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Drexl Production présente
Garde rapprochée

*Résumé du synopsis d'Éloignée, dont ce film est la suite*  

 

2934. Résultat d'une expérience scientifique à grande échelle, Aurélie Bethell est une Exécutif des Services de Renseignements sur Tlaloc 48-12, une lune récemment terraformée et dirigée par une génération d'hommes et de femmes conçus en éprouvette. Supposés être de parfaits fonctionnaires, les membres de cette génération présentent toutefois un défaut majeur qui les conduit au bord d'une révolution ouverte contre l'Alliance, qui contrôle toute la galaxie. Tandis que la révolte gronde sur Tlaloc, Bethell est envoyée en mission au fin fond de l'espace, sur le vaisseau du Dr. Clarence, soupçonné de méfaits scientifiques. Mais au cours de son enquête, Bethell apprend que l'Alliance l'a trahie et remise entre les mains du scientifique chargé de résoudre le problème de la Première Génération de Tlaloc. Prise au piège sur un vaisseau hostile, l'Exécutif Bethell n'a pas d'autre choix que d'éliminer l'équipage entier...  

 

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2934, Réserve 23, sur la planète Tlaloc  

 

Amélia Bétany supervise d'un oeil distrait le chargement des derniers wagons de bauxite en partance pour la station spatiale de l'Alliance. Trente ouvriers des mines, trois opérateurs de grues et deux chefs de train sont sous ces ordres en cette mâtinée chaude et pluvieuse. La jeune fonctionnaire a ordonné le départ de tout le personnel non-essentiel quatre heure plus tôt, prétextant un soucis d'économie en cette fin de trimestre. En vérité, Amélia n'a que faire des économies. La révolte gronde dans les centres urbains, et la rumeur d'une grande manifestation anti-Alliance s'est propagée jusqu'à la réserve minière dont elle est responsable. Encore quelques heures et la poudrière explosera. Les agents du SSIT seront forcé d'abattre des ouvriers en pleine rue, provoquant une colère encore plus incontrôlable alimenté par les réprimandes publiques qu’émettront immédiatement le Conseil de Tlaloc à l'encontre de ces Exécutifs issus du commun. Les jours suivant seront alors déterminant. Les Services de Renseignements feront appel aux Forces d'Intervention de l'Alliance, mais le temps que celles-ci arrive sur Tlaloc, le Conseil se sera déjà emparé des vaisseaux de la station spatiale, reconfigurant ainsi les satellites militaires à leur avantage. Une révolution galactique se mettra dès lors en marche, pour le meilleur ou pour le pire.  

 

Amélia n'est pas nerveuse. Elle connait parfaitement son rôle dans les événements en cours. Marcus, le chef de l'inspection au chargement, vient se poster à côté d'elle pour lui transmettre son quatrième rapport. L'homme dans la quarantaine est dévoué et digne de confiance. Il regarde Amélia dans les yeux, sans broncher, et lui confirme que l'opération se poursuit selon le respect de toutes les normes de sécurité et d'efficacité. Sa voix bien portante est entendu des chefs de train qui se tiennent à cinquante mètres de la fonctionnaire. Ceux-ci semblent tout à fait calmes, inconscients de ce qui se trame vraiment. Bétany est satisfaite. Son pad numérique lui indique qu'il ne reste qu'une heure avant le départ du convois. Plus que cinq heures donc avant que l'offensive soit réellement donnée sur la station spatiale, à l'insu de l'Alliance et de tout ses agents. Le travail d'Amélia Bétany à la réserve 23 serait alors accompli, et elle n'aurait plus qu'à attendre gentiment que le Conseil de Tlaloc la recrute officiellement.  

 

Mettant à jour son rapport, Amélia aperçoit du coin de l'oeil le reflet d'un phare de voiture. Elle se retourne vers la route menant aux quais d'embarquement, mais le véhicule ne s'y trouve pas. Intriguée, Bétany consulte rapidement le registre d'entrée et de sortie de la Réserve. Celui-ci lui indique que la dernière voiture à avoir franchi la grille d'accès l'a fait il y a trois heures et cinquante minutes, comme prévu. Une vérification rapide sur son pad numérique permet à la jeune femme de confirmer que tous ses employés sont là où ils doivent être. Les caméras de surveillance ne lui offrent pas plus de réponse. Amélia décide d'enquêter elle-même sur cette anomalie. Elle sait qu'elle n'a pas imaginé ce reflet. Les gens de son espèce n'imaginent jamais rien, ils constatent et analysent, tout simplement.  

