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Guards Brothers présente
Wag

WAG ! WAG ! WAG !  

Voilà que les nombreux spectateurs se mettaient à chanter à l'unisson. A chanter la victoire prochaine de l'un des deux derniers participants à cette partie très serrée. Zek claqua des mains et lança alors : « Faucheuse ! » Tenter cette technique était surement l'un des paris les plus risqués possible, et l'un des coups les plus difficile qu'il aurait put imaginer.  

Il se mit alors à boucher son talon d'un angle de vingt degrés et sauta en l'air en poussant un grand : « NUIT ! » L'ovation fut encore plus forte. Si il était évident que personne ne le soutenait, lui, en tant que joueur, il était évident que le public poussait un orgasme collectif tant la succession de deux coups aussi parfaits était en soit un spectacle fascinant.  

Mais c'est alors que l'autre s'activa. Le Rouge, qu'on l'appelait par ici, surement à cause de son masque écarlate qui ne laissait ressortir que ses deux orbites au regard dérangeant. Il se mit à genoux et fermant les yeux et en touchant sa virilité rugit « Paradoxe ! » Ce fut sans doute ce qui déclencha l'extase du public. Plusieurs s'étaient mit à tout simplement hurler, sans que rien d'autre qu'un grand cri, ayant pour unique signification leur jouissance dans cette partie épique, ne sorte de leur bouche.  

Et ce fut la défaite. Irrattrapable. Le coup du Rouge était tellement fort que Zek, même en donnant tout ce qu'il avait, ne pourrait le rattraper. Il tenta un vague : « Monument ! » mais c'était déjà foutu. Alors que les spectateurs envahissaient le terrain pour ovationner le Rouge, Zek se retira discrètement en se frayant un chemin dans la foule.  

 

Il sortit du bar Le Frénétique et commença à marcher dans la nuit éternelle d'Imperium City causée par le nuage de pollution régnant au dessus d'elle. Les Météorologues avaient prédit une pluie acide pour le treizième coup, c'est à dire pour dans deux heures, au vu de ce qu'indiquait l'Horloge.  

Zek sortit une écoclope de sa poche et l'alluma avec son briquet à eau. Après quelques dix minutes, il arriva devant son Immeuble et monta à son appartement - le 49CZ, si il était nécessaire de le préciser. A l'intérieur se trouvait encore et toujours J-Peg et son habituel regard mêlé de délires fiévreux et de déconnexion passagère de la réalité.  

Plus loin, devant le téléviseur, posant ses yeux sur l'écran comme si sa vie en dépendait, Napoléon et ses habituelles cheveux grouillant de poux et d'autres objets aux couleurs et à l'odeur plus ou moins inquiétantes. Seul n'était pas là Trigo. Surement dans un bar. Peut-être dans le même que celui où Zek avait disputé sa partie de Wag d'ailleurs. Il ne l'avait pas vu si c'était le cas. En tout cas, si il ne rentrait pas vite, avec la pluie acide qui s'annonçait, on ne le reverrait pas avant demain. Plusieurs jours si il y avait trop de flaques.  

 

Napoléon se tourna vers Zek et, s'affublant d'un sourire des plus insupportables, lui demanda comme c'était passé son match. Si il avait enfin réussi à sortir un Faucheuse-Nuit sans se faire ridiculiser.  

Zek ignora sa saillie et alla s'asseoir à ses côtés sur le canapé. Commençant à s'endormir devant les publicités, il fut soudain réveillé par une espèce de grognement rauque et quelque peu repoussant émis par J-Peg.  

En ouvrant les yeux, il remarqua qu'un reportage était actuellement diffusé. En bas à droite figurait le logo de la Municipalité d'Imperium City. C'était une interview. La présentatrice était en face d'un homme assez âgé, cinquante ans, soixante peut-être. Il avait un regard très vide et ne semblait même pas se soucier du ton de lecture à voix haute qu'il employait en lisant le prompteur. Il disait bien quelque chose à Zek, mais il ne parvenait à se rappeler où il avait déjà aperçu cet homme.  

 

Il regarda alors le sous-titre et put y lire Professeur Freand, Directeur du Département des Menaces Écologiques.  

« Professeur, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur les rumeurs signifiant que le Nuage de la ville pourrait avoir un impact sanitaire sur les habitants d'Imperium City ?  

- Le Département a fait des enquêtes, et nous pouvons affirmer qu'il n'y a strictement aucun danger. »  

 

C'est alors que la porte s'ouvrit. Zek se détourna brusquement vers celle-ci et vu Trigo. Il était en sang, une sorte de fumée s'élevait au-dessus de lui, des cloques rougeâtres et fumantes recouvraient son visage. Zek donna une tape à Napoléon qui ronflait. Celui-ci ouvrit les yeux et en murmurant des injures regarda avec Zek le spectacle hallucinant qui s'offrait à eux. Aucun des deux, encore moins J-Peg, n'osa lever le petit doigt pour venir en aide au blessé.  

