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Drexl Production présente
The WhoreHouse

Vancouver - Canada, dans le futur  

 

 

C'est période de marathon dans "L'Antre du Plaisir" de la Jameson House. La chaleur insoutenable et l'humidité écrasante du centre-ville éveillent les passions les plus tribales des hommes et femmes de la rue, qui n'ont d'autre recours que de fréquenter les bordels de luxe, en ces temps où les relations amoureuses n'ont plus la cote du grand public. La tenancière de l'Antre, Treena Miller, profite de cette courte période de l'année où l'achalandage atteint son pic pour hausser ses tarifs à un point frôlant le ridicule. Elle n'a pas le choix. Elle a un coffre vide à renflouer et a toujours des dettes importantes à rembourser au risque de se faire quelques ennemis mortels. Sans compter que le prix du permis d'exploitation a encore grimpé cette année. Sans compter que ses filles et ses garçons nécessitent pour la plupart d'être examinés dans les plus brefs délais par un médecin certifié, ce qui exige de la grosse monnaie. L'Antre est effectivement devenu avec le temps un véritable foyer de contagion et le fléau n'est pas prêt d'être enrayé.  

 

Mais la hausse des prix et les risques de maladies ne ralentissent aucunement le client de Vancouver. Les mœurs ont radicalement changé au cours des dernières décennies au point où le fait de fréquenter ouvertement des bordels était déjà dans les années '50 un signe distinctif pour les gens de valeur. Aujourd'hui, le bordel joui d'un positionnement favorable dans la hiérarchie des institutions sociales au même titre que l'Église, le Club de lecture et la Chambre de commerce d'autrefois. On y consomme des produits supposément de luxe, offerts dans les bâtiments les plus huppés de la vieille époque.  

Mais derrière la façade de prestige, on retrouve la maladie, la décadence, les problèmes mentaux, la dégradation des relations humaines et la misère au quotidien.  

En période de canicule, on rassemble dans un panier tous les grands problèmes qu'on peut retrouver dans un bordel standard et on les multiplie par mille. Littéralement, c'est le bordel total.  

 

Treena Miller s'occupe de la gestion de l'Antre du Plaisir depuis cinq ans. Au 30è étage de la Jameson House, elle est une reine. Partout ailleurs dans le building ou dans la ville surpeuplée et surpolluée, elle n'est rien. Prostituée à sept ans, suivant les traces de sa mère et de son père, puis escorte à l'âge de quatorze ans avant que l'on n'interdise la pratique deux ans plus tard, Treena a pour elle l'expérience du métier et un respect durement acquis auprès de ses condisciples. Pourtant, elle rêve d'une autre vie, sans savoir vraiment à quoi ressemble la vie des autres, dans la rue détrempée et crasseuse de cette ville autrefois si belle.  

Le souvenir de ses parents, de sa grande soeur et de son petit frère, la hante toujours. Ils ont tous succombé à la maladie, contaminés qui par un client, qui par un ou une collègue. Treena est la seule miraculée de la famille et elle se demande parfois, souvent, si elle ne devrait pas profiter de sa chance avant qu'elle ne la quitte. Fuir le plus loin possible, à travers les montagnes quitte à y mourir seule et perdue. Mais ce doux rêve est utopique. Treena est constamment surveillée et elle a des comptes à rendre chaque semaine au propriétaire du bordel et de la ville. Lequel, incidemment, dispose de moyens plus qu'efficaces pour dissuader les éventuels fuyards.  

 

Treena pousse un soupir en voyant un client perturbé donner une violente gifle à l'un de ses petits gars, lui hurlant à l'oreille des insanités dans un anglais que le petit asiatique ne comprend pas. Le client est dans le tord, évidemment. Sa requête ne correspond pas à ce qu'il a commandé, c'est-à-dire le service le moins dispendieux, offert dans la salle publique. Cette pièce, la plus vaste de l'Antre, est l'endroit où les plus jeunes prostitués débute leur carrière - sur des coussins moelleux disposés à même le sol, dans un atmosphère humide où se mêlent des odeurs de sueurs, de musc et d'encens, le tout sur un air musical à consonance indienne. D'un signe, Treena fait expulser le fauteur de trouble par deux gardiens de sécurité en forme de réfrigérateur. Pas de remboursement évidemment, et de la place qui se libère pour un autre client.  

