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InShadow Production™ présente
Antithesis

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Écrit par Kenneth Richardson.  

Sortie originellement prévue dans le cadre du Concours "Tous égaux !" initié par Delmax.  

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La pluie martelait les pavés depuis plus d'une demi-heure. Le vent frais d'Ouest commençait à se lever, venant chatouiller les vitrines des beaux magasins. Les passants désertaient peu à peu la grande rue piétonne du centre-ville Art Deco, fuyant cette eau tombée du ciel. C'est alors qu'un homme arriva brusquement d'une petite ruelle alentour et s'engouffra dans cette rue. Il forçait le pas, les mains dans les poches et le crâne couvert d'un chapeau de feutre sombre. Il se fondait parfaitement dans le paysage gris et triste, se mouvant avec aisance et rapidité, lorsqu'il aperçut au loin, une petite fille frêle et candide (Adélaide Lynch). La petite fille avançait au milieu de la foule, sans se soucier de ce qui l'entourait, de cette jungle peuplée d'individus identiques, à l'accoutrement morose. Elle trottait, de plus en plus vite. Alors l'homme, qui venait de comprendre qu'elle l'avait remarqué, décida de l'interpeller. Mais elle continuait de flâner, comme si elle n'avait rien entendu. Soudain, il sorti un flingue de nul-part, déposa ses doigts sur la cross et le pointa, avant de baragouiner des mots, en direction de la gamine. Celle-ci se retourna, le regarda, puis se mit à courir.  

 

« PAN »  

 

La fillette s'écroula, des balles venaient de la traverser. Une foule s'amassa autour du corps inanimé. L'homme s'en approcha, l'inspecta et comprit qu'il venait de l'abattre. Une flaque de sang commençait à se former, autour de la dépouille, lorsqu'un individu (Barry King) se détacha de la cohue.  

 

«Ce n'était qu'une ptite fille ... Une simple et innocente petite fille. Comment avez-vous pu ? »  

 

Les mains dans les poches, en train de méditer, l'homme ne répondit pas immédiatement, trop occupé à examiner le buste qu'il venait de transpercer. Mais après plusieurs secondes, il répliqua.  

 

« Cette pute ne méritait pas mieux ... »  

 

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Antérieurement.  

 

Un vent glacial s'engouffrait dans les longues et rectilignes rues de la ville. Une femme, emmitouflée dans un épais manteau de fourrure (Rebecca Faulconer), luttait contre les vents pour avancer. Puis un homme parut (Sergio Castagnetta), poursuivant celle qui semblait être sa compagne, avant de l'interpeller. Elle se retourna, sourit, et patienta quelques secondes, avant qu'il la rejoigne. Il lui tendit une délicate pochette, taillée dans ce qui ressemblait à de la peau de crocodile ; elle devait l'avoir oublié dans la salle de cinéma où ils avaient assister à une projection. Ils se hâtaient. Mais soudain, ils s'immobilisèrent devant une plaque de rue. Seul le vent les remuait. Ils s'étaient trompés de chemin, dans l'empressement, et la voie qu'ils avaient emprunté ne semble mener nul-part. Ils étaient sur le point de faire demi-tour, lorsqu'une voix infantile se fit entendre. Ils se regardèrent, s'interrogèrent du regard. Et, la phrase se répéta : « Madame, monsieur .. j'ai faim, j'ai froid ».  

 

Quelques secondes passèrent, sans qu'aucun des deux amants ne bronchent. Ils étaient sur le point de revenir sur leurs pas, ignorant totalement la demande de celle qui se tapissait dans l'ombre, lorsqu'une main, armée d'un revolver, et pointant le couple, surgit hors des ténèbres de l'impasse. C'était une main d'enfant, fine et frêle, tremblante. La vue de l'arme leur fit prendre conscience que la requête n'était pas si anecdotique que cela. Ils tentèrent alors de résonner l'enfant, dont ils ne voyaient pas l'aspect. Mais les beaux mots, ni ne nourrissent, ni n'attiédissent ...  

 

Cela faisait plusieurs minutes qu'ils parlaient, sans savoir à qui. Brusquement, l'inconnue pressa son doigt sur la détente, et foudroya la femme. Elle avait trop parlé. Son mari s'effondra. Pendant qu'il prenait, pour la dernière fois, son épouse dans ses bras, il découvrit l'allure de celle qui venait d'ôter la vie, à la femme qui avait donner du sens à la sienne. Une silhouette fine, presque maigre, sans aucune forme, une toute petite taille ; il ne s'agissait que d'une gamine, une gamine avec un revolver, et éclaboussée de sang ...  

L'enfant laissa tomber l'arme, avant de prendre la fuite, et de disparaitre, comme elle était apparue : dans la pénombre de la rue.  

 

Les minutes passaient, et lui, restait, blotti contre le corps de celle qu'il aimait. Il ne réagissait pas vraiment, ou du moins, ne laissait aucune émotion transparaitre. Puis, il décida qu'il était temps de se lever ; alors il se leva. Il ramassa l'arme, et la fit tomber au fond de ses poches. Puis il y replongea une main, et saisit son téléphone. Tout en observant le cadavre de sa défunte épouse, il appela la police, à qui il indiqua où il se trouvait, et ce qui venait de se passer sous ses yeux. Puis des larmes finirent par sortir de ces mêmes yeux, une fois l'appel terminé. C'était le vent.  

