C'est absurde. Totalement absurde. Mais quand on y pense...Et si le sort de l'humanité toute entière dépendait d'un vote? Un vote, qui, s'il avait été autre, aurait changé la face du monde. Le monde n'aurait alors pas pleuré.  

Stuttgart, Allemagne. Février 1932.  

Hans Frings (Christopher Fielding) et sa famille mènent une vie normale à Stuttgart. Hans est un avocat respecté et convoité dans toute la ville. Ses plaidoiries l'ont rendus célèbre dans tout le Wurtemberg. Sa femme, Hanah (Francesca Adler), s'occupe de leurs trois enfants (dont Eva, Amanda Sagnier) . Ils vivent ensemble, heureux, le métier de Hans rapporte gros même s'il est souvent absent. Un jour qu'il venait de faire gagner un procès à son client, alors accusé de vol à main armé, Hans organisa, une petite fête chez lui pour fêter l'événement. Car cette fois-ci, son client ne lui était pas inconnu. Il s'agissait de Fabian Hansen (Sean Kauderer), son ami de toujours. Fabian était médecin. Mais alors que la fête battait son plein, Fabian emmena Hans à l'écart pour lui parler. Malgré qu'il venait de gagner le procès, il semblait troublé, nerveux. Hans lui demanda:  

- Qu'est-ce qu'il y a mon vieux?!  

- C'est-à-dire que...Je suis très content que tu m'ait défendu au procès, mais voilà. Je m'inquiète. Pas seulement pour moi, mais pour toute ma famille. Vois-tu, je pense qu'aujourd'hui, nous les Juifs, nous ne sommes plus en sécurité en Allemagne. La preuve avec ce procès bidon. Le parti nazi m'effraye.  

- Oui, c'est vrai, je te comprends. Mais je ne pense pas que les nazis représentent un grand danger. Et puis, je ne voterais pas pour eux en Mai!  

Quelques peu rassuré, Fabian remercia son ami et tous deux rejoignirent la fête.  

Stuttgart, Mai 1932.  

Les élections législatives approchaient à grand pas. Tous les allemands se passionnaient pour la politique. En bien ou en mal. Les sondages donnaient le KPD vainqueur, 3 points devant le NSDAP. Autant dire que rien n'était joué. Ce qui inquiétait de plus en plus Fabian. Car en plus, il avait vu sa clientèle baissé. Même parmi les fidèles des fidèles, les vieilles personnes. Sa femme, nourrice, peinait à trouver des enfants à garder. Autrefois, elle était débordée. Mais Fabian redoutait surtout l'avenir de ses enfants. Sa fille et son fils étaient souvent insultés de «Parasite humain», de «sang impur» ou «d'animaux». Il s'inquiétait pour eux, si bien qu'il commençait sérieusement à envisager la possibilité de les envoyer chez son cousin éloigné en Amérique. Il avait besoin de conseil. Il voulu voir Hans, mais lorsqu'il arriva sur le seuil de sa maison, ce fut sa femme qui lui ouvrit. Hanah l'invita à entrer et lui informa qu'Hans n'était pas là, mais qu'il n'allait pas tarder à revenir. Hans lui avait pourtant toujours dit quand il était indisponible ou non.  

A des rues de là, Hans était dans une cave. Il discutait. Il ne savait pas quoi faire, ne savait plus où donner de la tête. Pourtant, une chose lui faisait pressentir que les élections de la semaine prochaine étaient les plus importantes de sa vie. Peut-être même de l'histoire. A ses côtés dans cet endroit obscure, il se trouvait y avoir Alfred Mandl (Wolfgang Lennon), un ami récent. Ils avaient fait connaissance lors d'un procès, tous deux étant avocats et tous deux ayant apprécié la prestation de l'autre. Alfred n'avait par contre pas les mêmes opinions politiques que son homologue, aussi, en bon parleur, essaya-t-il de le convaincre. Alfred était un partisan d'Hitler. Aussi ne comprenait-il pas pourquoi Hans, en «vrai allemand», ne votait pas pour le parti nazi. Il essayait de le convaincre par tous les moyens les plus horribles, par des exemples totalement infondés. Par des mensonges auxquels il croyait plus que tout. Mais au lieu de cela, il embrouillait plus le cerveau d'Hans qu'autre chose, rendant son esprit le plus flou possible. De son côté, Hans commençait à être persuadé de la supériorité de la «race» allemande. Mais il ne pouvait toujours pas se décider. En effet, les images de ces 30 dernières années, passées auprès de Fabian, son ami juif, lui revenaient en tête. De la maternelle jusqu'à aujourd'hui, il revisionnait toutes les bêtises qu'ils avaient fait ensemble, les fous rires qu'ils avaient partagé...Quand il sortit de chez Alfred, il était plus troublé que jamais.  

La semaine qui suivit fut la plus agitée de toutes. D'abord dans la ville. Des svastika apparaissaient à chaque coin de rue, laissant de moins en moins la part de doute quand à l'issue du vote. Les tracts nazis déferlaient sur la ville, la violence augmentait. Comme partout dans le pays. Hans avait été subitement malade. A force de réfléchir, il ne savait plus que faire, que penser. Mais tout comme Fabian, c'est la mort dans l'âme qu'il se rendit au bureau de vote. Fabian, lui, voterait pour le KPD, les communistes, sans la moindre hésitation, bien qu'il ne soit pas forcément de gauche. Mais sa vie en dépendait, il le savait, car il avait lu les atrocités qu'Hitler leur réservait dans Mein Kampf. Hans lui, quand il arriva à la hauteur des enveloppes, ne savait toujours que faire. Sa femme non plus. Elle hésitait encore plus. Voter «pour l'Allemagne» ou pour leur ami juif de toujours? Si toujours vit encore longtemps...