Un homme en furie. Des médecins hargneux. Une infirmière tenant une seringue. Voilà ce qui constitue les éléments principaux de cette chambre d'hôpital psychiatrique. Mais il ne faudrait oublier le mobilier pourvu d'un lit matelassé et d'un petit bureau sans tiroir. L'homme en furie plie son corps en deux lorsque l'aiguille de la seringue lui rentre dans le ventre car instantanément l'homme ressent la douleur puis l'apaisement. Son corps est endormi mais son cerveau tourne à mille à l'heure et dans tous les sens, il pourrait exploser... Mais le liquide atteint ses neurones et se déploie dans son crâne comme de l'eau qui s'infiltre dans une éponge. L'homme en furie n'est plus un homme à cet instant, il n'est même pas un animal, il est un objet entre les mains d'hommes obscènes.  

Nous sommes en 1943 à l'Hôpital psychiatrique Neue Wache en Allemagne. La moitié du bâtiment est consacrée à la guérison des traumatisés de guerre avec le but ultime de les renvoyer au front. Il ne faut surtout pas gâcher de la chair humaine prête à tuer lorsqu'on est un pays qui veut devenir un Empire. Ainsi, les patients subissent des séries d'électrochocs et sont bourrés de sédatifs. Mais ils doivent aussi se tenir en forme en devant accomplir des exercices physiques quotidiens. Et en dernière heure de la journée, lorsque le couvre-feu les oblige à rester dans leur chambre respective, ils s'endorment en écoutant des chants nazis qui sortent de hauts-parleurs. La tâche est particulièrement difficile puisque les traumatisés de guerre sont souvent des soldats qui ne supportent pas les gestes commis par les nazis, qui ne veulent pas être nazis, voire qui veulent les détruire. La tâche est difficile mais pas insurmontable, elle est même cruellement nécessaire pour donner force à l'ordre nazi.  

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LE CABINET DU DOCTEUR COLIBRI  

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Le tic tac de l'horloge résonne dans le cabinet du Docteur Colibri (Ash Gore). Ce dernier est assis de manière rigide et droite dans un fauteuil avec des roulettes. Il regarde droit devant lui, l'oeil palpitant et vif caché derrière un monocle en or qui illumine sa pupille. Que voit-il avec autant de plaisir ? Que mate-il aussi attentivement ? Quelle envie se cache derrière ce regard de chirurgien-psychiatre ?  

De l'autre côté de la pièce, se trouvent un homme nu faisant des génuflexions à côté de médecins et d'infirmières donnant des ordres à cet homme, prenant des photos et des notes sur un cahier blanc. Cet homme s'appelle Ludwig Keller (Dick Revolutionnary) et est interné dans cet asile de fous depuis un an lorsqu'il est revenu du front mutique et tremblant du bras droit. Il refusait catégoriquement de retourner au front pour défendre la race aryenne contre les Alliés. A l'époque, une même image clignotait dans sa tête : une image où il appuie sur la détente d'un fusil pour tuer un jeune français de 15 ans en plein dans le coeur. C'est de cette même main assassine qu'il tremblait à son arrivée dans l'asile.  

Aujourd'hui, c'est le grand jour. Il est guérit, ne tremble plus, a la parole aisée et souhaite retourner au front. Il doit passer un dernier examen devant le Docteur Caligari pour prouver qu'il peut quitter ce lieu. Tandis que Colibri fait signe aux médecins et infirmières de quitter le cabinet, Ludwig se rhabille et s'assoit devant le bureau de son psychiatre. Ils se font face et Colibri lui annonce : "Je suis très fier de votre guérisson monsieur Keller. J'ai appelé des journalistes pour qu'ils vous accueillent à la sortie de l'établissement. Vous allez devenir le patient exemplaire de notre maison de santé mentale et donner envie aux traumatisés de guerre de venir se faire soigner dans notre hôpital. Tenez le discours que je vous ai donné la veille et marcher droit vers le front. Je suis confiant en votre détermination de soldat de la race aryenne". Ludwig a les larmes aux yeux et sourit à son psychiatre. Les deux hommes se serrent la main et Colibri accompagne son patient jusqu'à la sortie.  

