Greg Corner : Joe Anderson  

Dewey Kosma : Jerry  

Lara Wryn : Lisa  

Joan Hodge : Marine  

Imaginez-vous, un matin, que vous vous réveillez, et qu'il fasse encore nuit...  

Le réveil sonna, de son habituel bip prolongé. Joe Anderson poussa un juron, il aurait voulut que la nuit dure encore des siècles au lieu d'aller au boulot. Il se redressa et alluma sa lampe de chevet. Ses volets sont toujours fermés. Des gestes habituels qu'il fait le matin, il se lève et va les ouvrir...  

Il fait toujours nuit. Une nuit noire, sans lune, éclairée par les lumières des différentes maisons de la zone résidentielle, ainsi que de la grosse lampe de poche de Mr McDoyle qui se trouve dans son jardin, à faire les cents pas d'un air hébété.  

- Mr McDoyle! s'écria Joe, mais le vieux ne l'entendit pas. Mr Madoyle ! HENRY !  

Le vieil homme se tourne vers lui, de même que la lumière aveuglante de sa lampe qu'il pointe en plein sur le visage de Joe, obligé de se pousser un peu sur le rebord de sa fenêtre.  

- Mr McDoyle, qu'est-ce qui se passe ? s'écrie Joe. Pourquoi il fait toujours nuit ? Le soleil était censé se lever il y a déjà une demi-heure!  

- Ils ont parle sur la télé!  

Joe rentra sa tête à l'intérieur et s'approcha de son poste de télévision qu'il alluma. Une inscription en bas à droite indique qu'il s'agit d'un "Flash Special". Le présentateur lui est inconnu, surement quelqu'un pris rapidement pour présenter une info importante. Il avait un visage limpide, il semblait effrayé mais adoptait un ton grave à la fois.  

«...infos nous parviennent de la Terre entière. Il semblerait que le soleil ne se soit lever nul part aux différents fuseaux horaires du globe. Il serait en train de se coucher en Europe, mais nous n'avons aucune trace du soleil. Les scientifiques se refusent à toute explication. Nous pouvons cependant voir la Lune, reflétant donc la lumière du soleil, mais aucune trace de lumière solaire...»  

Qu'est-ce que c'était que cette histoire ? Joe éteint la télé et sortit à l'extérieur. Henry McDoyle marchait toujours d'un pas claudiquant, et tenait de sa main tremblante sa lampe de torche qu'il pointa sur Joe.  

- ...comprends rien du tout...marmonnait-il.  

Joe lui non plus ne comprenait pas. Il n'avait d'ailleurs pas cerné ce qu'il se passait. Apparemment, le soleil aurait disparu. Mais pourquoi n'étaient-ils pas morts ? L'absence de soleil provoquerait surement l'absence de chaleur, et par conséquent, l'absence de vie. Et pourquoi la Lune est encore visible ? se demanda t-il en fixant le globe lumineux à quelques millions de kilomètres au-dessus de lui.  

Il marcha un peu dans l'obscurité, réfléchissant, pendant que d'autres curieux sortaient dans la nuit noire. Mais ce fut quand Galvin, son voisin, cria dans la nuit qu'il se décida à rentrer à l'intérieur.  

- Regardez la télé! Regardez! Il y a du neuf!  

Les riverains rentrèrent en trombe dans leurs maisons respectives. Joe alluma son poste. Le présentateur télé avait changé entre temps. C'était cette fois ci l'habitué du Journal Télévisé.  

«...divers témoignages effrayants à travers le pays. Je répète pour ceux qui nous rejoigne en ce moment : alors que cette nuit terrifiante et inexplicable s'est mise en place sur le globe entier, de nombreuses personnes nous rapporte des attaques à travers le pays. Ces attaques sembleraient avoir été exécutées par des animaux. Les victimes ont été déchiquetées en morceaux, atrocement dévorées. Les témoignages se multiplient. Je le répète : évitez toute sortie à l'extérieur tant que ces témoignages resteront incertains...»  

Joe se releva, écoutant toujours attentivement le présentateur. Il frissonnait. Il avait peur. Soudain quelqu'un toqua. Il alla à la porte et l'ouvrit pour y découvrir son ami Jerry qui arborait un large sourire émerveillé.  

- Joe! Mon pote! T'as vu c'est l'apocalypse?  

- Oui...oui...j'ai vu...  

Pas qu'il n'était pas heureux de voir débarquer Jerry, mais il préférerait rester seul.  

- Tu veux sortir ? Au club vidéo on organise une soirée - ou plutôt devrais-je dire une mâtiné, hahaha! - films catastrophes et de psychose collective! Au programme, The Mist, Le Jour où la Terre s'arrêta des années 50 et 2012 pour se payer des barres!  

- Non...euh...Jerry, ce n'est pas vraiment le moment. Je ne sais pas si le sujet prête vraiment à rigo...  

