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Gérard Cousin Prod présente
Django

En 1965, alors que sur les écrans d'Europe le film "Pour Une Poignée de Dollars" de Sergio Leonne a relancé sur tout le continent la "mode" du western, jusque là moribond aux USA et en Allemagne, dernier bastion où l'on tournait notamment des "Winnetou" d'après l'oeuvre de Karl May. Bien peu de gens se soucient que "Pour Une Poignée de Dollars" soit un plagiat du film Japonais "Yojimbo" d'Akira Kurosawa, les gens sont subjugués par ce cow-boy crasseux et sans nom incarné par Clint Eastwood, doublé d'une excellente mise en scène de Sergio Leone, mise en scène littéralement magnifiée par la musique d'un "inconnu" à ce moment-là, Ennio Morricone. Dès lors, la quasi-totalité des réalisateurs transalpins se lança dans le sillage de Leone pour faire eux aussi leurs westerns et gagner beaucoup d'argent. La sortie de "Et Pour Quelques Dollars de Plus" accentua ce phénomène et pour beaucoup Sergio Leone "créa" le western italien (le terme "western spaghetti" est péjoratif et utilisé à la base par les producteurs Américains pour montrer leur dédain de ce genre "batard"). Mais la réalité c'est que Leone n'a fait qu'allumer une mèche: Avec lui, le western est sorti du carcan dans lequel les Américains refaisaient l'histoire et dans lequel les courageux colons affrontaient les "sauvages" indiens. Leonne apporta une certaine violence graphique mais restait sur le seuil tel le chainon manquant entre le western américain et le chambara Japonais...  

Sergio Corbucci apporta l'ame latine au coeur du western et quand on parle de western italien, on pense aux excés initiés par Corbucci là où Leone s'accrochait encore aux regles du genre: Corbucci, tel son héros Django, les explose à la mitraillette!  

 

Django est le western qui a marqué le genre si fortement qu'il existerait plus de 300 films de part le monde qui comporteraient le mot "Django" dans leur titre! Des la scène d'ouverture, un pistolero crasseux trainant un cercueil dans la boue sous une pluie battante: Le décor est planté! Dans les westerns, il fait toujours un grand soleil, simulant avantageusement celui du Mexique ou du Texas...  

Là, rien de tout ça: C'est sale, c'est humide et si c'était en odorama, ça puerait...  

En quelques plans, Corbucci campe son personnage dans une certaine réalité. Pourquoi tire-t-il un cercueil? Car Sergio Corbucci avoua avoir été impresionné dans une bd japonaise (encore!) par un dessin montrant un samourai trainant une boite ressemblant à s'y méprendre à un cercueil: Bien souvent, dans les westerns, les héros trainent la mort derrière eux, là ce n'était pas qu'une expression! C'est dans une ambaince suréelle dans une ville quasi-abandonnée que se déroule l'histoire où deux factions, des mexicains et des sudistes, se mènent une guerre sans merci. Dit comme ça, c'est pas très originale mais graphiquement, tout est fait pour que l'on soit à la lisière du film fantastique, "marque" des westerns italiens plus tard: De la brume, de la boue, des sudistes portant tous des cagoules rouges tels des fantomes au milieu de cette ville abandonnée...  

Au milieu de ces deux factions, quelques prostituées et surtout Django! On se rapproche de la situation de "Pour Une Poignée de Dollars" il est vrai mais en plus dégénéré, en plus fou...  

Au fur et à mesure, on se rend compte que Django cherche à se venger à cause d'un drame et là ça change: Ce qui avait été amorcé par Leone dans "Et Pour Quelques Dollars de Plus" (le mix du western et du drame antique, très péplum presque!) est magnifié par une violence et un coté sans concession qu'apporte Corbucci, ajouté à cela une démesure typiquement italienne (mais étrangement absente chez Leone): Là où dans les autres films, il y a un duel ou une fusillade entre le héros et quelques types, Corbucci met aux prises son héros avec une bonne cinquantaine de types! Et ça élimine à la chaine avec une mitrailleuse (c'est une première dans un western!), le sang coule, le héros n'a rien "d'honorable" là où l'homme sans nom restait encore un héros, Django n'est qu'un loup de plus dans ce monde qui en comporte déjà beaucoup...  

La violence graphique du film "Django" est des plus hallucinante pour l'époque: L'un des mexicains tranche l'oreille d'un pasteur sudiste et la lui fait manger comme une hostie! (cette scène fut reprise bien des années plus tard par Quentin Tarantino dans "Reservoir Dogs" mais lui ne fait pas manger l'oreille à la victime...), le fouet claque aussi beaucoup dans ce film, la violence montant à son paroxysme quand le héros a les mains littéralement broyées par des sabots des chevaux...  

Si Sergio Corbucci a toujours très mal traité ses héros (les rendant aveugles, infirmes voir carrément les faire massacrer par le bad guy!), c'est là que l'on sent toute la démesure qu'il apporta aux westerns italiens, une démesure qui faisait défaut aux westerns de Leone car trop attaché encore au genre là où Corbucci n'en avait que faire...  

