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Drexl Production présente
Profession of Violence

2026, dans le marécage le plus inhospitalier qui soit, au cœur d’un pays équatorial en guerre civile.  

 

- Lèves-toi, salope ! Ou j’te laisse crever ici. J’en ai plein l’cul, d’t’entendre brailler comme une pute !  

 

La pauvre femme est à bout, incapable de surmonter la douleur mentale et physique. Les cris que lui lance le capitaine américain Spencer Crowe ne l’aide en rien. L’intensité de la pluie est telle que chaque goutte fait sur la peau l’effet d’un coup de fouet. C’est une véritable rivière verticale qui se déverse sur ce triste coin de pays. Les deux soldats, seuls au monde, pataugent, rampent depuis des jours, tirant et poussant avec leurs mains, avec leurs pieds, sans faire le moindre progrès. La terre n’est plus. Ils errent sur une éponge de vase et d’algues gluantes, malodorantes. À perte de vue.  

 

L’âpreté des conditions est inhabituelle, même pour le capitaine. Lui-même, si dur, si coriace, en est déstabilisé. Cela fait plus d’une centaine d’heures qu’il contre en tête, luttant férocement contre les éléments déchaînés, sans pitié. Ce n’est plus l’endurance qui lui permet de continuer, mais la persistance. Cette volonté extraordinaire qui le caractérise le pousse à toujours produire l’effort de plus, sans jamais s’arrêter. À chaque nouveau coup d’épaule, à chaque nouveau sursaut d’énergie brute, c’est l’univers entier qu’il défie, c’est l’univers entier dont il vient à bout, tranquillement, inexorablement.  

 

Dans son sillage, le caporal Shirley Reed souffre. Les côtes fracturées, le visage tuméfié, l’âme en lambeaux, la jeune femme, d’ordinaire si farouche, si combative, n’est plus capable de poursuivre. Elle est prête à se laisser mourir, à se noyer elle-même dans une flaque d’eau boueuse. Plus rien n’a d’importance. La perte de tous ses camarades l’a vidé de toute volonté. L’a jeté au cœur d’une profonde et insurmontable dépression. Crowe avait vu la chose venir.  

 

Ce bataillon qu’il avait eu sous ses ordres était trop soudé, trop noué pour son propre bien être. La perte d’un seul de ses membres allait plonger tous les autres dans le désarroi. Ces soldats n’étaient plus de simples compatriotes engagés dans la même sale guerre, mais des amis chers, des membres d’une même famille. Certains étaient même devenus amants. Dans tous les cas, les liens qui unissaient les membres de l’unité étaient trop forts. Ensemble, ils se rappelaient mutuellement pourquoi ils se battaient là, dans ce pays merdique éloigné de toutes leurs références sociales et culturelles.  

La mort de ces braves guerriers a détruit moralement Shirley Reed, mais c’est surtout les événements ayant conduit à la perte de ses amis qui l’a atteint au plus profond.  

 

On avait donné au bataillon du capitaine Crowe l’ordre de mission le plus épouvantable qui soit, mais les soldats l’avaient exécuté sans broncher, avec le plus grand professionnalisme. Le massacre au premier coup d’œil semblait gratuit – un village entier passé au « fil de l’épée », et peu de combattants parmi les habitants – mais les rapports étaient clairs : ils s’agissaient vraiment d’un foyer de résistance, et son emplacement sur la ligne de front était stratégique. Il fallait raser l’endroit, faute de quoi on devrait adopter une stratégie trois fois plus coûteuse en pertes humaines et la guerre se prolongerait sur plusieurs mois supplémentaires.  

Crowe et ses hommes avaient obtempéré, mais quelques semaines plus tard, le caporal Reed avait fait une découverte déconcertante en fouinant dans les ordinateurs de l’armée. Le village massacré abritait en fait deux mines de diamants dont on avait cessé l’exploitation le temps du conflit. Le haut-commandement avait ordonné la destruction du village simplement pour que des travailleurs d’un pays voisin mais allié puissent reprendre l’exploitation des mines au profit du gouvernement américain.  

