Le fourgon transportant les nouveaux prisonniers de la prison de Silvercrik s'approchait de plus en plus de sa destination. A son bord, les pires forçats, meurtriers et hors-la-loi condamnés durant les dernières semaines. Dans ce groupe peu fréquentable, il y avait aussi Wilson Donovan. Wilson était le parfait profil de l'homme inconnu et banal, tout ça depuis le 6 février. Il était de taille moyenne, au visage parfaite normal, et au boulot simple. Il vivait une vie parfaite, à son niveau.  

Mais le 6 février avait tout changé.  

Le fourgon arriva devant le grande grille en fer, gardée par un homme dans une petite cabane. Lorsqu'il vu le fourgon, il s'empressa d'ouvrir la grille. Des deux bords de la porte s'élevait des grillages électrifiés de cinq mètres de haut. Le fourgon s'avança et on pouvait remarquer qu'un peu plus loin, une deuxième "clôture" s'élevait : des murets en béton, avec du barbelé électrifié en haut. Ils passèrent par une nouvelle porte ouverte par un gardien et s’avancèrent dans un "tunnel" formé d'un grillage qui avait surement la fonction de protéger la sortie et les automobiles des prisonniers qui se trouvaient dans la cour tout autour. A l'entrée du fourgon, ils se mirent à crier, comme des fous. Beaucoup accoururent pour secouer le grillage d'un rire satanique. Des gardiens se dépêchèrent d'aller en frapper quelques un à l'aide de leurs matraques.  

Elle était là. Dans la prairie. Sa chevelure blonde au vent, et son sourire angélique lui faisant un clin d’œil contagieux, l'obligeant à se mettre à sourire lui aussi.  

Le fourgon se gara dans une partie de la cour où le tunnel disposait d'une porte. Des gardiens vinrent ouvrir la portière du fourgon, un gros garde qui devait peser au moins cent vint kilogrammes monta à l'intérieur, devant les nouveaux prisonniers, sauf quelques uns qui ne devaient pas être à leur premier séjour. Il se mit bien au milieu de la rangée et commença à faire les cents pas dans l'allée, regardant chacune des nouvelles têtes, dont Wilson, avec pour bruit de fond le bruit des matraques et du grillage secoué. C'est alors qu'il se mit à parler.  

«Bonjour Messieurs,» commence ça t-il d'une voix portante. « Je suis Carl Addams, le gardien en chef, mais pour vous ce sera Monsieur, Monsieur Addams, ou Monsieur le Gardien en chef. J'accepte même "Votre Majesté"... » Il n'avait pas bronché en disant cela, même pas un petit sourire, un rictus, comme si il restait sérieux. «Les anciens pensionnaires doivent me connaître, mais pour les nouveaux...Je ne tolère aucune infraction au règlement. Le dit règlement est très clair : il est écrit au fur et à mesure des infractions. Si vous pétez de travers et que ça me plait pas, je peux tout à faire décider que péter de travers est formellement interdit à Silvercrik. Vous serez alors envoyé au trou, ou à l'infirmerie, suivant ce que vous me répondrez quand je vous dirai que vous avez enfreins le règlement. Tout pensionnaire doit aussi se référer aux horaires affichez sur le tableau d'affichage. On mange tous en même temps, ou on ne mange pas. Sur ce, messieurs...» Il prit une voix douce et hypocrite comme celle qu'ont les caissières à l'entrée des parcs d'attraction : «Bienvenue à Silvercrik.»  

Il s'approche d'elle. Ils s'embrassent. Elle lui dit «Je t'aime.» et fait quelques pas en arrière.  

Wilson sort du fourgon aux côtés de ses nouveaux camarades. Les anciens prisonniers crient en rigolant, lançant des projectiles à la figure des nouveaux arrivants. Les gardiens les retiennent. Les nouveaux arrivants n'osent même pas regarder les prisonniers, ils baissent tous la tête, même Wilson, qui entend même l'un d'eux pleurer derrière lui.  

Ils sont emmenés dans une pièce du bâtiment. Des infirmières les attendent. Elles les examinent un par un. C'est alors que vient le tour de Wilson.  

L'infirmière a le même regard qu'elle.  

A côté, les gardiens crient des injures. L'infirmière examine Wilson, puis, après un dernière coup d’œil ajouté à un sourire, elle lui fait signe de partir rejoindre les autres, alors qu'elle passe au suivant. Elle est belle.  

Presque autant qu'elle.  

Une fois les examens terminés, ils sont tous emmenés dans leurs "quartiers" comme l'a précisé Addams. Wilson dispose d'une cellule au second étage, près des escaliers. Des barreaux lui servent de porte, et dans sa nouvelle demeure, un trône, un lit, une table de travaille et une chaise.  

Elle tombe par terre, il la caresse.  

Sur le lit, une couette, rapiécée pas très soigneusement, et qui doit trainer dans la prison depuis au moins vingt ans. Sur le mur fait dans une matière assez dure, des croix, des traits, des dessins érotiques, comme pour passer les jours; des traces que ses prédécesseurs ont laissé après leur passage à Silvercrik. Il voit même un nom : "Fuck Addams".  

Il n'y aucune fenêtre à barreau dans sa cellule, pas comme dans les western. Le gardien qui l'a amené dans la cellule lui explique qu'il trouvera l'infirmerie dans le grand bâtiment, de même que tous les bureaux administratifs. Ils ont droit à une soirée télévision devant des VHS le lundi soir, à l'extérieur ils peuvent trouver un terrain de football sur du bitume, afin qu'il serve aussi pour le Handball, le sport favori du Directeur précise t-il.  

C'est alors qu'il sort un poignard.  

Il va surement passer le reste de ses jours dans cette cellule. Il va donc falloir qu'il s'y habitue. Mais il va aussi falloir qu'il se fasse à l'idée de ses actes; ce qui est fait est fait...  

Weston Halligan : Wilson Donovan  

Lara Wryn : Elle