Bien qu'il eut de très nombreux problèmes lors de son tournage à cause de son budget étriqué, le film fut un énorme succés...  

La musique de l'argentin Luis Bacalov tranche avec celle d'Ennio Morricone et contribue à faire entrer avec "Django" le western italien dans une nouvelle ère...  

 

En 1966, un autre western italien vient apporter sa pierre au genre, prenant une optique encore différente de celle de Leone ou de celle de Corbucci: Avec "La Reisa dei Conti", Sergio Sollima apporte une conscience sociale et politique dans le genre. Mais des trois Sergio (Leone, Sollima et Corbucci), c'est le créateur de "Django" qui marqua le plus les esprits des spectateurs: La plupart des héros des western d'exploitation commençaient à comporter "Django" dans le titre, de fausses suites furent mises en chantier ce qui donna l'occassion à Terence Hill de débuter, à cause d'une vague ressemblance avec Franco Nero, le héros de "Django"! Mais ce n'est pas qu'en Italie que "Django" devint presque une marque pour les westerns: Au Japon, au USA, certains westerns européens se retrouvaient retitrer "Django" pour leur explotation comme par exemple "Se sei vivo, spara" ("Tire encore si tu peux" en VF) devenu outre-atlantique "Django Kill!" Et les exemples comme ça sont nombreux! Corbucci apporta un coté baroque voir gothique au western italien, une démesure qui a plu pour des raisons multiples...  

Mais le plus surprenant, c'est que si le public a tout de suite accroché à cela, les professionnels aussi! Par la suite, de très nombreux films essayèrent de retrouver l'ambiance de "Django" avec plus ou moins de succés comme "Keoma" de Enzo G. Castellari (avec Franco Nero!), "Mannaja, L'homme à la hache" de Sergio Martino avec Maurizio Merli (l'unique western de la star des "Poliziotteschi"!) ou encore, sombrant encore plus dans le gothique, le baroque et le fantastique, "Les 4 de l'Appocalypse" de Lucio Fulci. Ces trois films doivent plus à "Django" qu'à la trilogie du dollars dont ils sont aussi lointains que les films de Leone étaient lointains des westerns Américains de John Ford ou de Howard Hawks! Un sous-genre qui accoucha d'un sous-genre en somme...  

 

Dans les années 80, suite aux succés des films d'action "Commando" ou "Rambo II", certains opportunistes essayent de relancer l'intéret pour le personnage dans "Django 2: il grande ritorno" toujours avec Franco Nero. Mais le résultat ne fut qu'un pale "action-movie" ridicule déjà à l'époque, qui paraisait vieux alors qu'il venait de sortir là où "Django" restait très moderne alors que sorti 20 ans auparavant...  

 

Et maintenant me direz-vous? J'ai envie de dire: "Django" se porte mieux que jamais! Bien que le film date de 1966, il est devenu culte pour tous ceux qui l'ont vu, n'ayant pas eu l'exposition médiatique de la trilogie de Leone pour plein de raisons (la présence d'Eastwood, la musique d'Ennio Morricone et surtout la présence de Leone: Si sa trilogie du dollar est des plus moyenne sur le plan artistique, il a réussi l'un des plus grands et des plus beau western avec "Il Etait Une Fois dan L'Ouest", véritable ode au western mais à l'américaine...). Des cineastres comme Takashi Miike ou Quentin Tarantino ont une telle passion pour ce film que l'un comme l'autre voulurent donner leur "vision" du mythe "Django": Le premier dans "Sukiyaki Western Django", une préquelle mélant western et chambara (encore!), l'autre dans "Django Unchained" un western "à l'italienne", violent et excessif, qui aura une ambiance proche de celle du film de Corbucci d'après son auteur...  

Ce documentaire va vous plonger au coeur de ce film mythique au travers d'interviews recueillies par Nolan Andrews et par Cristina Rasmuson, d'images d'archives, d'extraits de "Django" et d'autres films pour illustrer le propos de ce documentaire! Une chose est sûre: Vous ne verrez plus le western italien comme avant après ça!  

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Dans ce documentaire, le réalisateur Japonais Kenji Hattori fait plonger le spectateur au coeur du film "Django" et de son importance dans le genre western, une importance équivalente voir supérieur à celle de la trilogie du dollars de Leone! A la fois narrateurs et interviewers Nolan Andrews et Cristina Rasmuson aideront les spectateurs à découvrir ce film! La musique est composée par Wayne Kirkhope! Pour la première fois, Kenji Hattori décide de faire un documentaire et c'est pour GCP qu'il le fait

Scénario : (2 commentaires)
une série Z documentaire de Kenji Hattori

Nolan Andrews

Cristina Rasmuson
Musique par Wayne Kirkhope
Sorti le 24 novembre 2023 (Semaine 986)
Entrées : 4 599 220
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