Shirley Reed s’était offusquée de ce détournement malhonnête des ressources locales et en avait parlé peu après à son capitaine. Lequel, furieux qu’on ait osé employer ses hommes pour une mission aussi disgracieuse, s’était plaint directement au général en charge des opérations militaires dans ce pays, un certain Markus McEnroe, menaçant de tout dévoiler à la presse. Mais ça avait été une erreur grave. Le lendemain, des forces aéroportées détruisaient le campement du bataillon de Spencer à l’aide de bombes incendiaires, tuant tous ses hommes. Crowe et Reed s’en étaient miraculeusement sortie en se faufilant entre les mailles du filet tendu par des Marines redoutables, avant de prendre la route du sud à travers la jungle puis les marais. Manifestement, ils étaient en possession d’un secret que les hauts-dirigeants du pays ne voulaient surtout pas voir dévoiler au grand jour.  

À la tristesse du caporal Reed s’ajoutait donc une bonne part de culpabilité personnelle qu’elle s’infligeait injustement. Normal qu’elle soit aujourd’hui complètement abattue.  

 

Mais Spencer Crowe, lui, est un être à part. Son âme est enveloppée d’une carapace métallique qui empêche même ses sentiments les plus puissants d’affecter sa volonté et son moral. Car Spencer n’agit guère pour satisfaire sa propre personne. Toutes ses actions sont menées dans un seul but : la survie et l’intégrité de son unité. L’orgueil qu’entretient le capitaine pour son unité est immense, indestructible. Ainsi, malgré la souffrance, malgré la peine absolue, jamais Spencer n’abandonnera. Jamais il ne laissera derrière l’un de ses soldats. Jamais.  

 

- Grouilles-toi l’cul, pétasse ! Tu t’lèves et tu me colles aux basques, compris ? Si tu peux plus marcher, tu rampes, ou tu nages, j’m’en fous. Mais tu suis. T’as pas le droit d’abandonner ici, fillasse. Bouges-toi les fesses, ou j’te mets une balle dans la crâne. Tu captes c’que j’dis, troufionne ?  

 

Et Spencer Crowe, cinq minutes plus tard, de prendre Shirley sur ses épaules, et de poursuivre la route en contre, implacablement, en quête d’une civilisation amie…  

 

***  

 

Cinq ans plus tard, dans une maison banale d’Atlanta, dans l’Indiana.  

 

- Faites-voir vos sales gueules, putain d’enculés ! Montrez-vous, que j’vous explose la tronche !  

 

L’homme qui hurle ces insanités, c’est Carver Thompson, autrefois connu sous le nom de Spencer Crowe. Il se tient là, accroupi dans le noir, derrière la table de la salle à manger qu’il a renversée sur le côté en guise de bouclier improvisé. Tout en criant à en perdre la voix, il recharge son fusil à pompe, vérifie les chargeurs de ses pistolets. Il est en mode survie.  

Au salon, et à l’extérieur de la demeure, une bonne dizaine de types en noir, cagoulés, blindés au kevlar, armés de HK MP5, de bombes-aveuglantes et de vision infrarouge. Des professionnels, envoyés par les hautes instances pour éliminer l’ancien capitaine de l’armée américaine, déclaré déserteur cinq ans plus tôt. Aller savoir comment ils l’ont retrouvé malgré toutes ses précautions…  

 

Spencer aperçoit le laser d’un viseur qui balaye la salle à manger au-dessus de sa tête. D’un seul mouvement de ses cuisses puissantes, il se propulse dans les airs, au-dessus de la table, vise d’une seule main avec son fusil et appui sur la détente. La détonation provoque un bruit monstrueux qui déchire le silence ambiant du paisible quartier que les honnêtes résidents ont déserté rapidement. L’un des hommes cagoulés est touché en plein visage et s’effondre lourdement au sol alors que des gerbes de sang volent tout autour.  

 

L’instant est crucial pour Crowe. Il doit descendre au sous-sol pour y récupérer sa mallette, puis remonter et trouver un moyen d’échapper aux commandos d’élite déployés pour procéder à son élimination. Appuyé contre le mur mitoyen entre la salle à manger et le salon, Spencer tente le tout pour le tout. Il tire un coup à l’aveuglette vers les assaillants puis entame une course vers les escaliers, sautant miraculeusement entre les balles de neuf millimètres qui réduisent en miettes son précieux vaisselier. Crowe parvient à descendre au sous-sol, verrouillant la porte derrière lui. Il est maintenant pris au piège.  

