Adrian (Quentin Da Silva) n'eut pas peur lorsqu'il vit pour la première fois cette femme (Camilla Klein), devant son bar au beau milieu de la nuit. Mais il fut fasciné, et songea qu'il a eu une incroyable chance de l'avoir rencontrée. Mais flippant ? Pas du tout. Il ne lui venait pas non plus à l'esprit qu'il avait ressenti à peu près la même chose lorsqu'il avait rencontré sa première petit amie quand il était adolescent.  

Il travailla dans un bar, son bar et il compta fermer boutique pour cette soirée. On pouvait compter sur lui pour gérer sa petite entreprise avec son employée Natacha (Gemma Rosen), une jeune fille de 21 ans. De temps en temps, Adrian lui laissait le bar quand il n'y avait pas trop de monde, le temps pour lui de faire des pauses ou éventuellement faire des projets pour son bar.  

Pas la moindre personne à l'horizon, hormis cette mystérieuse femme agenouillée et dans un sale état physique avec des blessures superficielles un peu partout sur son corps. Il voulait l'aider sur-le-champs.  

Il s'avança et mit un genou à terre devant elle. C'était une très belle femme. Tellement belle qu'Adrian ne sut pas quoi dire. Il était troublé. A ce titre de charme, la femme faisait très fort aux yeux du patron du bar. Il jeta un coup d'œil rapide autour de lui pour vérifier qu'il n'y ait personne mais ne vit rien. Il laissa sa main effleurer la joue de la femme puis se leva pour aller chercher de quoi la soigner. Natacha demanda ce qu'il se passait mais Adrian ne répondit pas et fila chercher de l'alcool et des pansements.  

Il revint à la jeune femme et il se vit déjà en train de roucouler avec elle, lui laisser une place à ses côtés. Un coup de foudre immédiat.  

La femme ne disait pas un mot, même quand Adrian avait apparu pour la première fois pour l'aider. Elle s'était positionnée de façon à ce qu'on la voit la moins possible afin qu'on ne découvre pas la vérité sur sa véritable nature. Dans le noir, en effet, on la distinguait assez mal, voire même pas du tout. Dans la ruelle, la belle femme savait qu'Adrian ne l'avait pas encore remarqué et qu'il en était tombé amoureux. C'était obligé vu ce qu'elle était. Cela faisait parti d'elle cette sorte de pouvoir. Elle ne pouvait rien y faire.  

Une fois à sa hauteur, Adrian lui sourit mais remarqua que la femme avait peur.  

Elle vient de subir quelque chose de grave et n'accorde pas encore sa confiance songea-t-il. C'est normal ce genre de comportement.  

Cela lui plut. Il aimait cette idée d'une femme en manque d'amour, cherchant de l'aide auprès de quelqu'un d'autre. Mais il ignorait totalement la raison pour laquelle elle était ici. Lui qui cherchait une femme qui lui fasse changer de vie, il va bien être servi par celle-ci.  

Oh oui, superbe femme pour Adrian Caron, il n'aura plus probablement à chercher sa future épouse, c'est un ange tombé du ciel qu'il voit là – mais pour lui, la plupart des hommes sur Terre était des ignorants, du moins en ce qui concernait les femmes.  

A l'instant où il lui tendait la main pour l'aider à se relever, envahit par le désir de s'en saisir de suite, de la prendre dans ses bras et de lui avouer ses sentiments, la voix de Natacha s'éleva dans son dos :  

- Vous avez remarqué ses ailes dans son dos ?  

Il sursauta et se tourna vers son employée. Elle se tenait directement derrière lui, masquant le paysage. Elle était comme hypnotisée par la belle femme et sa bouche était en forme de O.  

Il vérifia les dires de Natacha et les yeux de la femme se portèrent sur Adrian qui craignait une mauvaise réaction de la part de son sauveteur. Il y avait bien des ailes blanches dans le dos de la belle femme. Elles étaient abimées mais en toute apparence réelles. L'ange n'osait pas faire quoique ce soit. Pour elle, l'arrivée de Natacha prenait des proportions effrayantes.  

- Je crois qu'on ne va pas prendre de risques stupides et la cacher, dit Adrian. Elle a l'air déjà sonnée et terrorisée. La police va l'achever, je le sens.  

- En... en principe, je sais quoi faire pendant mes moments bizarres ou difficiles, mais là... c'est le summum et je crois plutôt que c'est du pipeau. Les anges n'existent pas !  

L'ange, afin de prouver que c'en est bien une, se leva et agita ses ailes doucement pour ne pas se faire remarquer. Puis, elle s'évanouit pour avoir utilisée ses dernières forces.  

