«- Monsieur Witold, et si vous me racontez tout depuis le début ?»  

L'agréable voix féminine résonne dans la tête de Pierre Witold (Ronald Mirren). Assis sur le rebord de l'arrière de l'ambulance, une infirmière lui a donné une tasse de thé et des médecins lui ont soigné sa douleur au bras, et pansé ses blessures superficielles. Maintenant, une enquête est ouverte afin de découvrir la vérité sur l'horreur qu'il vient de vivre et l'agent Brittany McCabe (Alexandra Isham), en apparence charmante et un peu naïve, vient lui prendre sa déposition.  

«- Je... écoutez mademoiselle, j'ai vraiment mal à la tête et je viens de perdre trois de mes amis à cause d'une gamine. Alors s'il vous plaît, j'aimerai me reposer et passer à autre chose, dit Pierre sur un ton en retrait. Et puis, vous allez me prendre pour un fou.»  

«- Je ne fais que mon boulot. Vous n'avez pas envi que l'on retrouve celui ou celle qui a fait ça ? De vous venger même ?» dit l'agent en s'asseyant à ses côtés et en mettant une main sur son épaule gauche.  

Elle lui fait un sourire apaisant puis lui redemande une nouvelle fois de tout lui raconter en préparant son carnet. Pierre hésite un instant puis se lance dans son récit.  

«- En hivers, voilà comment tombe le froid dans notre région :  

La chaleur cesse brutalement de nous réchauffer, passant de quinze degrés à presque deux degrés en trois jours; et le froid nous rappelle que la brume et le gel sont tout proches voire même la neige, et que nous allons devoir nous enfermer bien au chaud avec le chauffage à fond en permanence. Je suis certain que tout à commencé par la température. Je me souviens du regard de la gamine qui grelottait de froid, avec une expression de haine mélangé à de la peur. De la peur qu'on lui fasse du mal. La forêt, c'est elle. Elle la connaît comme sa poche et nous sommes tombés un par un dans ses pièges. Le pire, c'est que j'ai retrouvé mon ami Thomas avec un bras en moins, et vu cette petite fille partir avec en courant. Sûrement qu'elle avait faim et qu'elle le lui a coupé pour le manger. Dire que ça a commencé avec ce type qu'on connaissait à peine... J'aurais dû me douter quand il est entré dans le bar en criant à l'aide...  

Il était vingt heures du soir à peu près et il est entré en courant en hurlant Ma femme ! Ma fille ! Elles sont restés là-bas ! pour ensuite s'évanouir lourdement sur le sol raide mort. On l'a aidé à se relever et il s'est réveillé quelques minutes plus tard blanc comme un linge. Mais il paniquait toujours et réclamait encore sa femme et sa fille. On l'a calmé gentiment et on lui a demandé de s'expliquer calmement manière qu'on comprenne sa situation. Il s'appelait Éric quelque-chose (Horacio Corner), un nom russe qui finit par -ski. Il est clair en tout cas qu'il n'est pas d'ici. Il était trop classe. Vêtements de luxe, sa façon de parler et de bouger...  

Dans le bar, il y avait Michael le patron (Greg Corner), Thomas (Terry Bubble), Thierry (Nicholas Courage) et sa femme Isabelle (Morena Christopherson) et moi. Une chose est certaine, c'est que l'arrivée d'Éric a plombé l'ambiance et on se demandait tous ce qu'il lui est arrivé. D'après lui, il a croisé une femme d'apparence pauvre car il lui semblait avoir remarqué qu'elle portait des vêtements déchirés; et il a filé un coup de volant. Ce qui a dévié sa voiture sur un arbre. Il est resté inconscient et à son réveil, sa femme et sa fille ont disparu toutes les deux. Et il a vite couru vers nous pour chercher de l'aide.  

Logiquement, on est parti à quatre à leurs recherches. D'abord à sa voiture, une bougnoul... une BMW, mais nos recherches ont été brèves. A part le véhicule inutilisable, il n'y avait rien. Il nous a expliqué qu'il se rendait à Fundanse pour rejoindre sa belle-mère qu'il déteste. Qui apprécie sa belle-mère de toute façon ?  

Vous avez que nous sommes des gens plutôt optimiste par ici. Alors nous sommes entrés dans la forêt, tous les quatre : Thomas, Thierry, le russe et moi. Michael devait garder le bar et Isabelle devait terminer son sandwiche, un prétexte à la noix pour ne pas accompagner son mari adoré. Au bout d'un moment, Thierry a retrouvé un pull rouge et une paire de bottes en caoutchouc noire. Le russe s'est mis à crier comme un diable en hurlant de nom de sa fille. En prenant les affaires, il y avait du sang dessus. Jamais je n'ai vu une telle horreur de ma vie : une disparition annoncée, des vêtements appartenant à une petite fille couverts de sang dans les bras du père. Je me souviens avoir lancé un regard vers Thomas pour lui dire qu'on ne devait pas laisser le russe seul. J'ai personnellement dit à Thierry d'aller chercher du secours et que Thomas et moi allons aider Éric à retrouver sa femme et sa fille. Étrangement, la forêt m'avait paru plus angoissante que quand nous y sommes entrés tout à l'heure, juste avant de trouver les vêtements. Le russe hurlait : Morgane ! Julia ! Où êtes-vous ? C'est papa !  