La seule chose qui leur venait en tête était une règle de base qu'on leur avait insuffler dès leur enfance - on ne touche pas aux contaminés - des imprudents sur qui était tombé une pluie acide. Pourtant, Trigo semblait les implorer. Il tendait vaguement une main, complètement à bout de souffle, il s'écroula par terre, poussant un gémissement presque inaudible. « Appelle le Centre. » dit Zek à son voisin, qui se leva aussitôt et alla décrocher le téléphone pour composer le 222.  

 

J-Peg était assis tout à droite, fixant le mur comme si il n'avait pas bougé de l'appartement. Napoléon, placé au centre, semblait beaucoup plus nerveux. Il rongeait ses ongles de plus en plus fréquemment et portait des regards nerveux aux quatre coins de la salle. On avait placé Zek tout à droite. La salle était grande, tapissée de blanc, et la seule chose qu'on y trouvait était une table, entourée de quatre chaises. Les trois sur lesquels Zek et ses colocataires étaient assis, à l'opposée d'une chaise vide qui se plaçait juste en face de Napoléon.  

Après environ deux heures à être assis ici, deux hommes entrèrent. Un homme armé portant un casque de la Milice d'Imperium City et un autre homme, plus âgé, entre cinquante et soixante ans. Zek le reconnu aussitôt : c'était le Professeur Freand.  

Il s'assit sur la chaise vide et pendant une bonne dizaine de secondes les regarda tour à tour, comme si de simples animaux de zoo, les inspectant du regard comme si il devinait à l'instant même leurs nombreuses pensées qui se bousculaient dans leurs esprits. Puis, il parla, ce qui fit presque bondir Napoléon sur sa chaise.  

« Permettez moi de vous définir vos droits. Après la contamination du dénommé 487B95DAZ, plus connu sous le nom de "Trigo", et à la suite de l'intervention de nos services, vous avez été endormis puis contrôlé. Aucun de vous n'a révélé un résultat positif à la Contamination. Permettez-moi de vous informer que vous êtes saints. Cependant, pendant la décontamination de votre appartement et afin de vous assurer que vous êtes complètement en bonne santé, nous allons le devoir de vous garder ici. Des questions ? »  

Pendant quelques secondes personne ne broncha et alors que Freand allait parler à nouveau, Zek leva la main. Freand lui fit signe de parler.  

« Vous aviez dit nous annoncer nos droits. »  

Il se passa alors peut-être une seconde, peut-être dix, peut-être une minute, mais qui parurent cent ans à Zek : il regretta tout de suite ses paroles. Freand le regardait fixement, mais Napoléon le dévisageait. Même J-Peg réagit, il fut prit d'un petit remous sur sa chaise et Zek eut l'impression qu'il sourit pendant un instant. Puis, après quelques instants si longs, Freand répondit :  

« Le droit fondamental. Celui que vous avez tous les trois d'être protéger par Imperium City contre les contaminés et d'avoir la possibilité de continuer votre existence sans que la disparition de votre ami d'un tel mal à l'intérieur même de votre appartement ne cause aucune différence dans l'avenir que nous vous avons forgé. »  

Freand regarda alors un papier qu'il avait apporté et qui se tenait sur le table. Il sourit et lut à haute voix, non pas comme il l'avait fait à la télévision, mais avec un brin d'amusement et de jovialité qui se sentait dans son intonation.  

« Z859E4561K, dit Zek. Né dans le Quartier 418. Destiné à la maintenance qui révéla cependant d'excellentes capacités dans les domaines linguistiques et philosophiques qui lui valurent une place d'Intendant en Chef de la Bibliothèque 14. Arrêté deux fois malgré un avertissement pour la pratique du Wag, il fut démit de ses fonctions et ne touche aujourd'hui plus aucune pension outre le logement qui lui est du par la Municipalité d'Imperium City. » Il arrêta la lecture et regarda Zek. « Parcours très intéressant, Zek. Je ne vous comprendrait jamais. Vous étiez destiné à rester de la merde, on vous a donné mieux, et vous vous servez de vos compétences dans la pratique d'une espèce de jeu libertin formellement prohibé. Vous ne trouvez pas que toute la jouissance de vos droits se retrouvent dans cette courte biographie ? Celui de disposer d'un toit, d'une vie saine ? »  

Alors que Freand fixait Zek dans les yeux, celui sut d'où lui venait cette impression de déjà-vu. Ce regard à la fois désespéré et amusé, sérieux et dérangé, c'était celui de son dernier adversaire. Ce regard, c'était celui du Rouge.  