Une lumière blanche et aveugle tiraille le crâne de Ludwig. Il maintient sa marche vers la sortie de l'hôpital tandis que son coeur palpite. Il va pouvoir retrouver sa femme avant de retourner au front. Un goût de liberté remplit son ventre qui papille comme lorsqu'on tombe amoureux. Les grandes portes s'ouvrent, Colibri lui serre une dernière fois la main et se disent au revoir avec le salut hitlérien. Heil Hitler !  

Les flashes des photoreporters assaillent le corps sublime et fier de ce soldat vainqueur de sa maladie mentale. Mais un regard parmi la foule le fait vaciller, un regard d'homme triste qu'il a déjà vu, celui de Mark Steinberg (Ivan Harrison), son compagnon de guerre. Le cerveau de Ludwig semble se retourner sur lui-même, il s'effondre aux pieds des journalistes assoiffés de patriotisme. Colibri se précipite vers lui, lui donne des claques mais Ludwig ne se réveille pas.  

Deux infirmières (Pamela Frederick et Jewel du Prez) prennent soin de Ludwig qui est de retour dans une chambre capitonnée de l'hôpital psychiatrique. Elles lui posent des électrodes, préparent les anesthésiants et sortent de la chambre pour laisser entrer le docteur Colibri. Celui-ci semble en colère contre Ludwig d'avoir saboté les plans médiatiques de son asile. Il demande qu'on actionne les électrochocs, les assistants s'exécutent et Ludwig subira les décharges électriques pendant une heure. Colibri marche dans les couloirs morts de son établissement d'où jaillissent quelques cris de fous. Il arrive dans son cabinet et au moment de refermer la porte, un homme sorti de nulle part l'assome et transporte son corps dans un ailleurs inconnu.  

Les deux infirmières ramènent Ludwig dans sa chambre. Elles lui administrent un antidote à ce qu'elles lui ont donné précédemment. Le soldat se réveille et et observe les deux jeunes femmes prenant soin de lui. L'une d'elle lui explique qu'un groupe de résistants communistes ont décidé de le sortir de là et qu'il lui faudra être patient et recommencer à faire semblant d'aller mieux. La première fois était un échec mais la deuxième ne ratera pas.  

L'alarme sonne dans tout le bâtiment. Tous les patients sont reconduits dans leur chambre et le personnel dans une pièce d'urgence dans laquelle ils se réunissent. Le sous-chef de l'établissement, le Docteur Hermann (Urs Andrews), prend la parole et annonce que le Docteur Colibri s'est suicidé et qu'il va y avoir une période de latence en attendant la nomination d'un nouveau chef pour l'hôpital psychiatrique.  

Pendant que les médecins et les infirmières débattent de la situation, l'inconnu qui s'est introduit dans l'établissement regarde à travers la grille d'aération. Il s'agit de Mark Steinberg, l'homme qui a fait s'effondrer Ludwig Keller. Steinberg se souvient d'une image qui clignotait dans son esprit lorsqu'il fut interné dans cet asile : une image où il faisait entrer des juifs, des homosexuels, des tziganes dans une chambre à gaz.  

Heil Hitler ! L'Hôpital est sans chef et une révolte se prépare dans l'établissement. Heil Hitler ! N'entrez pas sans violence dans la nuit. Heil Hitler ! L'Impossible arrive à grands pas. Heil Hitler ! De cette nuit, naîtra la violence divine...  

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LE CABINET DU DOCTEUR COLIBRI  

un film de Vivien Guards  

écrit par Cole Harper  

avec Dick Revolutionnary, Ivan Harrison, Ash Gore, Pamela Frederck, Jewel du Prez et Urs Andrews.  

durée : 1h56