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Drexl Production présente
Damnation from Outer Space

Je me tenais incrédule au centre de l'Enfer du futur. Autour de mon enveloppe corporelle courait des flammes nues qui brûlaient ma chair au passage, ne provoquant pourtant pas plus de douleur qu'un simple pincement. Des créatures abominables me faisaient face sans que je puisse vraiment discerner leurs visages. Je ne voyais que leurs bras tentaculaires et les fouets aux multiples lanières qu'ils faisaient claquer férocement dans l'air, se jouant de ma peur et riant cruellement de ma faiblesse. J'aurais voulu crier mais j'en était incapable. J'aurais voulu pleurer. Impossible en ce monde.  

Une forme humaine est apparu au milieu de mes tortionnaires et ceux-ci ont cessé leur vacarme immédiatement. Les flammes ont semblé s'éteindre alors qu'une ombre recouvrait les lieux. J'ai ressenti une crainte effroyable. Cette forme humaine dégageait la pure terreur et la pire cruauté. La haine la plus profonde l'habitait. Il n'y avait rien de plus puissant que cette chose dans tout l'univers.  

 

Elle s'avança. Il s'agissait d'une très vieille petite femme. Le Diable avait pris pour traits ceux de mon épouse, ma chère Mary-Eunice.  

 

***  

 

Dans un village canadien bien paumé, du genre où il y a juste des champs à perte de vue. De nos jours.  

 

Je regardais la scène sans trop comprendre sur quoi je devais porter mon attention. Il y avait beaucoup d'éléments intéressants. Plus d'une centaine avaient déjà été marqués et le boulot était loin d'être terminé. L'enquête serait certainement particulière. Nous allions devoir plonger dans un monde qui nous mettrait tous inconfortables, moi le premier.  

Le cadavre avait été cloué à une croix, plantée profondément au milieu d'un vaste champs de blé. Tout autour, il y avait des objets d'allure sinistre. Des cranes de boeufs, des statuettes grotesques sculptées dans le bois, des livres calcinés sur lesquels on avait déversé du sang. Il y avait aussi plusieurs petits bols remplis de ce même sang, disposés en cercle autour de la victime. Et puis ces ossements définitivement humains, définitivement petits... Un crime horrible avait été commis et les victimes étaient nombreuses.  

Cette scène macabre, ce tableau infernal, était l'oeuvre d'un malade particulièrement méticuleux. J'étais persuadé qu'on ne trouverais ici aucun indice sur le tueur. Pas d'empreintes, pas de traces de pas, pas de salives, de cheveux. On ne trouverait rien sous les ongles de la victime. Elle ne s'était pas débattue.  

 

J'ai jeté un coup d'oeil à mon partenaire et j'ai vite compris qu'il pensais comme moi. Nous ne voulions pas hériter du dossier. J'étais un vieil enquêteur fatigué tout près de la retraite, complètement dépassé par un monde qui évoluait trop vite. Raylan Gibbs, lui, était sur le point de perdre sa femme, l'amour de sa vie, atteinte d'un cancer. Il n'avait pas le temps pour les heures supplémentaires. Le capitaine devrait passer le dossier à une équipe plus jeune et dynamique. Eugénie Blanchard était la candidate idéale. Cette affaire serait pour elle le tremplin vers une carrière exceptionnelle. La petiote le méritait bien.  

 

Je me tenais un peu en retrait avec mon partenaire quand la terre s'est mise à trembler. J'ai d'abord pensé qu'une machine agricole s'approchait de nous, ce qui ruinerait la scène de crime élargie à tout le champs environnant. Mais je me suis vite aperçu que le tremblement s'amplifiait assez rapidement et que je ne voyais aucune machine dans les parages. Une secousse sismique, sans doute.  

