08h02  

Jason Monroe (Quentin Da Silva) émerge difficilement du sommeil ce dimanche matin. Avec ses potes, ici, à Miami, ils se sont offert un spring-break mémorable. Le dernier, probablement de leur vie d'étudiants. Il est à la bourre, prend une douche rapide, un cachet d'aspirine, passe deux-trois SMS, consulte son Facebook, avale un café et court prendre un taxi en bas de son hôtel (il a tout réglé hier soir) - direction Miami International Airport.  

09h23  

Carte d'embarquement d'un main et papiers d'identité de l'autre, il passe sous le détecteur, s'engage dans le terminal C ou son avion l'attend - il est à l'heure, presque frais et dispo, son petit sac à dos sous le bras.  

Chicago, le revoilà.  

10h15  

L'avion est désormais haut dans le ciel, Jason défait sa ceinture de sécurité. Les films proposés pour le voyage craignent, lui-même n'en a pas téléchargé sur son smartphone. Tant pis - il se contentera de lire ce roman qu'il a acheté à son arrivée - Porn! de Hugh Revnov, un auteur de Gérardmerveille que l'on compare déjà à Brett Easton Ellis.  

10h45  

Jason s'est assoupi. Un roulis un peu brusque le réveille. La personne a ses côtés s'est assoupie. Il regarde autour de lui - tout est tranquille, les rangées sont à moitié vides, de temps à autres une hôtesse s'enquiert des besoins des passagers.  

Ce n'est pas la première fois que "Jazz" prend l'avion : il aime bien ce moment paisible du milieu du voyage, le moment où tout le monde est tranquille et on l'on peut observer le paysage.  

D'ailleurs, il remonte le store de son hublot.  

Les nuages - rien que les nuages - paisibles, identiques et toujours différents. Une grande quiétude l'envahit.  

Un clignement d'yeux.  

Un écarquillement d'yeux.  

Un avion arrive sur eux.  

Impossible de l'éviter.  

Il entr'aperçoit les visages horrifiés, comme le sien, du Commandant de vol de l'avion qui les percute.  

Et le choc.  

08h02  

Jason Monroe émerge à nouveau difficilement du sommeil ce dimanche matin. Une gueule de bois de fin de spring-break doublée d'une migraine tenace. Sous la douche, il est pris de nausée et vomit. Il ne peut rien avaler, téléphone à l'un de ses potes qui lui partira un peu plus tard. Il attrape un taxi de justesse…  

Sur la banquette arrière, des bribes de souvenirs nocturnes lui reviennent. Faut vraiment qu'il arrête les mélanges !  

09h28  

Le vigile le regarde d'un sale oeil - les spring-breakers sont connus ici pour leur bonne humeur mais également leur inconséquence indisciplinaire. L'oeil torve, Jason s'installe à sa place, aux côtés d'une jeune femme BCGC (Trudie Gorman) qui laisse échapper une grimace à la vue de ce jeune homme dépenaillé et un peu cracra.  

10h15  

Mais qu'est-ce qu'il a dans la tête ? - Jason ne peut s'empêcher de trembler comme s'il était sous l'effet d'un quelconque stimulant… ou en manque. Ses intestins lui font mal, il flippe - pire qu'en examen. Il ne peut rien regarder, rien lire. Sa voisine côté couloir a avalé quelque chose et enfilé un bandeau autour des yeux, elle dort paisiblement et Jason l'envie.  

10h45  

Son stress atteint un pic : il est transpirant, fébrile. L'hôtesse (Sandrine Fischer) lui demande s'il désire un cachet contre le mal de l'air. Il secoue la tête : de tous les passagers de son secteur, c'est vraiment le seul qui l'inquiète.  

"- Ecoutez, vous n'êtes pas le premier à avoir peur dans un avion mais je peux vous assurer qu…  

- J'ai l'habitude de prendre l'avion : est-ce qu'il y en a beaucoup qui peuv... pourraient croiser notre route ?"  

Il s'est retourné vers elle, le regard perçant. Elle lui répond d'une voix douce :  

"- Et bien j'imagine, mais on ne les voit jamais - les distances font qu…"  

Poussé par son instinct, Jason a soudainement remonté le volet de son hublot, réveillant sa voisine…  

L'autre avion leur fonce dessus.  

Jason grimace, les deux femmes hurlent…  

Les distances, hein ?!?  

Et le choc.  

08h02  

Jason Monroe bondit du lit, fébrile, ce dimanche matin : son cauchemar avait l'air si réel !! Il tourne comme un chien en cage pendant quelques minutes, essaye de se convaincre que tout va bien, n'y arrive pas, fonce sous la douche, s'habille en vitesse, envoie un mail à ses amis et fonce à l'aéroport, mué par un étrange instinct.  

09h00  

Il est plutôt en avance. Il traverse les allées du Miami International Airport, les yeux en l'air, s'attirant les regards des vigiles.  

A côté des salons du personnel de la compagnie sur laquelle il a réservé, il croise un groupe d'individus.  

Le premier regard qu'il échange avec l'un d'eux : cette hôtesse - il la connait !! C'est celle de son cauchemar.  

Et un des hommes à ses côtés, on dirait…  

… un pilote.  

Le Commandant de bord (Jack Gyver). De l'avion du songe… Celui qui les percute.  

Il reste seul, hébété, imbécile au milieu du hall tandis que l'équipage passe devant lui.  

09h15  

Il embarque tel un fantôme traumatisé par ce qu'il a vu : ce n'est pas possible - il a du zapper quelque chose : un effet de déjà-vu, ça s'explique scientifiquement. Mais ces gens… il les connait.  

10h10  

L'adrénaline est retombée. Toujours dans un état second mais complètement maître de lui, il hèle l'hôtesse qu'il a croisée une heure auparavant et s'adresse à elle avec une voix douce.  

"- Excusez ma curiosité, je vous ai vue tout-à-l'heure avec l'équipage à l'aéroport et je me demandais… J'ai toujours voulu voir une cabine de pilotage..."  

La jeune femme sourit.  

"- Je comprends : vous n'êtes pas la première personne… Il n'y a pas grand-monde ce matin, je vais voir ce que je peux faire..."  

10h35  

L'hôtesse revient en compagnie du Commandant et du US marschal de bord. Tous trois font lever les quelques passagers qui ont émis le même souhait.  

Tandis qu'ils traversent les travées, l'avion semble traverser une légère zone de turbulences.  

Arrivés en cabine de pilotage, le Second les prévient :  

"- Je ne sais pas si vous allez voir grand'chose… Nous traversons une masse nuageuse."  

Une masse nuageuse ?  

Le Commandant reprend sa place.  

Quand quelques instants plus tard, la vision du cockpit se découvre enfin, tous hurlent de terreur : un avion de la même compagnie leur barre le chemin.  

Mais qui s'égosille plus fort que les autres ? Jason, qui s'est reconnu hurlant à travers le hublot de l'autre avion, à deux endroits à la fois.  

Une vision fugitive qui ne dure que le temps d'un clignement d'oeil.  

Avant un nouveau réveil...  

(Script original)