-1859- Les explosions l'ont rendu presque sourd: John Brown se met à l'abri derrière des sacs de sable, se relève de temps en temps, tire sur le premier type en uniforme qu'il aperçoit, faisant un véritable carnage du coté des "assaillants". Son propre sang coule le long de sa chemise à cause des balles qu'il a reçues. Non-loin de là, plaqué contre un mur, il voit Nathanael, son bien-aimé fils. Le jeune homme a un Colt dans chaque main, il tourne la tête vers son père, lui lance un dernier regard plein de tristesse mais non-exempt de reproche, comme s'il disait "Vois où tu nous a mené"...  

John voit son fils s'élancer du mur puis le corps déchiqueté par les balles, il le voit s'effondrer sur le sol sale de l'arsenal. John est empli de tristesse de voir encore l'un de ses fils mourir pour la cause, son fils préféré cette fois, gîr là sur le sol, son sang se mélant à la poussière des lieux...  

Les larmes coulent le long de ses joues couvertes de barbe...  

Tel Abraham, Dieu met une nouvelle fois sa Foi à l'epreuve, le fait souffrir mais comme à chaque fois il sait aussi que la "mission" qu'il mène est juste! John recharge son arme et se remet à tirer, éliminant ces hommes au service des esclavagistes, au service des "légions de Satan", en repensant aux événements qui l'ont mener ici, dans cette arsenal militaire de Virginie...  

-1855- Dans sa ferme de North Elba, non-loin de Lake Placid, John Brown (David Kaine) regarde le soleil se lever sur les étendues verdoyantes: Il est toujours impressionné par cette nature crée par le Seigneur! Devant ce lever de soleil, il repense à son "plan", à ce besoin impératif de se dresser contre l'infamie comme le Seigneur lui en a confié mission. Le dégout que lui provoque l'esclavage l'a conduit à devenir un criminel aux yeux des hommes mais d'un "juste" aux yeux de Dieu, il en est persuadé. Homme très croyant, John est sûr d'être une sorte d'élu, un être choisi par Dieu pour ramener certains hommes à la raison, leur faire comprendre qu'asservir les autres hommes n'est pas "tolérable" par le Tout-Puissant et que c'est Satan qui les inspire dans cette voie...  

Il se souvient lorsque, presque vingt ans auparavent, il avait abattu cet homme, cet esclagiste "fanatique" qui avait assassiné lachement l'un de ses amis: Cet ami se battait avec des mots, avec la plume...  

La seule réponse des esclavagistes fut celle des armes! John n'aime pas tuer mais que faire contre des gens sans moralité, sans pitié, traitant leurs esclaves plus mal qu'ils ne traitent leurs animaux?  

Que faire?  

La solution était venue en songe à John: Affronter le Mal par la force, pas avec de belles paroles inefficaces. Les esclavagistes des états Sudistes sont tres puissants, ils refusent toute remise en cause de leur privilège, de leur mode de vie et même de leurs infamies...  

Se sentant si proche de la cause des esclaves, John et ses cinq fils sont venus s'installer ici à North Elba, une petite communauté de fermiers, tous d'anciens esclaves. John est fier de ce mode de vie où blancs et noirs oeuvrent ensemble pour demain... Mais le vieil homme sait que cela est insuffisant: Le Compromis du Missouri qui empechait l'expansion de l'esclavage à de nouveaux territoires n'est plus et là bas, au Kansas, les "légions de Satan" comme il appelle les pro-esclavagistes vont s'en donner à coeur joie de faire de ces lieux des endroits où l'on pourra acheter et vendre des êtres humains...  

Depuis des semaines, John pense à monter une expédition pour aller là-bas, au Kansas pour montrer que certains disent non à ce commerce ignoble et leur faire comprendre par la force s'il le faut! Il va en parler à ses fils lors du repas dominical après l'office...  

Nathanael (Rhiam Finch) est toujours mal à l'aise dans son "habit du dimanche": Il a l'impression de ne pas être lui! Mary (Ruth Cooper), sa jeune épouse, a beau lui assurer qu'il le porte bien son joli costume, lui n'en est vraiment pas convaincu. Devant la petite église, le couple voit arriver les frères de Nathanael et leurs épouses. Arrivant seul, sa vieille carcasse toujours bon pieds bon oeil, John les rejoint et ensemble, ils penetrent dans la petite église. Même s'ils sont les seuls "blancs", nul ne les regardent de travers: Les Brown sont des gens respectables et respectés, très actifs dans la communauté, amicaux et serviables en toute occassion!  

