Nous sommes au crépuscule du XXIXe siècle. L'Homme est toujours l'espèce dominante de la planète. Depuis maintenant 300 ans, le Gouvernement a décidé de réguler les naissances : ne pourront naître désormais seulement les enfants autorisés par celui-ci. Ces enfants doivent posséder quatre gènes différents pour pouvoir passer l'épreuve qui suit après la naissance : le Choix, où les médecins vérifient que les nouveaux-nés possèdent ces quatre gênes, avant de les laisser survivre, ou de les jeter dans l'incinérateur. Ces quatre gènes sont Alpha, Bêta, Gamma et le dernier, existant sous quatre formes différentes, Alpha, Bêta, Gamma et Epsilon.  

Le premier gêne Alpha est celui qui dira si l'enfant est beau et intelligent. Le gêne Bêta si il est blond, et le gêne Gamma si possède des yeux bleus. Les quatre variantes de gênes suivant définiront sa place dans la société : les gênes Alpha envoient dans les hautes classes de la société, au Gouvernement, ou dans des postes très importants; les Bêta le destine dans la classe des Prêtres, ou, en plus de prier la Déesse Nara, il insufflera son savoir aux générations suivantes, et publiera ses écrits philosophiques; les gênes Gamma destinent à une vie de guerre et de combat, les Gamma sont envoyés dans l'armée ou dans la police; et enfin, les Epsilon deviennent les Travailleurs, servant le reste de la population.  

C'est l'équilibre parfait. Cette quadrilogie de films présentera ces quatre classes.  

Narasse (Anastasia Lau) est une travailleuse. Elle a été formée il y a déjà quatre ans, et ne bouge jamais de son poste sur la chaîne de montage n°587, spécialisée dans les armes, pour les Guerriers. Elle s'occupe de placer le déclencheur sur les armements de mauvaise facture, destinés surement à la Chair à Canon, mais elle n'en sait rien, du fait qu'elle n'est jamais sorti de l'Entreprise Kennedy (du nom de son fondateur, un Alpha) depuis quatre ans, et ne sait donc rien de ce qu'advient ce qu'elle fabrique, ou alors simplement de la place dans le Marché Mondial de Kennedy.  

Les autres ouvriers, tout comme elle, on tous une démarche robotique, et leurs mouvements sont coordonnés jusqu'au plus infime détail. Aucun de ces travailleurs n'émet aucune pensée, concentrés sur leur chaîne de montage, et les armes qu'ils créent.  

Le soleil s'apprête à se coucher, et, comme si un réveil avait sonné, la totalité des ouvriers arrête son travail dans un mouvement similaire.  

Ils se mettent alors à marcher dans des rangs parfaits vers les dortoirs. Narasse arrive dans son dortoir, pousse la porte. La chambre compte six personnes : trois hommes et trois femmes (trois étant le chiffre parfait, l'équilibre). L'ami Fredek étant mort il y a quelques jours, un nouvel arrivant est aujourd'hui dans la chambre. L'affichette sur son lit affiche le nom Azwilan (Sam Boston). Luize (Sophia Birwin) et Nano (Rick Janssen) sont déjà près du nouveau venu, lui souhaitant la bienvenue. Narasse s'approche d'Azwilan, et après que Nano se soit présenté, arrive en face de lui et lui dit:  

«Bienvenue Azwilan. Mon nom est Narasse.»  

Azwilan répondit par un bref signe de tête qui devait signifier sa gratitude d'un tel accueil. C'est alors que, dans un geste commun, les anciens de la chambre se couchèrent tous. Azwilan les regarda, d'un œil interrogé, puis se mit au lit à son tour. Les lumières s'éteignirent.  

Le lendemain, ils se levèrent aux aurors et commencèrent à manger, assis sur leurs lits, silencieux, tels des robots, leurs biscottes qui leur servait de petit-déjeuner. Après avoir terminé ce repas copieux, ils se levèrent. Azwilan tentait de suivre tant bien que mal leurs mouvements. Ils sortirent de la chambre et rejoignirent les autres ouvriers des autres chambres qui étaient sortis en même tant qu'eux. Une queue parfaite avec des écarts identiques entre ses membres s'était formé dans les dortoirs. Ils marchèrent alors jusqu'à la chaine de travail.  

Ils se rangèrent alors à leurs places respectives, dans un silence impressionnant. Azwilan n'eut qu'à suivre ses camarades de chambre et tomba directement où Fredek, son prédécesseur, se trouvait. Ils travaillaient tous à une grande vitesse, et Azwilan se rendit compte que les gestes qu'il produisait lui étaient familiers.  

Le soir arriva très rapidement, et ils se rangèrent comme le soir précédent. Et les jours s'enchainèrent pour le nouveau. Ils se ressemblaient tous. Mais l'histoire qui nous intéresse commença le vingt-troisième jour.  