Natacha qui ne croyait pas aux anges auparavant ne voulut plus quitter son patron et l'avait même suivie jusqu'à chez lui. Cela ne dérangeait pas tellement Adrian même si par moment voulu être seul avec la mystérieuse femme. Mais cela lui permet de ne pas faire de bêtises et de garder les pieds sur Terre.  

- Je ne vois vraiment pas comment ce genre de choses puisse exister. Ce n'est même pas un canular puisque ses ailes sont bien réelles. Je ne sais même pas ce qu'on peut faire ni comment l'aider. Elle ne nous dit rien non plus. Parle-t-elle pour commencer ?  

Elle soupira.  

- Cette femme est sensationnelle, rajouta-t-elle.  

Adrian s'approcha de l'ange, lui mit une main sur le genou, essaya de la mettre en confiance mais elle n'osa toujours pas parler alors qu'elle en avait la possibilité.  

A vrai dire, Natacha avait elle aussi ressenti quelque chose en voyant l'ange pour la première fois, sans quoi elle n'aurait jamais suivie son patron même en ayant vu les battements des ailes. Elle éprouvait tout simplement des sentiments différents... ou quelque chose de moins mais toujours fascinant.  

Elle regarda l'ange droit dans les yeux. Ce qu'elle vit l'atteignit comme une droite dans l'estomac. L'ange avait changé. Pas de beaucoup mais ne manière indiscutable. Les blessures s'étaient élargies, révélant encore plus les hématomes sur tout son corps. Elle avait les yeux encore plus plissés, ce qui lui donnait un air plus mauvais que jamais.  

L'augmentation des blessures, un regard encore plus assombri, rien que de petites choses en réalité. Elle pouvait se tromper mais Natacha en était tellement fascinée que ça la troubla. D'un autre côté, elle pouvait aussi se tromper sur ces petits détails vu qu'elle venait juste de la rencontrer.  

John Stoltz (Urs Peter Best) parla de Mandy, de la sœur de Raphaël et de son ex-femme Mélanie (qui habitait Kubrick). Mélanie était un cas dans son genre. Elle dirigeait une entreprise automobile d'une marque populaire qu'on ne citera pas et ne profitait pas de ses revenus mensuels. Cela faisait longtemps, quand ils étaient ensemble, que John voulait lui ouvrir les yeux mais Mélanie faisait mine de ne pas comprendre. Avoir eu une Mélanie dans sa vie lui avait suffi.  

Lorsque John sortit de la maison et qu'il venait de refuser l'inévitable invitation à rester à diner :  

- Tu pourrais lui faire faire l'essentiel du chemin entre la Terre et le Ciel si tu lui donnes tout de suite, signala la très belle fille qui l'avait accompagné dehors.  

- Je sais. Je comprends que tu m'en veuilles, évidemment, tu as toujours apprécié Mandy et ses... bizarreries. Je l'ai mal pris... très mal pris la dernière fois.  

Elle frissonna.  

- On aurait dit qu'elle avait le mal en elle et qu'elle voulait vraiment nous le transmettre, ajouta-t-il.  

La sublime fille sourit et l'embrassa sur le bout du nez.  

- Allez, allez, file lui donner la clé même si tu penses qu'elle n'en vaut pas la peine. C'est comme si elle faisait parti de la famille maintenant. Honnêtement, je n'aime pas trop la savoir sur Terre comme nous. Il pourrait se passer quelque chose de grave si elle y reste trop longtemps. Son état se désagrégera si elle entre en contact avec des humains.  

Au moment où John s'apprêtait à partir définitivement en battant des ailes, la fille l'attrapa puis l'embrassa et lui souffla un «Je t'aime».  

John fait de même et, au fond de lui, ne compta pas donner la clé à Mandy.  

L'ange était tout essoufflé, assise par terre contre un mur. Elle avait encore changé. Ses blessures s'étaient aggravées et clairement visibles. Adrian et Natacha ne savaient pas quoi faire à part la soigner avec les moyens du bord. Ils n'osaient pas l'emmener à l'hôpital de peur qu'elle se fasse exploiter. Un miracle, il faudrait un miracle pour que quelque chose de positif arriva.  

Les yeux grands ouverts, deux magnifiques yeux bleus tirant vers le vert, c'était la première fois qu'Adrian les voyait vraiment, Mandy souffla : la clé... John...  

C'est qui ce John ?, fit dans sa tête Adrian immédiatement.  

L'ange s'évanouit, à bout de force.