Soupirer.  

Oui. Soupirer. C'est bien la seule chose que l'on a envie de faire en rentrant dans cette ville. Le centre-ville est désert, tout autant que la marina. A Fundanse, il n'y a (presque) pas un chat. La plupart des producteurs sont partis. Les habitants, lassé de l'ennui ambiant, les ont ensuite suivi. Patrick Maidstone et Marie Alborth déambule librement dans la cité. Autrefois, le cinéma était roi, ici. Désormais, c'est le plagiat qui règne sur le box-office, à coup de «Crazy Stupid Love» ou de «aladdin 2 le retour de jafar», ces affiches volées étant placardées sur les murs de la ville.  

Patrick entend un bruit derrière lui. Il se retourne: deux jeunes se battent. Ils n'ont pas l'air très «clean» en plus...Patrick reprend son chemin avant que Marie ne s'aperçoive de quelque chose. Mais qu'était donc devenue cette ville autrefois réputée pour son cinéma? Nous avons essayé de joindre par téléphone la gérante de la principale production actuelle pour lui poser quelques questions quant à ses méthodes de travail. On refusa, en nous disant que l'on avait rien à faire ici.  

Se rappeler.  

Il n'y a pas si longtemps, cinq ans à peine, la ville regorgeait de producteurs talentueux: Misterdada Studio, Hending Studio, E-Véar...Même Gérard Cousin avait ouvert une filiale à Fundanse. Nous-mêmes, nous étions encore présent. Les films s'enchaînaient au box-office. De vrais films, des bons, biens construits, et tout et tout...L'industrie cinématographique était au mieux, malgré une légère baisse de fréquentation des salles par rapport à l'année précédente. Mais, rien de bien grave.  

Et pourtant...Une crise arriva. Des employés de grandes productions se mirent en grève, protestant contre des conditions de travail jugées trop dures. Et, le mercredi, plus rien de nouveau ne sortait en salles. Le système était paralysé. Il suffoquait. Il étouffa la ville. Ce fut l’exode.  

Partir.  

Envolés. Tous les grands noms du cinéma fundansien s'étaient envolés, un à un, délaissant la ville pour Gerardmerveille, plus grande, plus professionnelle, plus attirante...Il n'y avait plus grand monde en ville.  

Pourtant, un beau jour, une nouvelle génération d'artistes talentueux arriva. Avec les Umbre Communauty, les Films du Cyborg ou autres Guards Brothers, la ville reprenait quelques couleurs. Loupieau Production France revint même faire un petit tour en ville.  

Marie et Patrick rentrent dans un bar à l'enseigne un peu vieillotte. Un homme, seul attablé au comptoir, raconte:  

- C'était une belle époque. Après l'exode massif que l'on avait vécu, et toutes ces pertes d'emplois, tout ce que cela avait engendré, ce retour du cinéma était comme un cadeau inespéré. Malheureusement, ça n'a pas duré longtemps...  

Partir, encore.  

Cette fois-ci, ce fut la crise des plagiats qui s’abattit sur la ville. Elle fut noyé dans un océan de film vides, ou plagiés. Lassés, les seuls vrais producteurs qui demeuraient encore là partirent de nouveau vers Gerardmerveille. Définitivement.  

Alors que le soleil se couche sur la marina de Fundanse, nos deux reporters marchent toujours, admirant ce spectacle qui marque aussi la fin d'une époque. Il faut bien s'y résoudre: Fundanse est morte.