Ils étaient dans la cantine, à manger de manière robotisée leur repas dans un silence total. C'est alors qu'Azwilan murmura à Narasse:  

« Comment est mort Fredek ? »  

Elle faillit s'étouffer. Des centaines de têtes se tournèrent vers lui. Il avait parlé. Un gardien s'approcha alors d'Azwilan et dit alors :  

« Suivez-moi. »  

Azwilan se leva et suivit le gardien qui le fit monter dans un bureau. Il le fit s'assoir, lui dit d'attendre, et sortit quelques instants de la pièce. Il parlait avec quelqu'un. Quelques secondes plus tard, un homme âgé entra dans la pièce. Il s'assit de l'autre côté du bureau. Le gardien se gara devant la porte. L'homme, qui semblait quelqu'un d'important de l'usine, sorti une boîte à cigares, en prit un, et, sous le regard étonné d'Azwilan, lui tendit la boîte.  

« Vous en voulez un ? » demanda t-il.  

Azwilan mit un temps à répondre puis prit la peine de prendre un cigare. Il inspecta l'objet comme si il s'agissait d'une nouvelle découverte scientifique. Il n'avait jamais vu de cigare de ci-près. N'en avais jamais touché. L'homme alluma le sien, puis tendit son briquet à Azwilan qui en enflamma le bout. Il le mit dans sa bouche.  

« Le gardien m'a appris que vous aviez parlé durant le repas... » commença t-il. « Or, pour osez une telle chose, il faut réellement que cela soit important... Je suis le Directeur de l'entreprise Kennedy. Quel est votre question ? »  

Azwilan en eut le souffle coupé. Après quelques secondes d'hésitation, il demanda: « J'ai mille questions, Monsieur. »  

Le regard du Directeur lui fit signe de poser ses questions. « La première c'est...Qu'est-ce qui est arrivé à Fredek, mon prédécesseur ? »  

« Hum. Fredek. Fredek était un homme intelligent. Trop intelligent. Tout a commencé le jour où il a parlé à un repas, il a maintenant dix ans. Je l'ai contacté, comme vous, et nous avons eu cette discussion. Et je dois avouer que nous sommes rapidement devenus amis... Pendant dix années, il venait tous les jours parler avec moi. Il disposait d'une grande culture et d'une grande curiosité, je ne sais pas comment il les avait acquises. Mais il y a maintenant dix semaines...Fredek s'est montré imprudent. Il a commencé à parler de "droits", qui devraient répondre aux "devoirs" de ses camarades. Nous nous sommes froissés. Je n'ai pas besoin de vous raconter la suite. »  

Azwilan avait écouté le Directeur avec attention: « Pourquoi moi ? Pourquoi cette coïncidence a t-elle voulue que moi, remplaçant de Fredek, je parle aussi lors d'un repas ? »  

« Veuillez raccompagner Monsieur à table. » demanda le Directeur au gardien.  

Et les jours se suivirent. Chacun de ces entretiens permettant à Azwilan de poser une nouvelle question. Après soixante jours, la monotonie bascula de nouveau.  

Azwilan s'assit sur la chaise, et fuma une nouvelle fois un cigare. Sauf que cette fois ci, il ne posa pas de question mais exposa sa conclusion.  

« Monsieur, après avoir fait des rapports entre les divers réponses que vous m'avez donné, je suis en mesure d'énoncer une conclusion. » Le Directeur le regarda d'un air interrogé « Je pense que vous vous ennuyez, Monsieur. Et que cet ennui vous a poussé depuis plusieurs dizaines d'années à créer des êtres comme moi illégalement : des travailleurs intelligents avec qui échanger... qui voudrait parler avec un fabricant d'armes ? Personne, à part des brutes. Je suis votre jouet, votre distraction. Vous avez payé des scientifiques pour me donner culture et curiosité. »  

Le Directeur scruta Azwilan. « Leur travail est de plus en plus parfait. Il avait fallut dix ans à Fredek...vous il vous a fallut deux mois. » Il prit quelque chose dans le tiroir mais Azwilan commença à s'échapper. Il repoussa le gardien, et sortit dans le couloir. Il entendit le bruit d'un coup de feu qui s'écrasa contre le mur. Il descendit les marches quatre à quatre puis débarqua dans la salle, il tenta alors de prendre un air décontracté et rejoint ses trois compagnons de chambrée : Narasse, Louize et Nano. C'est alors qui leur dit : « Révoltez-vous, vous méritez mieux. » Le Directeur débarqua et vit Azwilan près de ses colocataires et lança : « Arrêtez le! » Des gardiens fondirent sur Azwilan et l'attrapèrent. Il fut emmené à l'extérieur et tout le monde entendit le coup de feu.  

Mais Narasse avait eu le temps d'entendre le conseil d'Azwilan.