C'est quand le sol s'est déchiré à l'endroit où se trouvait la croix que j'ai compris qu'un glissement de terrain allait probablement tous nous emporter. C'était arrivé dans le village voisin un mois plus tôt. Une maison et toute la famille qui y vivait avait été ensevelie sans avertissement. J'ai donc gueulé très fort pour qu'on déguerpisse vite-fait. Trop tard malheureusement. Quelques types de l'équipe scientifique ont dégringolés dans le trou en poussant des cris d'horreur. J'ai vu le partenaire d'Eugénie tomber aussi. Elle, par quelque miracle, s'était écartée juste à temps alors que la fissure se prolongeait dans ma direction. J'ai poussé Raylan vers l'arrière et on a fuit les lieux sans jouer aux héros. D'autres cris se sont fait entendre dans notre dos. Ce n'est qu'une fois sur la route que je me suis retourné pour voir si l’éboulement avait cessé.  

 

C'est à ce moment là que j'ai vu la soucoupe volante pour la première fois. Elle venait juste de se dégager de la terre qui la recouvrait depuis je ne sais combien d'années. Un bruit assourdissant s'est fait entendre et la soucoupe s'est élevée dans les airs sans pourtant exercer la moindre poussée sur le sol. Nos voitures se sont aussi envolées au même rythme, lent mais régulier. Instinctivement j'avais braqué mon arme de service sur l'engin et j'attendais qu'on m'ordonne de tirer. En regardant autour de moi, j'ai remarqué que personne ne m'imitait. Tout le monde avait la bouche grande ouverte, les yeux écarquillés par la stupéfaction et la peur. Deux ou trois types filmaient l'événement avec leur téléphone intelligent, sans doute par pur instinct eux aussi.  

La soucoupe a soudainement cessée son envolée et le bruit assourdissant s'est interrompu. Quatre rayons lumineux très puissants sont alors apparus, tout droit sortis de la coque du vaisseau. J'ai été aveuglé. L'un des rayons pointait droit sur ma gueule. J'ai senti Raylan Gibbs s'éloigner doucement de moi. Et puis soudainement, on m'a agrippé par le cou, d'une main puissante, assez forte pour m'étrangler ou me briser les os. Une traction brutale m'a entraînée vers la fosse. J'ai perdu pied, mais plutôt que de tomber dans l'abime, je me suis retrouvé flottant au-dessus d'elle. Une nouvelle traction m'a fait prendre de l'altitude. J'ai vomi mes tripes et perdu momentanément connaissance pour la retrouver aussitôt. En bas, on hurlait. Dans la panique, mes collègues de travail fuyaient en courant dans des directions aléatoires. Un regard m'a permis de constater que trois autres personnes m'accompagnait dans les airs. Une nouvelle traction. Nous étions tout près de la soucoupe volante désormais. Le bruit assourdissant a repris. Je pouvais voir un disque tournoyant rapidement autour de l'engin, un genre d'anneau noir marqué de multiples symboles. Sous la coque, des trappes se sont ouvertes. Autre traction. Nous sommes passés par les trappes. Aussitôt, j'ai sombré dans l'inconscience.  

 

***  

 

Quelques heures plus tard  

 

La majorité d'entre nous étions réunis dans le gymnase d'un centre d'entraînement local. La GRC avait pris le contrôle de la situation en collaboration avec les services d'urgence de la région. Des militaires avaient été dépêchés depuis la base la plus proche pour aider à sécuriser la zone sinistrée et organiser la recherche de survivants. Plusieurs psychologues étaient présents pour nous supporter. Je connaissais la plupart d'entre eux, puisque nous opérions dans le même milieu. Les médias étaient sur place également. La nouvelle faisait déjà le tour du monde : glissement de terrain monstre dans un village ontarien, neuf policiers disparus. Les manchettes ne parlaient d'aucune soucoupe volante. Mes collègues n'avaient pipé mot à ce sujet. La tragédie nous touchait tous durement et personne ne voulait réduire en farce la mort de nos camarades.  

