En cette belle journée ensoleillée d'été, tout les enfants du quartier jouaient dans le parc, sur l'herbe sèche et sous le regard protecteur du soleil bien-aimé. Tout ce petit monde s'amusait à courir, à crier, à sauter, ou encore à descendre les toboggans brûlants. Les adultes, eux, flânaient tranquillement dans les jardins du parcs, les sens en éveil, à l'affut du moindre soupçon de bonheur. Quant aux adolescent boutonneux et bardés d'appareils dentaires, ils passaient tout simplement leur temps à se bécoter sans se soucier du regard des autres. Dans le parc, l'insouciance régnait, au plus grand plaisir de tous. Soudain, un enfant, pas vraiment plus âgé que les autres, traversa rapidement le parc d'un pas pressé. Il ne pouvait pas passer inaperçu, tant il était repérable par sa tenue inadaptée à une telle météo: il portait un long manteau noir, un pull et un jean tout aussi sombres, et des bottes. Il n'y avait pas de doute possible: Stan (voix de Michael Charest) était un gothique.  

Stan poussa la porte d'entrée de l'humble maison de ses parents. Il rentra et referma la porte derrière lui. Le petit garçon se hâta alors de monter les marches, quatre à quatre, et de filer tout droit vers sa chambre. Quand il y entra, des exclamations de joie sombre se firent entendre. Stan fixa l'assemblée quelques instants.  

Les enfants ont pour habitude de ramener de nombreux amis dans leur chambre, pour passer de joyeuses journées à jouer à la console ou au dernier jeu de cartes fantaisiste. Sauf que cette assemblée là était très différente de ce que l'on pourrait espérer voir. Une demi-douzaine de garçons, tous habillés de noir de la tête aux pieds, étaient assis en cercle, sans parler. Tous étaient plus grand en âge et en taille que Stan.  

Stan se fraya enfin un passage et se planta debout, au milieu du cercle. La «cérémonie» pouvait alors commencer.  

Amélia (voix d'Iris Levay) venait de rentrer. La mère de Stan avait bien profité de cette belle journée. Le soleil était déjà couché depuis longtemps, quand elle se mit à monter les escaliers pour aller voir son fils. Mais quand elle ouvrit la porte, elle poussa un cri. Devant elle se trouvaient six garçons qu'elle ne connaissait pas, assis en cercle, et, au milieu d'eux, il y avait Stan. Il tenait dans la main le poisson rouge de la famille, qui portait de multiples traces de couteau. Le visage de Stan se décomposa, tandis que sa mère hurla:  

- Tout le monde dehors! Non, pas toi, Stan! Tu restes ici!  

Tout le monde obtempéra. Amélia raccompagna tout ce «beau» monde jusqu'à la porte, qu'elle claqua sèchement. Elle téléphona ensuite à son mari, médecin à l’hôpital, qui devait travailler jusqu'à 22h, pour l'avertir. Elle remonta ensuite et ouvrit la porte de Stan.  

- Qu'est-ce qu'il t'as pris!? Hein!?  

- Je ne sais pas. Pardon.  

La mère ne savait que faire. Elle ne savait pas gronder son enfant aussi bien que son mari. Mais, au fond d'elle, le voulait-elle vraiment? Elle prit Sam contre elle, le serra dans ses bras, puis lui murmura simplement:  

- Promets-moi juste de changer.  

Le lendemain, c'était lundi. Stan devait retourner à l'école, comme tous. Il n'avait pas oublié la demande de sa mère, si gentille. Ce matin, il s'habilla donc avec des vêtements normaux, qui ne pouvaient en aucun cas le faire remarquer. Il voulait changer. Et il alla à l'école.  

Ce matin, Stan commençait sa journée par deux heures de français, avec Mme Heurtaux (Voix de Sandrine Taufen). Une véritable épreuve pour les autres, un immense plaisir pour Stan. La professeure devait leur rendre leur dernier devoir. Stan avait hâte.  

Un élève de troisième vint alors trouver Stan. C'était Jérémy (Voix de Conrad Kelly), un des gothiques de la veille. Il commença:  

- Elle est chiante ta mère! Elle nous laisse même pas jouer!  

- Ta gueule!  

La conversation s'envenimait. Jérémy en venait aux mains, Stan voulu répondre, mais un de ses camarades de classe l'en empêcha. Stan revenait alors vers son rang, lorsque Mme Heurtaux arriva. Il monta alors en classe le cœur lourd.  

- Jonathan, 10, juste la moyenne. Laura, 6,5. Il faudrait travailler un peu plus. Stan...Sa voix s'interrompit. - La professeure chercha l'élève en question des yeux. Il était assis seul, au fond de la classe. - 20, c'est tout simplement parfait. Je n'avais encore jamais lu ça...  

Stan pris sa copie en tremblant un peu, murmura un merci, puis parcouru vaguement sa copie, à la recherche d'une faute, inexistante.  

Le cours était passé bien vite. Trop vite, pour Stan. Alors que tous les élèves désertaient la classe, se dépêchant d'aller en récréation, Stan s'attarda au bureau de sa professeure.  

- Stan! Ça tombe bien, je voulais te parler. Ta rédaction est juste splendide! Tu arrives à mêler poésie et récit comme un Grand écrivain de ce monde. Et tout ça dans un univers qui t'est propre...A chaque fois que je te lis, j'ai l'impression de rester exactement dans ce même univers sombre. Comment fais-tu, à ton âge?  

- J'ai lu tout Edgar Allan Poe. J'adore le Corbeau.  

- Tu devrais écrire.  

Alors, Stan pouvait se dire qu'il avait trouvé une raison de plus que l'amour qu'il portait à sa mère pour s'en sortir: l'écriture. Sauf que dès qu'il fut sorti de la classe, Jérémy lui tomba dessus: il l'apostropha violemment:  

- Et dire que je me suis fait dirigé par une petite pédale littéraire...  

Il cracha au sol et se rapprocha de Stan. Une rancœur tenace était née. Et Stan allait devoir faire avec...