 

L'ersatz d'appartement dont disposait Zek avait des faux airs de cellule. Lui croupissait dans un coin sombre de la pièce, où se tenait à l'opposé une sorte de lit rongé par les mites, ainsi que des chiottes et un évier qui ne fonctionne pas. On l'avait enfermé à clé. Surement que Napoléon et J-Peg étaient eux aussi retenus dans des chambres semblables ? Mais les pensées de Zek étaient tournés vers le Rouge. Non, Freand ne pouvait être le Rouge, c'était impossible. Jamais un homme aussi haut placé irait se croupir dans un bar aussi miteux que Le Frénétique. Jamais un homme aussi haut placé ne se livrerait à la pratique du Wag. Peut-être ses yeux et sa mémoire ne l'avait trompé, et que Freand avait un faux air du Rouge.  

Le temps s'écoulait différemment dans cette cellule. On n'entendait pas les coups de l'Horloge et on lui servait à manger à intervalles irréguliers. Mais après ce que Zek estima comme plusieurs jours entiers, on vint lui ouvrir. Ce n'était pas Freand, c'était un Milicien avec son casque. Il lui fit signe de le suivre. Zek se releva difficilement, avec des crampes de partout, et le Milicien l'aida à se déplacer. Ils remontèrent un couloir très long, sur les murs scintillait le même blanc que dans la salle où Freand les avait rencontré. Après avoir traversé de nombreux couloirs comme celui-ci, le Milicien le lâcha devant une porte et lui fit signe de la passer. Zek poussa le battant et se retrouva dehors. Il n'y avait aucune flaque acide, ce qui signifiait qu'il s'était surement passé au moins un cycle de sept nuits depuis la contamination de Trigo. Il arriva à se repérer, et, après avoir marché pendant une bonne demi-heure, se rendit compte qu'il ne se dirigeait pas vers son appartement mais vers Le Frénétique.  

 

Arrivé devant la porte de celui-ci, il se rendit compte qu'à l'intérieur se livrait une partie de Wag. Il rentra et s'assit au comptoir. Le barman semblait complètement hypnotisé par le match qui, au vu de l'affichette qui se trouvait un peu plus loin, voyait s'opposer un certain Léon et Zébré, que Zek connaissait bien pour l'avoir affronté de nombreuses fois.  

Le barman se détourna de l'affrontement un instant pour regarder Zek et sembla le reconnaître. Il fut prit d'un petit rire et lui rappela avec amusement le combat d'il y a une semaine. C'était en quelque sorte cette anecdote qui amenait Zek, et cela lui permis de poser quelques questions sans attiser quelque soupçon.  

« Le Rouge, quelqu'un le connait en vrai ? » demanda t-il alors que le baisse de volume de la clameur un peu plus loin annonçait la fin d'une manche.  

« T'intéresse à lui ? Non, j'crois pas. Moi pas en tout cas. Il se ramène costumé à chaque fois qu'on lui propose de participer à un match. » répondit le barman en servant à Zek le verre de soda qu'il avait commandé.  

« Et pour le contacter comment vous faite ? »  

Le barman fut prit d'un petit rire, une nouvelle fois, et, prenant un air malicieux, répondit d'un ton enjolivé :  

« On pend une pomme au-dessus de la porte, ça veut dire qu'on veut de lui pour un combat le lendemain. »  

Ça n'avançait pas plus Zek. Tout ce qu'il savait en plus désormais, c'était que le Rouge tenait à son identité. D'une certaine façon, on ne pouvait écarter l'hypothèse de Freand, malgré le fait qu'elle ne soit pas envisageable.  

Il souhaita bonsoir au barman et sorti du Frénétique. Il songeait. Toutes ses pensées étaient toujours dirigées vers le Rouge. Si Freand savait qu'il continuait la pratique du Wag, pourquoi ne pas l'avoir dénoncé ? Il devait se douter que j'en ferai autant...  

En marchant, il se prit alors à se diriger à nouveau vers une direction qu'il n'avait pas prévu. C'était la Bibliothèque 14. Elle se tenait là, avec son architecture rétro et les lumières jaunes qui formait son enseigne. Il aimait venir ici comme pour se souvenir du bon vieux temps. Cependant il n'y était jamais entré depuis son renvoi.  

Ainsi, comme si il n'était plus maître de son propre corps, il poussa la porte de l'institution. Elle n'avait pas changée. Il s'approcha de l'accueil où se trouvait une jeune femme. L'étiquette accrochée son uniforme indiquait Yin.  

« Je voudrais tout ce que vous avez sur le Professeur Freand. Et aussi sur le Wag. »  

Elle le regarda dans les yeux. Elle semblait apeurée. Ou alors était-ce de l'étonnement ? Mais, ce ne fut pas ça qui le fit sursauter. Non, car une main se pausa sur son épaule. Cette main, elle était recouverte par un gant. Un gant rouge.  

Zek se retourna lentement et se retrouva emprisonné sous le regard inquisiteur de l'homme qui se tenait devant lui et qui semblait se moquer de son ancien adversaire.  

 

Rick Badelt - Zek  

Jewel Du Prez - Yin

Scénario : (1 commentaire)
une série Z de science-fiction de Alisa Baxter

Rick Badelt

Jewel Du Prez
Sorti le 10 mai 2025 (Semaine 1062)
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