Un scénario d'Evangélina Walling II et d'Evan Rycley, avec :  

- Lisa Giacchino : Maria Reiche  

- Sean Trip : Farell Gates  

- Ivan Harrison : Julius C. Tello  

- Carrie Cave : Mademoiselle Laura Pedrone  

- Amaury Jodorowsky : Dr Paul Kosok  

- Eileen Chattaway : Penelope Pavel  

1940, désert de Nazca, sud du Pérou  

Rien ne va plus.  

Les plans du désert sont étalés un peu partout sous la tente. Maria Reiche est penchée sur la table, observant minutieusement à la loupe les dessins reproduits sur la carte.  

Nerveux, le docteur Paul Kosok tape en rythme son pied sur le sable. Il ne comprend pas pourquoi Maria s'obstine.  

Julio Tello entre alors précipitamment sous l'habitacle en toile. Maria ne jette même pas un coup d'œil à l'homme péruvien. Le Dr Kosok fait la moue, énervé par le comportement de sa collaboratrice. Il se tourne vers Julio et lui demande ce qu'il se passe car le péruvien à l'air tout chamboulé.  

"- Gates arrive", dit-il, la voix tremblante.  

Là, Maria est interpellée et lève enfin la tête de ces maudites cartes. Elle se tourne vers Julio, en prenant soin d'ignorer le Dr Kosok, et lui demande de ralentir le britannique. L'homme se rue alors dehors. De nouveau seuls, l'américain essaye de convaincre la jeune femme de renoncer à son projet farfelu, mais Maria est une tête brulée, et l'ignore magistralement.  

Elle trie en deux tas ses liasses de papiers. Elle en jette un négligemment sur le sol et enroule un élastique autour de l'autre.  

Armée de son rouleau, elle sort dehors. Le soleil et les volutes de sable parsemées dans l'air l'aveuglent un instant, puis elle marche résolument tout droit, passe sous une autre tente et prépare son sac de voyage. Kosok la suit, pas vraiment motivé. Il essaye une nouvelle fois de la raisonner, mais Reiche fait toujours la sourde oreille. Las, le docteur se rue sur elle et l'attrape fermement par les épaules.  

"- Bon sang Maria, c'est de la folie ! Même si vous avez raison à propos du code, ce dont je doute, Gates atteindra le trésor ou ce qui se trouve en dessous, bien avant vous !"  

La colère lui avait fait hausser le ton, mais c'est parce-qu'il l'aime bien qu'il veut l'empêcher de partir en quête de réponses aussi sordides. L'Homme ne parviendrait jamais à décrypter le mystère des lignes de Nazca, Kosok en est persuadé.  

"- Alors vous me croyez ?" demanda d'une petite voix surprise l'astronome.  

Kosok en convient, une telle aventure est excitante à souhait, c'est très tentant d'y croire, mais il doute vraiment de sa véracité. Cette histoire autour des lignes de Nazca ressemble plus à un mythe digne du conte d'El Dorado, qu'à un mystère scientifique à élucider.  

Reiche se dégage de l'étreinte serrée de son partenaire et ressort à l'air libre. Une voiture se rapproche, suivant un parcours invisible et soulevant un nuage de sable derrière elle. Un drapeau anglais flotte sur le toit.  

"- Ah, Gates..." maugrée Reiche avant même de l'avoir vu.  

Armée d'une détermination nouvelle, elle s'avance à la rencontre de ses visiteurs.  

Tello est prêt à les recevoir avec une phrase bien cinglante, mais finalement, il se détend à l'approche de Reiche.  

Sans se départir de son sens de la répartie, la jeune femme accueille le chasseur de reliques par un "Ah, vous en avez mis un temps fou, on était prêts à partir sans vous !".  

Gates, armé de ses célèbres lunettes de soleil d'aviateur, l'envoie sur les roses en demandant à réquisitionner toutes ses cartes et recherches. Reiche se renfrogne :  

"- De quel droit ?"  

"- Du droit de ce mandat (il balance, dédaigneux, aux pieds de Reiche, un épais dossier cerclé du tampon officiel du gouvernement Péruvien) de l'Université de Lima, qui me donne l'autorisation de mener personnellement les recherches sur les ruines de Cahuachi et je peux aussi, selon la page dix-sept, m'octroyer le droit de boucler le désert de Nazca aux étrangers pour pouvoir approfondir mon travail sur la culture pré-incaïque."  

Outrée, Reiche tâche de se concentrer sur le bout de papier qu'elle a entre les mains, mais un sentiment épais de trahison menace de s'emparer d'elle. Comment à-t-on pu lui faire ça, à elle, la plus fervente défenseure du patrimoine péruvien, et surtout Inca ?!? De plus, Gates ne sait même pas de quoi il parle, il n'est qu'un pilleur de tombes et de trésors, tristement célèbre pour ses larcins commis dans les ruines Égyptiennes. Il n'est pas un scientifique, et il n'a aucun respect pour toute la valeur historique, culturelle et scientifique que représente cette partie du Pérou.  

