abattu. Lebaudy, rendant visite chaque jour aux enquêteurs pour les inciter à obtenir des résultats et versant un chèque de 100 000 francs de l’époque aux œuvres de la police et de la gendarmerie au quatrième jour de l’enquête pour les encourager à trouver un ou des coupables au plus vite.  

 

Graciés à mi-peine, en 1954, par le Président Coty, Mis et Thiennot ont toujours réclamé la révision de leur procès.  

 

----25/09/2009 - Libération  

 

Raymond Mis, condamné avec Gabriel Thiennot en 1950 pour un meurtre que ces deux chasseurs ont toujours nié, est mort dans la nuit de mercredi à jeudi à l'âge de 83 ans, a-t-on appris jeudi auprès de leur comité de soutien à Châteauroux (Indre). «Raymond Mis est décédé des suites d'une hémorragie cérébrale dans la nuit de mercredi à jeudi dans un hôpital», a indiqué Léandre Boizeau, président du comité de soutien. (Lire la suite...)  

 

Raymond Mis vivait près de Toulon, dans le Var. Gabriel Thiennot, qui vivait dans l'Indre, est décédé le 2 juin 2003. Raymond Mis et Gabriel Thiennot avaient été condamnés le 5 juillet 1950 à 15 ans de travaux forcés chacun par la cour d'assises de Gironde pour le meurtre du garde-chasse Louis Boistard, retrouvé mort le 31 décembre 1946 dans un étang de la commune de Saint-Michel-en-Brenne (Indre). En 1954, ils avaient retrouvé la liberté à la suite d'une grâce du président René Coty. Depuis, soutenus par un comité créé en 1980, ils demandaient qu'on leur rende leur honneur en reconnaissant leur innocence. Ils avaient avoué dans un premier temps les faits avant de se rétracter. Selon eux, leurs aveux avaient été extorqués sous la torture. Depuis 1980, Jean-Paul Thibault, leur avocat, a déposé cinq requêtes visant à remettre en cause la condamnation prononcée par la cour d'assises de Gironde. Elles ont toutes été rejetées par la commission de révision, la dernière datant de janvier 2007.  

 

Maître Thibault a déposé en octobre 2007, un recours devant la cour européenne de justice. «On nous a promis une réponse avant la fin de l'année 2009», a indiqué Léandre Boizeau. Pour ce dernier, «la disparition de Raymond Mis ne change rien en ce qui concerne le sens du combat qui est le (leur). Raymond n'avait pas d'enfant mais Gabriel a des enfants qui sont juridiquement habilités à demander une requête en révision, à poursuivre le combat (...) Le comité de soutien est en train de mettre sur pied le dépôt d'une nouvelle requête devant la justice française», a-t-il précisé.  

 

----27/09/2009 - France-Soir  

 

Jusqu’à leurs derniers souffles, Gabriel Thiennot et Raymond Mis – tout juste décédé – ont tenté de faire reconnaître qu’ils avaient été condamnés par erreur, en 1950, pour le meurtre d’un garde-chasse. Leur avocat poursuit la joute judiciaire.  

 

Sa mort est loin de dissiper l’une des plus fameuses énigmes judiciaires de l’immédiate après-guerre. Raymond Mis, 83 ans, condamné avec Gabriel Thiennot, en 1947, pour un meurtre que les deux hommes ont toujours nié, est mort, jeudi 24 septembre, a révélé son comité de soutien situé à Châteauroux (Indre). L’unique survivant de cette bataille procédurale vieille de plus de soixante ans s’est éteint, chez lui, à Toulon (Var), des suites d’une hémorragie cérébrale.  

 

Gabriel Thiennot, son coaccusé, qui ne s’était jamais résolu à quitter l’Indre, était survenu, le 2 juin 2003, à 76 ans révolus. « La disparition de Raymond Mis ne change rien en ce qui concerne le sens du combat qui est le nôtre. Il n’avait pas d’enfant mais Gabriel a des enfants qui sont juridiquement habilités à demander une requête en révision », insiste Léandre Boizeau, le président du comité de soutien des deux condamnés aujourd’hui décédés. Loin d’éteindre toute action publique, le décès des deux compagnons d’infortune stimule le comité de soutien travaillant d’arrache-pied au dépôt d’une sixième requête devant la justice française. Surtout, Me Jean-Paul Thibault, son avocat, fonde de menus espoirs sur le recours intenté, en octobre 2007, devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), une décision attendue pour la fin 2009.  

 

Contre vents et marées, la commission de révision des condamnations pénales n’a, jusqu’à présent, jamais daigné revenir sur ce qui pourrait être l’une des erreurs judiciaires les plus extravagantes de l’après-guerre malgré cinq requêtes dûment formulées : Raymond Mis et Gabriel Thiennot, deux pauvres bougres, condamnés il y a soixante ans à quinze ans de travaux forcés pour le meurtre d’un garde-chasse. Un crime dont leur comité de soutien promet, quoi qu’il en coûte, d’en démontrer l’invraisemblance six décennies plus tard.  

