Université Hermann Dexter, Chicago, Illinois - de nos jours.  

Le Professeur Helen Svenskist (Mélodie Duval) regardait avec fierté à travers la vitre en plexiglas disposée devant elle.  

A l'intérieur de la couveuse (destinée en temps normal aux très grands prématurés), le fruit de 15 années de recherches personnelles, et avant elle, de 100 ans d'investigations de la famille Svenskist dans l'exploration du génome humain.  

L'hybride était là, en face d'elle, à reproduire ses cellules à très grande vitesse. Aucune altération des tissus, développement du cerveau et motricité parfaite : il - c'était un mâle - avait stabilisé sa masse moléculaire.  

Et puisqu'il était né à l'Université Dexter, elle lui donnerait naturellement ce prénom : Dexter sortirait bientôt du stade d'embryon à celui de bébé, puis d'être humain totalement viable.  

C'était une avancée aux conséquences effarantes pour l'espèce humaine. Une banque de tissus et de moelle épinière, de sang et de pièces détachées à disposition. Il suffirait d'un peu d'ADN du client...  

Dans quelques jours, elle déplacerait Dexter dans le chalet familial. Ici, au 3ème sous-sol de l'Université, il y avait encore trop de va-et-vient : professeurs, étudiants, scientifiques comme elle ou personnel de sécurité. Autant de cortex susceptibles de développer une curiosité malsaine à son égard.  

Le Professeur Svenskist connaissait l'extrême précarité de sa situation : ses budgets n'étaient pas sensés couvrir ce type de recherches. Mais ailleurs, d'autres bailleurs de fonds l'avait convaincue du bien-fondé de ses recherches. Elle-même attendait depuis lontemps cette occasion, et elle s'était mise dans l'illégalité sans regarder derrière elle. Qu'importe les conséquences : le Nobel et la fortune lui tendraient les bras une fois que l'entreprise pour laquelle elle travaillait désormais en sous-main aurait récupéré Dexter.  

Dexter (Hildemann Baxter). Son intelligence infantile se développait aussi vite que son physique. Il comprenait son enfermement. Il devinait que l'enveloppe stérile dans laquelle il baignait le protégeait des miasmes extérieurs. Il se projetait déjà dans le futur - au moment où il en sortirait.  

Quel monde trouverait-il en face de lui ? Serait-il accueillant ou bien hostile ?  

Il sentait que son isolation n'était que temporaire. Aurait-il l'occasion de montrer aux autres ce qu'il était capable de faire ? D'ailleurs, d'autres que lui existaient-ils ?  

Dans son moelleux cocon, il se disait qu'il était bien. Il aurait voulu rester comme cela des siècles mais devinait que ce n'était qu'un stade de son évolution.  

Son intelligence fulgurante serait pour certains un émerveillement. Pour d'autres une menace. Il devait être prêt.  

(Script original)