 

De mon côté, je réfléchissais déjà intensément aux implications qu'apportait la catastrophe. Nous n'étions pas seul dans l'univers. Je refusait de croire que l'engin circulaire qui avait aspiré le vieux Jos était d'origine humaine. C'était impossible. J'ai regardé autour de moi à la recherche de Gibbs. Il discutait avec une infirmière. Visiblement il souffrait lui aussi. Ses yeux se sont posés sur moi. Il a posé une main sur l'épaule de la femme et l'a remercié avant de se diriger vers moi d'un pas résolu. Il m'a offert ses regrets pour la disparition de mon coéquipier. J'ai fait de même pour le sien. Il a poussé un soupir, passé sa main sur sa tête, embarassé. "Alors, des extraterrestres, hein?", m'a-t-il dit, nerveux. "Ouais, semble bien", j'ai répondu. Il a hoché la tête d'un air entendu. J'ai battu des paupières à quelques reprises avant de comprendre.  

"Allons récupérer ce vieux salopard", ai-je dit.  

 

Moi et Raylan Gibbs avons quitté le gymnase sans que personne ne nous remarque. Dehors, ont a évité la masse des médias qui se préparait pour le bulletin de dix-sept heure. Il nous fallait une voiture. Gibbs a décidé d'en voler une au hasard. Je n'ai pas émis d'objection. On a ensuite roulé une quinzaine de minutes avant d'atteindre le village voisin et le site de l'éboulement qui avait couté la vie à une famille entière. On avait clôturé le cratère. Tout près, une roulotte banalisée était installée. Il y avait du mouvement autour. Plusieurs individus à cravates allaient et venaient. Dans la fosse, une équipe entière de scientifique faisait des prélèvements et prenait des mesures à l'aide d'outils sophistiqués. Ils portaient tous un équipement de sécurité complet comme ceux qu'on voyait dans les films d'épidémie.  

 

Moi et Gibbs nous sommes approchés de la roulotte en ayant l'air de savoir ce que nous faisions. Un type à cravate avec des lunettes noires nous a barré la route, sortie de nulle part. Gibbs a roulé ses larges épaules. C'était un homme grand et massif, ancien videur dans une boîte de nuit. "Ils ont tué son partenaire et enlevé le mien. Je vous défis de m'empêcher de le retrouver", lança-t-il de sa voix la plus grave.  

Le type à cravate n'avait pas l'air impressionné. Tous ses semblables étaient désormais réunis autour de nous. "Un enlèvement", murmura-t-il. "C'est... nouveau. Alors vous voulez bien nous donner un coup de main ? Nous on comprend rien à ce délire....  

C'était bizarre. "Quoi, c'est tout?", demandai-je, stupéfaite. "Vous n'allez pas nous flasher, effacer notre mémoire, rien?"  

Le type me regarda et je vis à travers ses verres fumés que ses yeux avait pris la même forme que la soucoupe volante.  

 

***  

 

Nous étions assis dans le salon de la vieille Mary-Eunice, la femme de Jos. Elle nous avait préparé du café, le mélange Tim Hortons, le meilleur. Markus, le type à cravate, était debout face à la fenêtre. Il se la jouait mystérieux. Moi et Gibbs conduisions l'entrevu. La dame avait d'elle-même contacté Gibbs après avoir reçu la visite d'autres agents venus l'informer de la disparition de son époux dans un glissement de terrain. Elle ne croyait pas en cette version des faits. Au cours de sa sieste, en début d'après-midi, elle avait cru entendre la voix de Joseph qui l'appelait dans ses rêves. Il semblait paniqué. Il avait évoqué un engin volant duquel il était prisonnier. Des démons s’apprêtaient à le torturer.  

Markus se retourna et nous fit signe de le rejoindre. Il nous fit part d'un plan audacieux. Il voulait droguer la vieille dame et l'embarquer pour la brancher sur des appareils que son agence avait développés dernièrement. Peut-être pourrait-il ainsi cueillir dans les rêves de Mary-Eunice des informations importantes sur ces extraterrestres, et même entrer en communication avec Joseph. Gibs donna son accord immédiatement. Pour ma part, je trouvais ce plan stupide, voir dangereux. Je commençais à m'inquiéter des conséquences que nos actions allait avoir pour le reste de l'humanité. Nous risquions de déclencher une guerre à laquelle nous n'étions pas préparé. Et si ces extraterrestres décidaient de détruire la Terre pour ne laisser aucune preuve de leur existence ?  