Quittant les quais et le vacarme de la machinerie, Amélia traverse la salle mécanique et les bureaux administratifs pour se retrouver du côté du stationnement. Soigneusement balisé par un grillage de trois mètres de haut, celui-ci est occupé par quatre voitures et un autocar. Aucune trace d'un véhicule non-autorisé. Amélia s'apprête à retourner dans le bâtiment lorsqu'une corde tombe du ciel à deux mètres d'elle seulement. Levant les yeux, la fonctionnaire a tout juste le temps de voir les semelles noires des bottes fournies aux agents du SRA avant que celles-ci ne la frappe en plein visage.  

 

Posant pieds à terre, l'Agent Chuck Price dégage rapidement la zone en tirant sans ménagement la jeune femme par les cheveux. Une dizaine d'agents déboulent à sa suite, envahissant rapidement les bureaux de la Réserve, criant des ordres à des cadres absents. Dans son oreille, Chuck entend son supérieur lui demander un rapport immédiat. "Bambin neutralisée", répond Price d'une voix neutre. Il regarde pour la première fois le visage de la jeune femme qu'il vient de mettre KO. Son nez est brisé, son visage couvert de sang, ses yeux tuméfiés. "Loin d'être parfaite", pense-t-il en lui enfilant les menottes.  

 

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2944, campus de l'Université Galactex, sur la planète Gahlenn.  

 

Le Professeur Jordan Clarence travaillait tard, comme à son habitude. Plongé dans la lecture fastidieuse d'un mémoire bâclé, son esprit ne cessait de divaguer vers d'autres considérations plus frivoles, si bien qu'il devait constamment relire certains paragraphes pour parvenir à cerner la logique douteuse de son étudiant. Sa vieille montre donnée par sa grand-mère Annabelle indiquait vingt-deux heure, une donnée qui ne signifiait rien sur Gahlen où l'heure était comptée d'une toute autre façon. N'empêche, Jordan appréciait les vieilles choses, d'autant plus les objets datant de l'époque terrienne.  

De sa famille, le professeur était le mouton noir. Contrairement à sa grand-mère et à ses parents, dieu ait leurs âmes, et même à son frère, il n'avait rien d'un réel scientifique. Jordan s'adonnait à l'étude de la psychologique appliquée aux masses, privilégiant des approches issues des anciennes sciences sociales. Il ne goûtait guère à la médecine ni aux transgressions génétiques pratiquées par ses employeurs, Galactex Corporation. Le fait que la vieille Annabelle soit la présidente de cette compagnie, et par le fait même celle qui signait ses chèques de paie, garantissait toutefois son emploi au professeur. Jordan était satisfait de sa situation jusqu'à preuve du contraire. Depuis la mort de son frère au cours d'une expédition scientifique, dix ans plus tôt, le professeur était l'unique héritier d'Annabelle Clarence et de sa corporation. Heureusement pour lui, la vieille semblait incapable de mourir. Elle consacrait désormais la moitié de son temps et de son argent à se maintenir en vie, l'autre moitié servant à couvrir les dettes laissées par le plus gros fiasco de l'histoire de la génétique, un fiasco nommé Tlaloc.  

 

Jordan n'était pas fier de sa participation à cet abominable projet. À l'époque, on ne lui avait pas laissé d'autre option que de s'impliquer corps et âme dans les recherches visant à réinventer la race humaine dans une optique économique. Le professeur avait fourni les bases du cursus scolaire destiné à la première génération de ces créatures parfaites. D'une certaine manière, il avait été à la fois le responsable du succès puis de l'échec de l'expérience à grande échelle. Ses anciens élèves étaient aujourd'hui morts et incinérés, tandis que la planète, mise en quarantaine, n'était plus un sujet de conversation pour personne.  

 

Le nez plongé de son infâme mémoire, Jordan n'avait pas encore remarqué qu'on l'observait depuis un moment déjà. Dans l'embrasure de l'unique porte menant à son bureau se tenait une femme, l'épaule nonchalamment appuyée contre l'un des montants. Bien que d'apparence assez jeune, son visage laissait imaginer une vie loin de tout confort. Ses yeux verts ne trahissaient aucune émotion, mais son nez autrefois fracturé confirmait un passé trouble. Ni grande ni petite, elle n'en n'était pas moins imposante d'une façon détournée. Quelque chose chez elle était différent. De toute évidence elle n'était pas native de Gahlenn.  

Lorsque le professeur leva enfin les yeux, exaspéré, il ne sursauta pas. Il ne croyait guère aux fantômes ni aux coïncidences. En moins d'une seconde, il avait reconnu ce qui lui faisait face, et il devinait déjà pourquoi la femme se tenait dans son bureau au beau milieu de la nuit. D'une main à peine tremblante, Jordan griffonna une recommandation d'échec pour le mémoire qu'il venait de lire. Au moins épargnerait-il à ses collègues une lecture affligeante. Ceux-ci se fierait sur son opinion sans la moindre hésitation.  

