Le passé - Country Hill, dans la banlieue de Chicago.  

Richard Ashley-Wallace (Leonardo Scherzo) et sa compagne reviennent d'une soirée assez arrosée chez des proches. Alors que son amie, un peu pompette, retire ses chaussures pour mieux marcher sur l'asphalte, Richard avise une bande de jeunes qui se dirige vers leur véhicule luxueux qui détonne plutôt au milieu du parking. Il presse le pas, rentre dans la berline spacieuse, met le contact et entame une manoeuvre de recul.  

Un premier gang-boy essaye de défoncer la vitre d'un coup sec avec une matraque tandis que d'autres attaquent sa compagne. Il stoppe le véhicule, en sort avec les clés et se précipite vers elle. Il n'a que le temps de voir la jeune femme tomber et se fracasser le crâne sur le trottoir. Il se précipite - elle perd beaucoup de sang.  

Les agresseurs ont pris la fuite. Le véhicule est toujours là. Il est seul.  

Le présent - dans une cave de Country Hill, 05h00 du matin.  

Richard Ashley-Wallace vient de se réveiller - toujours ce même cauchemar, toujours cette obsession.  

Dans ce qui servait autrefois de repère à ses anciens agresseurs, il sort d'un sommeil troublé. Il se lève, entraine deux-trois mouvements d'arts martiaux, une dizaine de pompes, se douche dans un local annexe aménagé et allume les ordinateurs.  

Il jette un coup d'oeil à son armure dissimulatrice de samouraï urbain, connectée au réseau d'électricité local piraté. La batterie dorsale indique 25% : Hum, elle ne se recharge plus. Il va falloir penser au Service Après-Vente. L'homme qui a créé cet engin de mort, le "Chef d'Orchestre" (Yvan Dressamaire) comme il se faisait appeler, pourrit au trou et reste un criminel qu'il n'a pas réduit au silence.  

L'ancien propriétaire de l'armure… ce 'M', comme il se faisait appeler, se doutait qu'il aurait besoin de l'inventeur un jour. Mais lui, Richard, ne voulait pas faire appel à une telle engeance, même pour remettre en état un outil qui lui permettait de faire régner la terreur chez les criminels et les dealers. Il trouverait un autre moyen.  

Au même instant, dans la prison de Ryker's Island, au large de New-York City.  

Aujourd'hui, Timothy Beck est responsable des matons de l'aile Ouest. Il n'aime pas cet endroit. Déjà, il lui paraît trop propre, trop récent, trop moderne et accueillant : c'est la zone où l'on a casé les criminels "particuliers", non-psychotiques mais qui requièrent une surveillance et des cellules adaptées - tous ceux qui ont été arrêtés par les "Services Spéciaux" de l'Etat. Dieu merci, on leur a épargné les mutants et les "spéciaux" - Ryker n'est pas la Foire du Trône et les Services Secrets ont bien assez de "Guantamano" à eux pour caser ces… "gens".  

Avec tout cet attirail hyper-sophistiqué au milieu d'une prison reconnue pour son insalubrité terrifiante, c'est un peu donner de la confiture au cochon. Timothy peste : tant de fric dépensé ici alors que les écoles de son quartier n'ont même pas de quoi payer les profs de son môme...  

En passant devant la cellule du "Chef d'Orchestre", il y jette un coup d'oeil, comme à son habitude. Le "Chef" est un locataire modèle ici : il a appris à pas mal de prisonniers à lire, écrire. Tim a appris à se méfier des gars trop gentils ou trop calmes mais on a jamais rien eu à lui reprocher dans ces murs en tout cas.  

Mieux : on lui a permis d'avoir un compagnon. Du coup, on est allé le chercher chez les "droits communs", histoire de ne pas caser deux "particuliers" au même endroit. Là, c'était un jeune qui purgeait six mois pour un vol de caisse.  