 

Markus et son agence ne semblait pas se soucier de tout cela, et Gibbs non plus. Ils ont drogué Mary-Eunice et l'ont embarqué dans une voiture alors que j'étais toujours perdue dans mes pensées. "Elle a été en contact avec Jos après son enlèvement, Gene", me lança Gibbs. "Elle est notre seule piste pour l'instant, la seule preuve de ce qui est arrivé là-bas."  

Ouais. Je n'étais plus certaine de vouloir être impliquée dans cette histoire. Ça commençais à devenir du gros n'importe quoi, et ça n'allait pas s'améliorer.  

 

***  

 

Je crois que le vaisseau s'était finalement posé. J'avais ressenti un grand choc, d'énormes vibrations, puis tout s'était assourdi. À mon avis la soucoupe avait trouvé un nouvel endroit où s'ensevelir à l'abri des regards. C'est à ce moment là que mon calvaire à vraiment commencé. On a lancé sur moi un gaz qui m'a mis dans un sale état. Ma vision s'est embrouillée alors que ma tête semblait sur le point d'exploser. J'ai vomi à nouveau. Plusieurs formes indistinctes se sont glissées dans la pièce froide et métallique où je me trouvais. On m'a retiré mes vêtements sans délicatesse et trainé de force le long de couloirs étroits tandis que mes pieds glissaient paresseusement sur le sol. Je n'arrivais pas à parler ni à me défendre contre ces créatures pourtant chétives. Finalement, nous sommes arrivés dans une impasse. Ils m'ont jeté à terre et sont repartis. J'ai attendu là un moment, dans le silence le plus oppressant. Puis tout à coup, le sol s'est dérobé sous moi. J'ai fait une chute spectaculaire vers une gigantesque pièce circulaire où je pouvais voir d'autres formes indistinctes et quelques autres formes plus communes. Des humains, comme moi. Le contact avec le sol métallique m'a sans doute tué sur le coup.  

 

Je me suis réveillé dans une mer de flammes. Une immense terreur m'a aussitôt envahi. J'ai fermé les yeux et entreprit de prier pour qu'on me sorte de là. J'ai entendu des rires cruels, mais je ne voulais pas voir d'où ils venaient. Des cris d'horreur ont éclaté à leur tour. Les rires ont redoublé d'intensité. J'ai poursuivi ma prière avec conviction jusqu'à ce qu'une voix dans ma tête m'interpelle. C'était la voix de Mary-Eunice, mon épouse. Je m'y suis accroché comme à une bouée de sauvetage. Les rires et les cris ont cessé soudainement. Par la pensée, j'ai déclaré une nouvelle fois à ma femme à quel point je l'aimais. Je lui ai dit que j'étais mort et que j'étais en Enfer pour me punir de mes pêchés. Elle m'a traité d'imbécile. Je n'étais pas mort, puisque je lui parlais. Elle voulais savoir où j'étais, comment me retrouver. Elle était avec Gibbs, mon partenaire, et une autre jeune femme. Ensemble, ils voulaient me retrouver. Me retrouver.  

 

Si je n'étais pas mort, je devais être encore à l'intérieur du vaisseau, ou dans une dimension parallèle. Pour espérer m'en sortir, il me faudrait accepter de faire face à l'horreur qui m'entourait. Mes coéquipiers auraient besoin de tous les indices que je pourrais leur donner pour retrouver le vaisseau extraterrestre à nouveau enfoui sous la terre.  

 

Rassuré, je me relevai lentement pour jeter un regard autour de moi. Je me tenais incrédule au centre de l'Enfer du futur.  

 

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Joseph - Tristan Staite  

Mary-Eunice / Le Diable - Elizabeth du Prez  

Raylan Gibbs - Roy McAllister  

Eugénie Blanchard - Kaylee Cobb  

Markus - Thomas Gabriel  

 

 

Scénario : (2 commentaires)
une série B policier (S-F/Fantastique) de Thomas Gabriel

Tristan Staite

Elizabeth Du Prez

Roy McAllister

Kaylee Cobb
Sorti le 06 juillet 2030 (Semaine 1331)
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