Un influent châtelain…  

 

Stupeur, en ce 31 décembre 1946, dans la commune de Saint-Michel-en-Brenne (Indre). Le cadavre de Louis Boistard, quatre balles dans le corps, gît dans l’étang des Saules. La mort de l’homme à tout faire de Jean Lebaudy, le châtelain local, ne doit pas rester impunie. L’industriel, dixième fortune de France forgée dans le sucre, et sans peine malgré l’Occupation, en fait une question de principe, lui qui dirige en outre des milliers d’hectares où sont employés maints agriculteurs du pays. Sûr de son statut, Jean Lebaudy, maréchaliste notoire, glisse la rondelette somme de 100.000 francs dans les vestons de gendarmes et policiers. Pas question de voir l’enquête s’appesantir. La procédure ne traîne pas. Menée tambours battants par des pandores corrompus et des policiers aux ordres, elle débouche aussi sec sur l’arrestation de coupables à portée de matraques. Plus fort que sucre et café réunis, ses conclusions sont limpides. Lesdits criminels ont été appréhendés la veille de la découverte du corps criblé de plomb de Louis Boistard ! Dix jeunes chasseurs sont sommés de s’expliquer. Le choix est mince : signer des aveux circonstanciés. Une semaine d’interrogatoires musclés dirigés par le commissaire Daraud, adepte des techniques de la sinistre Gestapo, est nécessaire. Les suspects sont soumis à la « prière des juifs ». De menus morceaux de bois glissés dans les mains jointes des suppliciés patiemment écrasés… Au matin du 8 janvier 1947, la maréchaussée plastronne : deux chasseurs avouent, visages et membres tuméfiés. Le premier est un enfant de « Polaks ». Juif, peut-être bien, un père prénommé Jacob ; le second ? Un « rouge », rejeton de résistant – c’est bien –, mais communiste ça l’est moins. Pétainiste convaincu et résistant de la toute dernière heure par l’entremise du défunt Boistard, Jean Lebaudy se frotte les mains. Au moins autant que le commissaire Daraud, dévoué, durant l’Occupation, à la traque zélée des « communo-gaullistes ». Tant pis pour l’ineptie, tant mieux pour l’administration de la IVe République naissante, en mal de bras, fussent-ils sévèrement compromis.  

Moult incohérences  

 

L’extorsion brutale des aveux importe peu. Raymond Mis et Gabriel Thiennot ne les réitéreront jamais. Bien au contraire, ils se rétractent presque immédiatement devant le juge d’instruction, puis, lors de leurs procès, face aux jurés. L’enquête est truffée d’incohérences. Gabriel Thiennot n’était pas sur les lieux à l’heure où le crime a été commis, le gendarme Sarrazin l’atteste. Les horaires officiellement consignés dans la procédure sont fantaisistes. Les fusils de Raymond Mis et de Gabriel Thiennot ne tirent qu’un coup – quand l’expertise balistique désigne, formelle, une arme censée en tirer plusieurs. Enfin, Albert Niceron, l’unique témoin à charge, est un simplet dont les versions ont varié au gré des interlocuteurs… L’affaire déchaîne les passions. Le prétoire est soumis à rude épreuve. Trois procès plus tard, les deux chasseurs sont condamnés, en 1950, par la cour d’assises de la Gironde, à quinze ans de travaux forcés. Les redoutables effets de manche de Me Maurice Garçon ont été efficaces, grassement rétribués par Jean Lebaudy, épris de justice comme de résistance : la francisque, aiguisée, dissimulée sous le blason de la respectabilité.  

 

L’affaire rebondit lorsque René Coty, le président de la République, use, en 1954, de son droit de grâce en faveur des deux prétendus criminels. Loin de s’en satisfaire, Raymond Mis et Gabriel Thiennot entament dès lors un véritable marathon judiciaire. Portés par un indéfectible comité de soutien créé en 1980, ils déposent jusqu’à cinq requêtes successives en révision afin de laver leur honneur. Peine perdue. Gabriel Thiennot n’y survit pas et décède le 6 juin 2003.  

Un marathon judiciaire  

 

Ses ayants droits, épaulés par Raymond Mis, le compagnon d’infortune, poursuivent le combat judiciaire. La cinquième et dernière requête est déposée, en 2005, pour être rejetée, une fois de plus, en janvier 2007. L’élément nouveau apporté par leurs avocats – nécessaire en matière de révision – est évacué d’une vulgaire chiquenaude par les magistrats de la commission des révisions. Peu importe que leurs présumés complices aient indiqué, par la suite et sous serment, que ni Raymond Mis ni Gabriel Thiennot n’ont jamais rencontré Louis Boistard, certifiant en outre les brutalités policières endurées.  

 

Quid du véritable coupable ? La fille de Désiré Brunet, un métayer au service du maréchaliste Lebaudy, aurait d’elle-même livré à des proches l’origine du crime. Son père aurait tué le garde-chasse pour un différend sentimental. Une tout autre version court cependant les marais. L’homme lige de Jean Lebaudy aurait été abattu sur ordre. Il en savait trop sur les compromissions, sous l’Occupation, des notables locaux, dont son propre patron. Une énigme jamais élucidée ayant entaché soixante ans durant l’honorabilité de deux hommes salis à jamais par les eaux saumâtres de l’étang des Saules.

Scénario : (4 commentaires)
une série Z documentaire (Affaire criminelle) de Beverly Wright

Sam Boston
Musique par Benjamin Sagnier
Sorti le 22 août 2020 (Semaine 816)
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