La jeune femme s'avança lentement vers le gros bureau du professeur. Elle dissimulait soigneusement son étonnement. Tout ce qui se trouvait dans cette pièce semblait plus ancien que l'Alliance elle-même. Jordan Clarence n'utilisait pas de pad numérique. Il écrivait à l'aide d'un cylindre rempli d'encre, une opération qui devait le ralentir considérablement dans ses travaux, en plus de lui occasionner des douleurs certaines au poignet. De toute évidence le professeur n'était plus le même homme qu'autrefois. Qu'importe pour la femme, son heure était venue.  

Soulevant le pistolet dérobé à un agent du SRA quatre jours plus tôt, la jeune femme n'hésita pas une seconde. La balle atteignit le professeur à la poitrine. Sous la force de l'impact, celui-ci bascula et tomba à la renverse, entraînant avec lui sa lourde chaise. Le fracas fut considérable mais personne n'était là pour l'entendre. La femme vînt se placer au-dessus de sa victime. Il respirait toujours, mais difficilement. Sa blessure serait fatale en une minute. Dans un effort inouï, Jordan parvint à articuler quelques mots :  

"Amélia... c'est toi?"  

La jeune femme, cette fois, ne cacha pas son étonnement.  

"C'est moi", répondit-elle avec émotion. "J'ai une fille, maintenant. Tu en serais fier, professeur."  

Les yeux de Jordan Clarence s'emplirent d'eau et un sourire se dessina sur son visage, puis il expira définitivement.  

 

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Campus Galactex, le lendemain matin  

 

Le SSIG en entier était sur place. C'est du moins l'impression qu'avait Chuck Price. Appelé aux petites heures du matin, l'Exécutif du Service de Sécurité Intérieur de Gahlenn se sentait comme une fourmi dans une fourmilière. Cigarette à la bouche, yeux encore vitreux d'une cuite prise la veille, Chuck n'était pas le plus efficace des agents dépêchés sur les lieux du crime. En vérité il n'avait que faire de ce meurtre. Peu lui importait que la victime soit le petit-fils d'Annabelle Clarence, son département à lui, c'était le Vice, et de toute évidence, on avait affaire ici à un règlement de compte entre étudiant et professeur. Chuck se contentait donc d'observer la scène de loin, en compagnie de ses collègues réguliers, aussi sur place.  

La scène de crime déjà surexcitée s'anima soudainement encore plus. Chuck compris immédiatement pourquoi. Une petit homme bedonnant à la barbe mal taillé venait de faire son entré dans le bureau du défunt, avec à sa suite une délégation impressionnante d’androïdes à l'air féroce. Price adopta une posture plus digne et jeta son mégot dans un coin. L’Exécutif avait beau aborder son métier avec flegme, il ne fallait pas déconner en présence du SRA. L'homme qui venait d'arriver était un haut placé de cette agence sinistre, et on disait qu'il avait tué l'un de ses hommes pour un lacet défait. C'était faux, bien entendu, mais la rumeur faisait son effet.  

D'un aboiement sec, monsieur George Laramy ordonna à tout le monde de quitter les lieux. Le SRA prenait le contrôle de l'affaire. Le capitaine du SSIG n'a pas rouspété et ses hommes se sont tous dirigés vers la sortie de manière civilisée. Chuck allait franchir la porte menant à l'extérieur du pavillon lorsqu'une main se referma sur son épaule avec la force d'un ursidé. L'Exécutif se retourna en grimaçant vers l'androïde qui l'avait agrippé. Apparemment, Laramy requérait sa présence. Un frisson parcouru l'échine de l'homme. Ça ne pouvait être qu'une mauvaise nouvelle.  

De retour dans le bureau préhistorique du professeur Clarence, Chuck eu la surprise de voir que George Laramy appréciait lui aussi un bon cigare. Le gros bonhomme semblait détendu, loin de l'image qu'il affichait habituellement en public. Il offrit de quoi fumer à Chuck avant de prendre place dans le fauteuil du défunt. L'heure qui suivit fut une des plus longues qu'ait connu Price.  

 

Lorsqu'il refit surface à l'air libre, Chuck ne travaillait plus au Vice. Il était de retour à ses vieilles racine, au sein du SRA. Une fine équipe d'enquêteurs avait été mis en place pour élucider une série de meurtres impliquant des gens hauts placés, dont Jordan Clarence, et Mr Laramy avait jugé bon d'y inclure l'agent Price, du fait de son expérience passée. Selon le bonhomme, une femme du nom d'Aurélie Bethell était à l'origine des meurtres. Mais ce n'était pas une femme ordinaire. Il s'agissait de l'unique survivante du projet Tlaloc, l'une de ces créatures soi-disant parfaites qui devaient contrôler les colonies de l'Alliance mais qui avait fini écrasé par le SRA.  