Dans les escaliers de la Jameson House, il y a file d'attente. Inutile de dire que la tension sexuelle y est palpable, au point où certains, incapables de contrôler leur pulsion, se réduisent à s'entre-satisfaire sur les marches, devant tout le monde. De tous les scénarios, celui-ci est le plus pathétique auquel on puisse assister dans une société (post-)moderne. Faire l'amour avec une non-professionnelle est très mal vu à Vancouver comme ailleurs en Amérique du Nord. Le faire alors qu'on est si près du but, c'est un geste disgracieux, voir condamnable.  

 

Treena prend quelques secondes pour réconforter son jeune débutant en lui faisant boire un thé revigorant et en lui expliquant brièvement les droits qu'il détient eut égard à son statut prestigieux. Pendant ce temps, il y a un roulement de clientèle, accompagné de quelques bousculades devant le stand de dépistage préliminaire. Chaque individu mettant les pieds dans l'Antre est testé sur place avant de profiter des produits disponibles. Mais les rapides prise de sang et analyses par logiciel spécialisé n'ont aucune fiabilité réelle. Cela fait partie de la "façade".  

 

Se relevant avec grâce, Treena aperçoit dans la foule des clients l'un des hommes de main du proprio de Vancouver, Ricky Johnson, alias le "Collecteur". L'homme en soi est une pourriture, un sadique de la pire espèce, mais Treena éprouve à son égard de puissants sentiments s'apparentant à ceux qu'on associe à l'amour tel que vécu autrefois, mâtiné d'une part de haine viscérale, de mépris et d'admiration.  

Ricky est un homme costaud et charismatique. Drapé d'une aura de puissance tranquille, de froideur teintée de chaleur spontanée, il attire les regards partout où il se trouve. Il fascine, avec sa voix puissante, ses gestes souples et surs, son regard perçant. Il est de ceux, très rares de nos jours, qui éveillent les passions les plus pures chez ceux qu'ils côtoient.  

 

Treena, rapidement, refait sa coiffure et fait disparaitre les plis de ses vêtements. Subtilement, elle fait quelque signes de la main aux gardiens des lieux pour que ceux-ci augmentent leur niveau de vigilance. L'Antre accueille de la grande visite. Treena se dirige vers Ricky d'une démarche assurée, mettant en valeur sa silhouette avantageuse. Elle s'arrête à quelques centimètres à peine de l'homme puis, s'élevant sur la pointe des pieds, elle l'embrasse professionnellement, avant de l'attirer doucement par la main à travers la grande salle, en direction du repère de la reine des lieux.  

Premier versement en nature pour amadouer le pitbull, avant de passer aux discussions plus sérieuses. Treena en profite pleinement. Sous couvert de sa profession, elle est l'une des dernières femmes d'Amérique pour qui l'expression "faire l'amour" a toujours un certain sens. Mais son honneur est sauf.  

 

Le lendemain, Treena Miller traverse le centre-ville dans le métro aérien bondé et non-entretenu depuis dix ans. L'atmosphère est dense, les rayons du soleil ont cette teinte verdâtre dont on a cessé de s'inquiéter après un temps. Par rapport à l'air ambiant de Vancouver, celui de l'Antre du Plaisir est une bouffée de paradis. Les wagons zigzaguent en grinçant bruyamment entre les hauts building. Les passagers ne parlent pas beaucoup. La plupart se regardent d'un œil méfiant. L'ambiance est lourde. Un gamin git toujours sur le sol, une large plaie à l'abdomen. Assassiné durant la nuit, personne n'a voulu prendre la responsabilité de transporter son corps à la morgue pour le moment. Face à la mort, l'indifférence prime. Treena a un pincement au coeur, mais seulement parce qu'elle se dit que le petit aurait fait un bon débutant pour son Antre.  

La tenancière du bordel à le visage tuméfié aujourd'hui. Hier, Treena n'a pas pu réunir la monnaie nécessaire pour satisfaire le "Collecteur". Il s'est donc approprié le droit de lever la main sur elle. Il en a certes le pouvoir, mais il s'agit d'une première pour la jeune femme. Déstabilisée, et passablement courroucée, Treena a décidé de prendre congé pour la journée, laissant ses affaires entre les mains d'une de ses filles en qui elle a pleine confiance. C'est la première fois de sa vie que la jeune femme visite la ville sans être sous l'influence de drogues dures et sans être tenue solidement par la main par un distributeur d'escorte patibulaire. Ce qu'elle voit, cependant, ne l'impressionne guère.  