Durant le repas, il fait part à ses fils de son projet: De nombreux groupes de pistoleros, les "Border Ruffians", sillonnent le Kansas, véritable armée de mercenaires aux ordres des riches propriétaires terriens, esclavagistes et désireux de proteger ce "droit" d'avoir des esclaves parmi leurs possessions! Mary a l'air sombre mais ne dit rien, serrant la main de Nathanael sous la table. Le jeune homme comprend son épouse, lui-même trouvant le projet de son père un peu "audacieux":  

-"Père, tu veux que nous allions là-bas tous les six pour affronter ces mercenaires?"  

John prend un air renfrogné:  

-"Nous ne serons pas seuls! Des gens comme nous se battent déjà contre ces bandits! Mais tous les hommes désirant que l'homme n'asservisse plus l'homme se doivent de participer à cette lutte! Notre aide ne sera pas de trop!"  

La fin du repas ne tourne qu'autour de ces discussions et de la situation du Kansas, nouveau territoire depuis peu.  

Le soir venu, alors que ses frères sont rentrés chez eux, Nathanael est encore chez son père, voulant parler seul à seul avec cet homme obstiné et véritablement habité par cette lutte pour l'abolition de l'esclavage. Les deux hommes se retrouvent sous la tonnelle devant la modeste ferme:  

-"Père, tu es sur que c'est une bonne idée?"  

John s'arrete de fumer la pipe et tourne la tête vers son jeune fils, le dernier, celui qu'il préfére et qu'il aime de tout son coeur.  

-"Tu trouve juste de voir comment ces gens traitent leurs semblables pour le simple fait que leur peau soit noire? Tu trouves juste que le gouvernement fasse des compromis avec ce type de personne? Si nous ne le faisons pas, qui va prendre la défénse de ces gens? Seuls, ils ne triompheront jamais, tu peux me croire: Ils ont besoin d'aide pour se libérer définitivement de leurs chaines! Et je les aiderais du mieux que je le pourrais..."  

Nathanael ne sait pas quoi dire: Bien sur, il pense la même chose que son père! Mais depuis peu, cela tourne à l'obsession pour lui...  

-"Alors fils, je peux compter sur toi?"  

Le jeune homme quitte la tonnelle sans rien dire mais alors qu'il est sur le chemin de terre, il lance à son père:  

-"Bien sur..."  

Mary est en larmes lorsque Nathanael lui explique qu'il va partir en "expédition" avec son paternel, une "expédition" que la jeune femme sait dangereuse où ils vont tuer mais surtout, risquer d'être tués...  

Entre deux sanglots, Mary demande enfin:  

-"Pourquoi toi et tes frères acceptaient toutes les lubies de votre père?"  

Nathanael la tête basse, a cette réponse laconique:  

-"Le quatrième commandement... "Tu honoreras ton père"... C'est en étant à ses cotés dans son combat que nous l'honorons..."  

Les larmes de Mary reprennent de plus belle: Elle jette un regard sur la Bible posée sur la table de chevet, sur que ce livre rendra fou tost les membres de la famille Brown...  

-1856- La famille Brown est connue dans le milieu des "free-soilers", ces combattants abolitionistes, surtout après les événements de Wakarusa à la fin de l'année précédente. Dans cette véritable "guerre" entre abolitionnistes et esclavagistes, tous les coups sont permis! Les exécutions sommaires, les pendaisons sont le lot de ce conflit. Nathanael est de moins en moins convaincu par ce qu'il fait avec son père: Bien peu de différence sépare ce qu'ils font de ce que les "Border Ruffians" font...  

La seule différence, c'est que John Brown et ses fils libèrent des esclaves en plus de leur crimes...  

C'est vrai dans ces moment-là, Nathanael est fier de ce qu'il fait: Là, il sent que c'est "juste" de les libérer, il n'a aucun doute là dessus...  

Mais les massacres des "propriétaires" perpétrés juste avant, lui laissent un gout étrange dans la bouche...  

Et même si son père assure que c'est un mal nécessaire, lui n'en n'est pas toujours convaincu. Comme ce jour où son père à massacré six personnes d'une même famille de planteurs au sabre de cavalerie...  