Un des deux est encore sous les draps. Le "Chef d'orchestre" est assis sur son lit et sourit bêtement à la porte dans la semi-obscurité de la cellule.  

Timothy a 15 ans d'expérience, son instinct de gardien tinte qu'il y a un problème. Il allume à distance les lumières de la pièce, leur demande au micro de se lever. Aucun des deux ne bouge. Le "Chef" porte ses habituelles lunettes noires mais quelque chose dans son sourire…  

Nom de dieu.  

Tim sonne l'alerte au poste de garde. Quelques instants plus tard, deux autres membres du personnel lourdement armés ouvrent la porte qui coulisse sans un bruit. Tim se rapproche de l'individu assis.  

Dès qu'il l'effleure, il s'avachit sur le côté. En touchant le sol, le masque de glaise qui recouvrait son visage révéle un faciès de cadavre dessous. Le gamin.  

Un collègue de Timothy Beck avise les lits. Remplis de draps.  

Où est passé le "Chef d'Orchestre" ? Que va-t'il dire à sa hiérarchie : que l'inventeur génial les a bluffés avec un masque de carnaval et un balai enfoncé dans un lit et glissé sous les vêtements d'un voleur de voiture mort asphyxié ?  

Ailleurs.  

"- Vous vous rendez compte des risques que vous me faites courir ?"  

La politicienne se nommait Barbara Streisand (Jessica Hart) - comme la chanteuse, mais il valait mieux éviter de la gonfler avec ça. Elle était accompagnée de ses deux porte-flingues et regardait fixement le "Chef d'Orchestre", le visage grave.  

Streisand était candidate aux prochaines élections du District Attorney de Chicago. Elle voulait faire un "coup" en capturant, juste avant l'échéance, celui qui avait mis la ville à feu et à sang : ce "M" ou "Mercenaire Noir", ou "Dark Mercenary" selon les médias, cet outlaw qui ridiculisait la Police, gênait le travail des politiciens habituellement liés au Crime Organisé, et faisait passer la Justice de l'Etat pour laxiste.  

Le FBI et la CIA s'y étaient cassés les dents : on l'avait cru mort mais il était revenu, tel un fantôme. Mais qui mieux que l'inventeur de ce "monstre" pour le détruire ? Il était assis là, devant elle, sur la plage arrière de l'imposante limousine garée sur les docks. En face d'eux, l'ombre de Ryker se découpait dans les premiers rayons matinaux.  

L'ancien inventeur avait accepté le deal avec la politicienne. Il avait préparé son évasion durant des mois et l'avait retrouvée ici. Il était encore un peu mouillé : tout ne s'était pas forcément passé comme prévu mais à l'heure qu'il était, il se sentait mieux ici que là-bas. Il avait au moins menti sur un point à l'ambitieuse : il ignorait complètement l'identité de son adversaire.  

"M" et lui s'étaient retrouvés, "M" était décédé, ça ne faisait aucun doute. Celui qui l'avait remplacé avait le même comportement de sociopathe mais pas les mêmes connaissances techniques il en était certain : bientôt, son armure non entretenue ne serait plus qu'une coquille vide.  

Lui par contre ne pouvait plus compter sur sa fille Jenna pour participer à la traque : "M" l'avait lâchement assassinée. Streisand, pour compenser, lui avait passé un dossier très intéressant - celui d'une ex-marine (Summer Green) qui avait une vengeance personnelle à prendre sur le compte du "Mercenary". Son papounet, policier corrompu, avait pris une balle perdue durant une confrontation entre l'homme à l'armure et le Chicago Police Dept.  

Il l'équiperait donc d'une nouvelle armure sur laquelle il avait commencé à travailler. La vengeance était un moteur implacable.  

******************  

Seconde aventure du vigilante de l'AriVerse.  

(Script original, séquelle de Mercenary (2019) : http://www.cinejeu.net/index.php?page=p&id=54&unite=fenetre&section=vueFilm&idFilm=15269