L'existence de Bethell était un secret d'ampleur galactique. Selon les rapports officiels, elle avait trouvé la mort à bord d'un vaisseau scientifique commandé par le Dr. Clarence, dix ans plus tôt. En réalité, seul la mort du docteur et de son équipage avaient pu être confirmée. On avait retrouvé leurs cadavres flottant dans l'espace, tous ligotés ensemble autour d'une balise de détresse. Aucun signe du vaisseau.  

La série de meurtres sur laquelle enquêtait l'équipe de Laramy ne touchait apparemment que des individus impliqués de près ou de loin dans le projet Tlaloc. La conclusion était donc facile à tirer. L'Exécutif Bethell était de retour avec la vengeance au coeur.  

 

Il faisait chaud et l'air était humide sur le campus universitaire. Chuck suait à grosses goûtes alors qu'il se dirigeait, enfin seul, vers sa voiture de patrouille, qu'il avait la permission de conserver. Il devait se rendre dans un appartement de la banlieue pour examiner une autre scène de crime. Un garde de sécurité employé par Galactex Corporation venait de déclarer le vol de sa carte d'accès, au cours de la nuit. Cette carte avait plus tard permis à l'assassin de pénétrer dans les locaux de l'université.  

Chuck entra dans sa voiture et démarra en trombe. Certain de ne plus être vu de personne, il laissa enfin éclater sa rage, frappant sur son volant tel un déchaîné et criant des injures dirigées avant tout vers lui même. À moitié calmé seulement, il s'alluma un clope.  

"Tu avais dit que tu arrêterais", lança un voix.  

Sous la surprise, Chuck passa tout près de perdre le contrôle de son véhicule et de frapper un piéton.  

"Qui a dit ça?" hurla-t-il, à bout de nerf.  

Pas de réponse. Personne ne se trouvait sur la banquette arrière, évidemment. C'eut été un cliché de mauvais goût. Chuck décida de continuer sa route comme si tout était normal. Il préférait tenter d'ignorer la réalité plutôt que de lui faire face. Il était dans un merdier inimaginable.  

"Annabelle Clarence sera transportée en soiré vers la station orbitale Galactex pour fin de protection. Je veux une place dans la soute", déclara le haut-parleur de la voiture avec un sérieux déstabilisant.  

Chuck passa tout près d'éclater de rire mais il fut interrompu par la voix qui poursuivait:  

"Tu ne devrais pas jeter tes mégots n'importe où. J'ai ton ADN, maintenant."  

Chuck Price perdit aussitôt tout envie de rire, fût-elle déclenchée par une crise d'hystérie. Des centaines d'idées se bousculaient dans sa tête et aucune d'elles ne lui plaisait. Sa vie passée, ses méfaits et ses fautes, revenaient le hanter de la plus cruelle des façons. Il aimait cette vie qu'il s'était construit sur Gahlenn. Il aimait son emploi au SSIG et la liberté qu'il lui apportait. Il ne lui manquait qu'une femme et des enfants pour compléter le tableau.  

"Comment il s'appelle?" murmura Chuck, vaincu.  

Long silence.  

"La soute, ce soir, absolument. Je te recontacterai."  

 

L'Agent Chuck Price immobilisa sa voiture sur le bas-côté. Le regard vide, il sortit son pistolet de service et l'appuya contre sa tempe. Il demeura dans cette position une minute entière, dans le plus lourd des silences. Puis son téléphone sonna, bruyamment. C'était George Laramy. Chuck accepta l'appel sans réfléchir. Son patron lui expliqua que, dès sa visite chez l'agent de sécurité terminée, il devait se rapporter à la station spatiale de Gahlenn. Ce soir, il allait jouer au chien de garde pour une vieille dame du nom d'Annabelle Clarence. Son permis de vol venait de lui être restitué, neuf ans après qu'on lui ait coupé les ailes pour pilotage en état d'ébriété causant des lésions. Apparemment, ses faits d'arme sur Tlaloc lui avait valu une place d'honneur auprès de la présidente de Galactex Corporation.  

 

Pas de doute, Chuck Price y était jusqu'au cou...  

 

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Agent Chuck Price - Terry Bubble  

Amélia Bétany - Kaylee Cobb  

Agent George Laramy - Yvan Dressamaire  

Annabelle Clarence - Elizabeth du Prez  

Professeur Jordan Clarence - Thomas Gabriel  

Scénario : (2 commentaires)
une série B de science-fiction de Thomas Gabriel

Terry Bubble

Kaylee Cobb

Yvan Dressamaire

Elizabeth Du Prez
Sorti le 08 juin 2030 (Semaine 1327)
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