Nathanael se sent un peu perdu au milieu de la "croisade" menée par son père contre tout ce qui ressemble de près ou de loin à un esclavagiste. Ses frères étant eux aussi dans cette folie meurtrière, il ne peut se tourner que vers Prissy (Pamela Kyd), une jeune esclave qu'il a libéréé d'une plantation près du Missouri. Récemment vendue, n'ayant nul endroit où aller après sa libération, elle a décidé de prendre les armes avec les "free-soilers" et Nathanael s'est rapprochée d'elle à cause de sa beauté et de son sens des réalités: Elle veut libérer ses "frères", pas massacrer les mercenaires et esclavagistes ou soupçonnés de soutenir ce genre de cause...  

Non, ce que veut Prissy, c'est juste la liberté pour ses "frères", rien d'autre...  

-"Qu'est-ce que tu as, Nath?"  

Prissy, nue sous la couverture, passe sa main sur le dos de Nathanael, assis sur le bord du lit. Le jeune homme la regarde: Il la trouve superbe! A chaque fois qu'il pense ça, il s'en veut: Il pense à Mary qu'il a laissée là-bas à North Elba, au fait qu'il la trompe mais plus les jours et les mois avancent, plus le lien qu'il développe avec Prissy est fort! Un "lien" qui dérange John et même s'il n'a jamais abordé le sujet avec son fils, n'approuve pas ce genre de "relation": Un homme marié devant Dieu n'a pas à avoir d'autre femme que son épouse légitime... Néamoins, John Brown ne dit rien pour l'instant tant il a peur d'une chose: Que son fils bien-aimé le laisse seul affronter cette "mission divine" qu'est la lutte pour l'abolition...  

Prissy vient s'asseoir à coté de Nathanael:  

-"Alors? J'attends!"  

Cette intonation presque impérative fait sourire le jeune homme puis il redevient sombre:  

-"Comment tout cela va finir? Les esclaves seront libérés? Ou rien ne changera et le sang versé l'aura été en vain?"  

Prissy sait que les combats, les meurtres perturbent au plus au point son amant, cette "guerre" contre les mercenaires l'épuise tant physiquement que moralement...  

S'il ne remet pas en cause la lutte en elle-même, c'est la méthode qu'il conteste de plus en plus ou plutot les méthodes de son père...  

-"J'ai fais ce cauchemar l'autre nuit où j'étais au coeur d'une fusillade avec mon père contre des soldats... Et cela m'a rappelé que nous sommes recherchés pour meurtres dans différents comtés: Il ce pourrait bien que mes frères, mon père et moi finissions au bout d'une corde ou criblés de balles..."  

La jeune femme ne sait pas vraiment quoi dire.  

-"Ce n'étai qu'un cauchemar, Nath..."  

La jeune femme redevient silencieuse puis dit:  

-"Tu regrettes ton engagement pour cette cause?"  

Un sourire amer illumine le visage de Nathanael:  

-"Non, c'est plutot la manière de m'y prendre que je regrette..."  

Prissy embrasse le jeune homme et l'entraine sous les couvertures.  

Au matin, John Brown, ses fils et Prissy partent à cheval pour une expédition du coté de la ville d'Osawatomie où de nombreux "Border Ruffians" patrouilleraient...  

------------------------------------------------------------------  

Film mettant le projecteur sur "John Brown", un personnage aussi détesté qu'adulé, montré en martyr et en exemple ou comme un fou religieux voir un dangereux criminel! Le scénario de ce western narrant le "périple" de John Brown et de ses fils, mélant faits historiques et éléments romancés, est l'oeuvre de Gérard Cousin et de Daniel Richardson, la réalisation étant confiée à Renee Krumholtz. Pour incarner ce personnage mythique, on trouve David Kaine avec à ses cotés Rhiam Finch, Pamela Kyd et Ruth Cooper notamment. La musique, sobre mélancolique et traditionnelle, est l'oeuvre du débutant Bernd Molchany. Dans un pays qui sans le savoir s'approche de la guerre civile, suivez John Brown et ses fils dans leur combat "meurtrier" contre l'esclavage de North Elba à Harpers Ferry dans un western très différent de ce que GCP à l'habitude de vous proposer!