 

Cinq minutes passent, puis dix. Des bruits de pas se font entendre à l’étage, mais aucun assaut n’est donné. Puis soudain, un coup brutal fait exploser la porte en bois donnant sur les escaliers. Spencer, dissimulé derrière un casier, attend que les assaillants se montrent, près à les dézinguer à coup de chevrotine. Mais la personne qui fait son apparition dans l’encadrement de la porte n’a rien d’un membre du commando d’élite.  

C’est l’ex-caporal Shirley Reed, aujourd’hui nommée Nancy Monaghan, armée de deux pistolets silencieux aux embouts toujours fumants.  

 

Ensemble, Spencer et le caporal étaient venus à bout des marais pour tomber sur un petit village de pêcheurs, où on les avait soignés et nourris par simple bonté d’âme. De là, ils avaient élaborés un plan pour se venger de l’affront subi. Spencer et Shirley était remonté vers le nord en catimini, en prenant par les routes, puis s’étaient infiltrés dans le camp de base de l’armée américaine, au risque d’être repris. Et alors que Spencer éliminait silencieusement les gardes qui faisaient leur ronde de nuit, Shirley était entrée dans les quartiers personnels du Général McEnroe pour y dérober une mallette pleine de diamants, plusieurs documents classifiés et un disque dur externe.  

Mais le temps de rentrer aux USA, sous de nouvelles identités évidemment, le sang des deux soldats s’était refroidi, et ils avaient finalement laissé tomber leur plan de remettre les preuves aux médias nationaux. Ils s’étaient séparés, plus difficilement que prévu tant les liens qui les unissaient étaient solides, et avaient entrepris de vivre une vie tranquille en tant que Carver Thompson et Nancy Monaghan. Avoir la chance d’être toujours citoyens américains était plus qu’il ne pouvait souhaiter.  

 

Mais la chance a apparemment tourné aujourd’hui. La présence de Shirley dans la maison de Spencer ne peut signifier qu’une chose : elle aussi a fait les frais d’une attaque de commando, et s’en étant tirée indemne, elle est immédiatement venue à l’aide de son ancien capitaine.  

Celui-ci, sortit de sa cachette, observe les cadavres laissés par le passage du caporal. Manifestement elle n’a pas perdu la touche.  

 

- Et où tu veux qu’on aille, maintenant, petiote ?  

- On a plus le choix. Il faut aller à Atlanta !  

- On y est, connasse !  

- Non, en Georgie. CNN, triple-buse ! T’as toujours les papiers, les diamants ?  

- Non, j’les ai donnés aux enfants pauvres… Tu me prends pour les derniers des tarés ou quoi ?  

-  

 

L’instant d’après, Spencer Crowe monte à bord de la Mustang GT 68 de Shirley Reed, direction Atlanta. Le siège arrière recouvert d’armes automatiques et de munitions, ils savent que la route sera semée d’embuches. Mais ils sont en colère…  

 

***  

 

Pendant ce temps, à Arlington, en Virginie, le Secrétaire à la Défense Markus McEnroe peste contre un subordonné invisible, à l’autre bout de la ligne. Il a bien pris la peine d’expliquer que les cibles à abattre sont d’ex-Marines formés pour les situations de guerre les plus désespérés, mais visiblement, la mise en garde a été sans effet. Les fugitifs respirent toujours et ils ont de nouveau disparu dans la nature. Le disque dur, lui, reste introuvable.  

Pour McEnroe, la récupération de ce disque est plus importante que tout. S’il peut survivre au scandale des diamants détournés sur fond de guerre civile, le contenu informatique sera assurément fatal à sa carrière. Là-bas, dans la jungle, le général Markus s’était d’abord enrichi d’une façon bien moins propre, via un réseau de prostitution juvénile géré par la junte militaire que les américains combattaient. McEnroe, lui, s’était engagé à couvrir et protéger illicitement les activités du groupe en retour de 15% des profits, dont il gardait le compte exact sur un précieux disque dur externe.  

Profits qui, par ailleurs, serviront bientôt à financer sa propre campagne présidentielle…  

 

Le Secrétaire Markus McEnroe est donc prêt à déployer toutes les forces à sa disposition pour retrouver le capitaine Crowe et le caporal Reed avant qu’il ne soit trop tard…  

…car étouffer la vérité, ça n’a pas de prix.  

 

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Spencer Crowe - Roy McAllister  

Shirley Reed - Kaylee Cobb

Scénario : (2 commentaires)
une série Z d'action de Thomas Gabriel

Roy McAllister

Kaylee Cobb
Sorti le 08 août 2020 (Semaine 814)
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