Déboussolée, l'astronome ne voit pas Gates s'approcher d'elle et s'emparer de son rouleaux de papiers précieux pour la potentielle découverte de la raison de l'existence des Lignes de Nazca.  

Elle est désemparée et ne peut agir : Gates est dans la légalité et elle non. Les larmes aux yeux, elle observe, le regard vide, le britannique et son équipe, déballer leurs affaires de la jeep. Affectueusement, Kosok vient déposer une main sur l'épaule de sa collaboratrice.  

"Ah non, ça ne va pas se passer comme ça !" pense farouchement la jeune allemande.  

À pas décidés, Reiche s'éloigne et monte dans sa voiture. Avant de mettre le contact, elle a tout juste le temps d'entendre Gates lui cracher :  

"- Reiche, ne faites rien qui risque de vous compromettre !"  

Énervée, elle démarre en trombe, abandonnant sur place le Dr Kosok et Julio Tello.  

Les pneus de la jeep fendent le sable et distillent des traces sur les kilomètres. La voiture rejoint ensuite une route cabossée, puis une nationale. Le véhicule entre dans Nazca et stoppe sèchement devant une petite échoppe. Maria Reiche descend et se précipite dans le magasin. Le propriétaire la salue et la fait entrer dans l'arrière boutique : le coin des drogués à la plante Ayahuasca. Ce n'est pas la première fois que la jeune femme y vient. Elle aussi y est une habituée, mais elle ne boit presque jamais de cette décoction, bien trop instable, par contre, les drogués d'ici sont de reconnus pilleurs de tombes, et il est très fréquent que Maria leur demande conseil ou des renseignements. Aujourd'hui encore, elle a besoin de leur aide. Elle doit empêcher Gates de piller les ruines de Cahuachi et de déformer le désert de Nazca. Tant pis si pour ça elle doit s'allier aux peu fréquentables Huaqueros, mais eux seuls pourront ruser et contre-attaquer le britannique.  

Dans un coin sombre, l'esprit à demi embrumé par les vapeur de la drogue, Laura Pedrone et son richissime mari, Salazar Pedrone, sont affalés sur un luxueux sofa, bien trop cosy pour le lieux. Son mari somnole, en transe, alors que Laura écoute le plus attentivement possible la conversation de cette grande femme blonde, au corps élancé, avec les pilleurs. Elle a soudainement une idée : chaque aventurier à besoins d'un mécène, et la très jeune Laura s'ennuie éperdument aux côtés de cette époux bien plus vieux qu'elle et qu'elle a été forcée d'épouser. Elle voit alors là l'occasion rêvée de ce divertir un peu et de tester sa fortune dite "inépuisable".  

Au mot "trésor", Penelope Pavel redresse la tête, comme si c'était un mot magique ou comme si le mot lui même était un trésor valant des millions de Sol de Oro. Elle sent déjà la drogue s'estomper dans son sang pour retrouver la tête claire et le sens des affaires qui va avec. À quatre pattes, elle rejoint le tapis où est accroupie la blonde à l'accent. Penelope se présente, sous le nez de ses concurrents, des poivrots selon elle. Elle négocie un bon pactole et serre de sa main moite celle de la "rica" en pantalon.  

Maria est heureuse. Elle va enfin pouvoir prendre sa revanche sur Farell Gates et son égocentrisme surdimensionné. La jeune femme sort de son bain et s'enroule dans une serviette tiède et moite. L'hôtel où elle loge est le plus chic de la ville, et pourtant, les placards sont remplis de mites. Mais Maria ne veut pas partir, elle n'abandonnera jamais le désert et ses mystères. Nazca est toute sa vie, et celle que l'on surnomme déjà loca n'est pas prête de s'en aller...  

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Maria Reiche est née en Allemagne en 1903 et est morte au Pérou en 1998. Elle a voué sa vie au désert de Nazca et n'a jamais hésité à payer de sa poche des gardes pour surveiller les terres des lignes, dans le but d'empêcher les touristes de venir détruire les précieux dessins fait dans le sable. Après des années de combat pour préserver le désert, en 1970, l'Institut national de culture décrète les plaines de Nasca "zone protégée" et pour récompenser le travail de Reiche, la médaille de l'Ordre du mérite lui est remis.  

"Les êtres qui y ont vécu, il y a bien longtemps, ont laissé un document unique qui, je crois, représente un chapitre essentiel de l'évolution de l'esprit humain. Et il n'existe rien de semblable ailleurs dans le monde."