Nous, on se contentait de crier Ohé !! mais on ne recevait rien en retour. Thomas a dit à... voilà, c'est Tratonowski son nom, Éric Tratonowski. Thomas lui a dit de faire moins de bruit et il a tendu l'oreille vers sa droite car il entendait comme une sorte de sifflement. Nous aussi quand il y a eu le silence souhaité. Brusquement, il a fait un vol en arrière, sa tête a heurté le sol et il fut pendu par les pieds pour ensuite recevoir une bûche de bois dans le ventre. Ça lui a traversé comme une brochette. Un piège a été mis en place ! Il est tombé dans un piège !»  

«- Ce n'était pas le piège d'un chasseur ? Pour traquer un animal ?» demande McCabe.  

«- Croyez-moi, j'ai déjà chassé des animaux et on ne met pas ce genre de pièges. Après que Thomas se soit fait tuer, Éric et moi sommes restés immobiles sous le choc à regarder Thomas embroché. C'était horrible. C'est là que j'ai vu une gamine (Cristina Rasmuson) sur une branche d'arbre en train de s'approcher du corps de Thomas. Elle avait une sorte de lame à la main et elle s'était mise à couper le bras, délicatement. Elle coupait... coupait... sans faire attention à nous. Le bras, à force, s'est détaché du corps et est tombé par terre. La petite fille, une blonde, est vite descendue de l'arbre pour ramasser le bras et a filé en courant dans la direction opposée à nous.  

Le russe et moi sommes restés comme des cons. Éric a vite couru après la fille, mais au bout de longues secondes ! Heureusement pour nous, il y avait le sang qui laissait des traces sur la terre. Ce qui nous montrait le chemin. Mais plus on suivait, et plus on s'éloignait de la route, et plus on se risquait de se perdre. Jamais j'aurais cru que la forêt pouvait se montrer aussi dangereuse que ça. Mon collègue avançait à toute vitesse, sans se soucier du danger qui nous menaçait et me prenait du terrain. Moi, je m'en rendais compte mais je ne pouvais quand même pas le laisser seul contre cette sauvage.  

Le froid se faisait de plus en plus sentir et la nuit s'approchait à grand pas. Et plus on avançait, et plus l'obscurité prenait de l'ampleur. Il fallait forcer sur les yeux pour bien voir. A quelques mètres devant moi, je vis Éric s'arrêter net et dire Rendez-moi ma fille et ma femme, elles ne vous ont rien fait ! Il parlait au pluriel, ce qui signifiait qu'ils étaient plusieurs. Un je-ne-sais-quoi m'a dit de ne pas me montrer. Je me suis donc caché pour observer ce qui allait se passer. Ils étaient bien plusieurs, ou plutôt elles.»  

«- Que des petites filles ?» demande Brittany.  

«- Non... il n'y en avait qu'une de petite. Sans parler de la petite, à ses côtés, il y avait une femme d'une trentaine d'année environ (Sharon Jankel), je voyais pas bien à cause de la faible lumière... et derrière elles, une vulgaire cabane en bois.  

Le russe suppliait puis la petite s'approcha de lui avec toujours le bras de Thomas à la main, et son couteau de l'autre. Sur le coup, j'avais cru voir les os. Elle a apparemment mangé la viande. Sans savoir pourquoi, Éric n'a même pas chercher à se défendre et la petite n'a eu aucun supplice. Elle est restée immobile devant lui et, d'un geste extrêmement rapide, elle lui a tranché la gorge. J'ai entendu un hurlement, mais pas celui du russe, ça venait de la cabane. Je n'ai pas cherché à savoir ce que c'était mais j'ai entendu dire la petite Ma-maaan ! et elle y est allé en courant. En compagnie de sa collègue.  

En tout cas, il y a là-bas une petite fille qui cherche à nourrir sa famille d'après ce que j'ai compris. Et je n'ai pas envi d'y retourner.»  

Au fin fond de la forêt. La petite fille marche tranquillement vers la porte d'entrée de la cabane. Elle ouvre la porte et devant elle se trouve le corps inanimé d'une petite brune aux pieds nus, simplement habillée d'un t-shirt et d'un pantalon. Derrière elle, il y a un lit avec, allongé dessus, une femme malade (Tabira Baulman-Romkins). La malade pousse un hurlement, la petite fille blonde tremble de peur et file dehors en courant pour aller chercher à manger.  

«- Papa... t'a chassé» dit-elle à sa mère juste avant.  

Elle ne sait pas que ce n'est pas ça qu'elle réclame. Elle a besoin de soin mais elle l'ignore. Et ce n'est pas sa tante qui va l'aider car elle est handicapée mentale. Sa tante l'aide juste à préparer les pièges. Sa mère n'a pas voulu de la nourriture de la femme et de la fille d'Éric, il lui faut donc d'autres victimes. Sans vraiment le vouloir du fond du cœur.