- Tu préfères Sunshine ou alors... Joe, est-ce que tu as peur du noir ?  

Joe referma la porte dans un grand bruit et s'assit sur un canapé tandis que Jerry ouvrait la porte. Il le supplia de venir mais Joe refusa.  

Ce fut vingt minutes plus tard que sa transe sur le canapé fut coupée. La télé répétait en boucle les mêmes informations, mais c'est à l'extérieur que les vrais informations arrivèrent. Un cri. Un cri assourdissant dans l'obscurité. Joe se leva en trombe du canapé et regarda derrière la porte. Un type courrait au milieu de la rue en criant des mots incompréhensibles. Quelques secondes plus tard, deux voitures roulant à toute allure faillirent l'écraser. Les gens semblaient fuir. Mr McDoyle arriva en courant de sa démarche claudicante près de sa voiture et en ouvrit la portière. Joe arriva juste à temps à côté de lui pour lui demander ce qu'il se passait.  

- Fuis, gamin. Bones. Bones y s'est fait dévorer.  

Bones était un voisin. Un barbu qui faisait toujours son jardin. Joe ne comprenait pas vraiment ce qui venait de se passer, mais alors que Jerry revenait en courant vers lui, il monta à l'avant de sa voiture. Jerry s'assit sur le siège du passager et ils démarrèrent.  

- Pourquoi tu te barres ? Tu viens à la soirée finale...  

- Non. Tout le monde fuit, je fuis.  

- Tu fuis ? Mais tu fuis où ?  

- Je sais pas. Jerry, faut que tu comprennes que c'est la fin du monde. Plus de soleil... la Terre, bien que ça soit étrange que ça ne se soit pas encore passé, va refroidir et nous allons tous mourir gelés. Et il y a ces bêtes dans la nuit. Je sais pas ce que c'est, mais ils ont dut s'attaquer à Bones.  

- C'est une psychose collective, mon pote! répliqua Jerry. Faut que tu saches que ça se passe toujours en temps de crise... Tu as déjà vu 1941 de Spielberg. Tu sais que...  

- Non, je ne veux pas savoir. Barrons nous.  

La voiture remontait la rue à toute allure. Ils sortirent finalement de la ville. Après un long silence, Jerry parla:  

- Tu as vérifié l'essence ?  

Joe jura et regarda le compteur. Le réservoir était presque vide.  

- On a le temps de faire demi-tour ?  

- Ça m'étonnerait, on est déjà très avancé dans les bois.  

Une forêt obscure s'étendait autour d'eux. Joe fit alors un demi-tour et ils reprirent direction de la ville. Mais à à peu près deux kilomètres des premières maisons, le véhicule cala. Ils se regardèrent un instant.  

- Je vais chercher l'essence, tu restes ici, lui dit Jerry. La première station est à l'entrée de la ville.  

Jerry sortit de la voiture et commença à courir en direction de la ville.  

La forêt était silencieuse. Joe décida d'allumer la radio mais l’émission parlait des bêtes nocturnes. Il éteint aussitôt. Ce fut lorsqu'il entendit un genre de grognement à l'extérieur qu'il sortit du véhicule. Il regarda aux alentours et lança:  

- Qui est là ?  

Aucune réponse. Il y avait des craquements tout autour de lui. Surement des lapins, se dit-il à lui même. Joe, ce sont des lapins. Mais ce que lui avait dit Jerry lui revint : "Joe, est-ce que tu as peur du noir?" Non ce sont des lapins. Ce ne sont pas des bêtes sanguinaires. Les bêtes sanguinaires n'existent que dans les films d'horreur.  

Les films d'horreur, Joe. Ce que regarde Jerry. Ce qui signifie que ces films sont faux. Non, Joe, il n'y a rien. "Est-ce que tu as peur du noir ?" Le Noir, l'obscurité.  

L'obscurité.  

De simples lapins! Ou un chat errant! Nous sommes dans une forêt, Joe." Il vient d'une ferme! Les craquements recommencent. des bruits étranges. Ces bruits ne te paraîtrait pas terrifiant si il faisait jour. "peur du noir". Le noir, l'obscurité, il ne fait pas jour.  

Il faut prendre une lampe de torche. Il y en a une dans la boîte à gants. Ouvre la portière, prend la lampe. Pourquoi ne pas rester dans la voiture ? Je dois affronter ma peur. Si il fait nuit pour toujours, il faudra s'y habituer.  

Allume la lampe torche. Regarde autour de toi. Il n'y a rien...  

Qu'est-ce que c'était que ça ? Une bête sanguinaire Surement un lapin! Trop gros pour un lapin. Va voir. Non. C'était un lapin. Alors, va voir  

Approche-toi. Oui, comme ça.  

Un grognement. Des craquements. Ne panique pas. Attends Jerry, il ne devrait plus tarder. Ne fuis pas! Ne fuis pas! Retourne dans la voiture, Joe!  

Les grognements s'amplifient.