Jacqueline (voix-off de Anya Fox) est une cafetière italienne. Elle trône, fière, dans la cuisine du petit appartement parisien de Marie (Anya Fox) et Paul (Blaise Atouva). C'est un couple qui se déchire depuis longtemps, de la génération du tertiaire qui se cherche sans se trouver.  

"Jacqueline" sait qu'elle est condamnée. Ils l'ont achetée quand ils ont emménagé il y a cinq ans. Elle a été le témoin de la naissance, du zénith puis du crépuscule de leur relation, une dislocation qui lui fait autant de mal qu'à eux. Quand ils se sépareront, ils ne se disputeront pas la cafetière. Elle finira sans doute à la décharge. Elle voudrait qu'il en soit autrement.  

Parce qu'elle avait fini par s'attacher à son environnement. Et surtout à Carl le réfrigérateur (voix-off de Blaise Atouva). Ce dernier essaye de la rassurer.  

"- Ne t'inquiètes pas, on se retrouvera à la déchetterie."  

Il ne manque pas d'air le Carl, mais lui c'est ce qu'on appelle un "investissement" : qualité allemande, garantie 5 ans, lourd comme un âne mort - du genre qu'on se pose des questions avant d'en racheter un autre.  

Alors qu'une cafetière, ça se trouve partout et à pas cher. Made in China, pas du genre qu'on répare - échange direct.  

Jacqueline n'en peut plus d'être le témoin muet de cette situation : à leur niveau, ils ne peuvent pas faire grand-chose. Les humains s'aiment, se séparent, construisent ensemble et se détruisent, incapables de solidifier une relation dans la durée. Ce sont les humains soupire-t'elle.  

Un jour pourtant lui vient une idée : elle commence à sonder les objets autour d'elle - "voulez-vous perdre votre situation ?" et arrive à la conclusion qu'aucun d'entre eux n'a envie de déménager ni que le couple se sépare : le statu-quo, voilà ce qui plait aux objets : rester dans leur coin, effectuer leur tâche, point barre.  

Elle échafaude donc un plan diabolique afin de réconcilier les amants, coûte que coûte et quel qu'en soit le prix...  

(Script original)