 

Il était maintenant assis, sur une chaise, dans ce qui ressemblait à un commissariat. Il avait dû s'endormir, suite à l'appel. Un homme, qui semblait porter peu d'importance à son allure (Harvey Winter), de par son infâme accoutrement, l'interrogeait sur diverses choses. Mais malgré la diversité des questions, il n'avait qu'une chose à répondre : « C'est ... c'est une gamine, une gosse, qui a tué ma femme. Une toute petite fille blonde. » avec une inexpressivité déconcertante. L'investigateur semblait agacé, ne saisissant pas totalement le choc émotionnel que son interlocuteur venait de subir. Soudain, la porte de la salle d'interrogatoire s'ouvrit, et un homme apporta une cassette à son collègue, avant de repartir. Il s'agissait d'un enregistrement des caméras de vidéosurveillance postées à quelques mètres de la scène du crime. Le policier l'introduisit dans un magnétoscope, fit quelques manipulations et alluma le poste de télévision qui était adossé à un des quatre murs de la pièce. Il se mit en route, et des images apparurent. Les deux hommes attendirent plusieurs minutes, assistant à des scènes qui ne les intéressaient sans doute pas. Et enfin, il eurent ce qu'il voulait : la scène du meurtre. Mais rien de ce qu'ils virent sur cette séquence, ne correspondait avec les dires du veuf. En effet, ici, une jeune femme avait remplacé la fillette.  

 

« Je ne comprend pas.  

- Et moi, que suis-je censé comprendre ? Vous m'avez menti.  

- Ô grand Dieu, non. Je n'oserai pas.  

- Et bien, si ce n'est pas le cas, alors vous avez mal vu .. Enfin, je ne sais pas, mais il fait nuit, ces rues sont mal éclairées, ..  

- Et ma femme vient d'expirer ... Pourtant j'en suis certain ; j'ai vu une gamine, et ni cette vidéo, ni vos remarques déplacées me convaincront que je fabule. »  

 

Et l'interrogatoire continua ainsi, sans que rien n'avance ; l'un était dévasté, l'autre était un gros con. Alors que tout laissait penser que ce que le pauvre veuf avait dit, n'était qu'un enchainement d'illusions et de berlues, ce dernier, même sous le poids de la fatigue et de la douleur, ne cédait pas ; il n'était pas borgne, et encore moins fou ! Ce ne fut que le lendemain matin, après une pénible nuit blanche, que l'homme fut relâché. Du moins, passée le moment des habituelles « sincères condoléances », qui n'avaient de sincères que l'appellation.  

 

Ce jour-là, comme la veille, il pleuvait sur la ville. L'homme, fraichement libéré, avançait dans les rues mornes de ce qui était semblable à une fourmilière, à quelques détails dimensionnels près. Il ne savait pas où aller, pourtant il s'y rendait. Soudain, il s'arrêta, plongea sa main droite dans la poche de son manteau et caressa un objet oublié jusqu'alors : le revolver. Comment était-il entré, puis sorti du commissariat, l'arme sur lui ? Il n'en savait rien. C'était ahurissant. Les doigts toujours collés sur le calibre, il reprit sa course. Puis brusquement, ses yeux s'arrêtèrent sur la chevelure blonde d'une jeune femme qui musardait, à quelques mètres de lui (Ezra Hewitt). C'était elle, cela ne faisait aucun doute. Il ne pouvait s'agir que d'elle, la femme sur la vidéo. Il tenta de la rattraper, mais sa cadence se surhaussait, à chaque fois, qu'il doublait la sienne. Comprenant qu'il n'était pas bon en filature, et que la jeune femme l'avait sans aucun doute remarqué, il tenta de l'interpeler. Et encore une fois, elle brusqua son pas. Alors comme dernier recours, et ne pouvant pas rivaliser avec les longues foulées de celle qu'il épiait, il sortit l'arme de sa poche, et l'arrosa de multiples plombs, dans un vacarme assourdissant. Elle s'écroula, et succomba simultanément, au milieu des passants, qui s'étaient arrêté pour la voir mourir, et ainsi avoir des détails sordides à raconter à leurs collègues qu'ils rejoindraient juste après .. Puis celui qui était responsable du désordre ambiant s'avançât du corps, pour l'admirer.  

 

Son visage s'illuminait, au fur et à mesure que que le sang s'étalait sur les pavés de la rue. Il venait d'abattre celle qui, quelques heures plus tôt avait mis fin à la tranquille vie de sa femme ; il l'avait ainsi venger. Un crime justifié, donc. Sauf qu'aux yeux du monde, il avait perforer le délicat buste « d'une ptite fille ... une simple et innocente petite fille » ...  

 

Scénario : (2 commentaires)
une série A fantastique (Thriller - Policier) de Karl Hayes

Sergio Castagnetta

Ezra Hewitt

Harvey Winter

Adélaide Lynch
Avec la participation exceptionnelle de Barry King, Rebecca Faulconer
Musique par Stanley Landowski
Sorti le 16 février 2024 (Semaine 998)
Entrées : 20 895 013
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