 

Débarquée à la dernière station du métro, à l'extrémité est de la métropole, Treena s'attarde à l'observation des montagnes enneigées de la Chaîne côtière, alors qu'une pluie fine commence à tomber. Le panorama est splendide, et pourtant personne ne semble plus s'émouvoir face à ce paysage naturel que l'activité humaine n'est toujours pas parvenue à dégrader complètement. Aucun des clients de Treena ne lui a jamais parlé, l'oeil brillant, de la beauté des montagnes, et ce qu'elle découvre alors lui arrache une larme, puis une seconde. S'approchant d'un ancien belvédère en ruine, Treena entreprend un voyage éclair à travers les massifs montagneux, un casque holographique passé de mode mais toujours fonctionnel sur la tête. Elle visite ensuite brièvement les vastes prairies de l'autre côté des Rocheuses et survole enfin les vestiges des provinces atlantiques d'antan. Le voyage virtuel achevé, Treena se retourne vers l'ouest et son regard se porte sur la ville laide et monstrueuse où elle a toujours vécu mais qu'elle connait à peine. Dans sa tête, un changement s'est opéré, peut-être définitivement. Mais elle n'en a pas encore pleinement conscience.  

 

Sur le chemin du retour, la métro est stoppé temporairement par une escouade de miliciens aux ordres du propriétaire de la cité. Trois brutes pénètrent dans le wagon bondé où se trouve Treena. Le premier avance lentement, regardant un petit écran implanté dans son avant-bras - un géo-localisateur. En quelques secondes, il trouve ce qu'il cherche : un jeune asiatique au crâne rasé, portant de petites lunettes rondes et une barbichette. Celui-ci, se voyant découvert, tente de s'échapper en bousculant sans ménagement les passagers indifférents. Il trouve la sortie et entame une course désespérée sur le quais, mais très vite, il s'écroule, pris de violents spasmes dans le dos. Incapable de bouger, il est récupéré par les miliciens, qui le trainent férocement sur le sol pour l'appuyer contre un mur. Alors que le métro reprend doucement sa course et que les passagers, tous exceptée Treena, se sont déjà détournés du spectacle, l'un des miliciens sort un pistolet et loge un projectile dans la tête du jeune asiatique. Il vient de subir son procès, et il l'a perdu.  

Troublée, Treena passe sa main derrière sa nuque. Oui, la puce électronique est toujours là, sous sa peau, prête à la trahir en cas de fuite.  

 

De retour à l'Antre, Treena se défoule en s'offrant pleinement à des dizaines de clients, plusieurs jours d'affilés. Et entre chaque séance de sexe sans passion, elle pleure.  

Une nuit, une prostituée la découvre en train d'essayer de se pendre à un crochet de sa chambre. Treena s'enfonce de plus en plus dans une torpeur morbide que les filles et garçons du bordel n'arrivent pas à expliquer.  

 

Lorsque Ricky Johnson revient dans la Jameson House la semaine suivante pour la collecte hebdomadaire, Treena n'est pas là. Elle a disparu sans prévenir et personne n'est capable de répondre aux questions pressantes du "Collecteur". Celui-ci affiche un masque de colère froide, proférant des menaces de mort s'il n'obtient pas ce qu'il est venu chercher pour son patron. La tension monte dans l'Antre du Plaisir à la vue de cet homme imposant dont la réputation de cruauté n'est plus à faire. Tous craignent à présent pour leur vie.  

Ricky Johnson, lui, en son fort intérieur, s'inquiète véritablement pour la femme qu'il a toujours secrètement aimée.  

 

Il décide alors de la retrouver, avant que son patron ne le fasse à sa place...  

 

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Treena Miller - Kaylee Cobb  

Ricky Johnson - Roy McAllister

Scénario : (3 commentaires)
une série Z de science-fiction (drame cyberpunk sentimental) de Thomas Gabriel

Roy McAllister

Kaylee Cobb
Sorti le 29 août 2020 (Semaine 817)
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