Bon, je préfère prévenir tout de suite, mais ce film sort complétement des sentiers battus. Politiquement incorrect, c'est une comédie noire (de l'humour noir, donc). Un texte à ne pas prendre au 1er degré. Ce film dénonce en essayant d'être drôle. Sur la drôlerie du texte, ce sera à vous de juger. C'est la première fois que je m'essaye à ce genre compliqué.  

Merci de votre compréhension.  

Une superbe voiture de sport s'arrête dans un grand boulevard madrilène. Damien Leroy sort de celle-ci, rajuste sa chemise impeccable, et se met en marche. Il avait hâte de rentrer chez lui, il attendait ce moment depuis si longtemps...Alors qu'il s'apprête à pousser la porte de son luxueux appartement du centre de Madrid, un homme miteux l'accoste. Il tend une petite gamelle remplie de quelques bien maigres pièces, des breloques. Damien crache dedans: ça lui fera à manger, à cet importun! Puis, il rentra enfin chez lui.  

Comme à l'habitude, son père n'était toujours pas rentré. Il fallait dire que ce dernier travaillait dans une grande entreprise internationale, à un poste à responsabilité. Peu importait à Damien; il se rua dans son immense chambre, et, comme prévu, une enveloppe avait été déposée sur son bureau. Espérant que ce n'était pas la bonne qui l'avait touchée, par peur d'être contaminé par cette vieille peau, Damien l'ouvrit d'un geste habile. Il en retira la lettre fébrilement, et commença à la lire attentivement.  

Damien la jeta à terre de fureur.  

Dès que son père avait franchi la porte, Damien s'était rué sur lui, la lettre à la main, furieux. Il voulait lui demander des explications. Il voulait savoir pourquoi lui, Damien Leroy, fils d'un riche français ayant fait fortune dans les affaires, brillant étudiant s'il en est, était reçu à l'Université de Jérusalem!  

- Mais papa, tu te rends compte? C'est plein d'arabes, là-bas!  

- C'est surtout plein de juifs...  

- Et il n'y a même pas quelques nazis pour faire le ménage...Ah, mon Dieu catholique, que m'as-tu fait là !?  

Mais les deux avaient eu beau cherché une quelconque erreur, ils durent bien se faire une raison: il n'y en avait pas! Et pourtant, Damien ne se souvenait pas d'avoir jamais demandé à étudier à Jérusalem.  

Damien, résigné, fit ses bagages. Autant partir ce week-end...Il ne supporterait pas de devoir avouer cela à ses amis espagnols. En plus, il n'aimait pas les espagnols.  

Damien devait bien avouer qu'il avait rêvé d'autre chose que de prendre un avion à la hâte avec des gens des classes moyennes, à destinations d’Israël. Pourtant, une fois réveillé, il devait bien se rendre à l'évidence. Résigné, la mort dans l'âme, comme si on l'amenait au bûcher, il quitta son domicile pour se rendre à l'aéroport de Madrid.  

Il trainait ses lourdes valises remplies de toutes sortes de choses plus luxueuses les unes que les autres comme un fardeau, et ne passait pas inaperçu dans l'aéroport. Il arriva à l'enregistrement et passa sans encombre. Il attendit alors nerveusement l'heure de l'embarquement, puis monta enfin dans l'avion.  

Alors qu'il avait d'ores et déjà attaché sa ceinture, un homme, noir, s'approcha de lui et s'assit sur le siège d'à côté. Damien resta là, hébété, de longue minute, contemplant cet homme. Puis, soudain, il s'exclama:  

- Mais...Pourquoi vous êtes noir comme ça, là? C'est une maladie héréditaire? J'espère au moins qu'elle n'est pas contagieuse...  

Le reste du voyage s'était passé sans autre accroc majeur. Damien n'avait qu'une hâte: sortir le plus vite possible et échapper à l'homme qu'il avait un peu contrarié. L'avion atterrit, le commandant de bord souhaita un bon séjour ici, à Jérusalem, et Damien s'en alla à toute vitesse, oubliant même ses luxueuses affaires. Le plus important, c'était de sauver sa peau blanche.  

Même pour faire du tourisme sexuel, Damien pensait que la ville était pourrie. Il fallait dire que toutes les filles de la ville étaient soit blondes, soit juives, soit musulmanes ou soit moches. Certaines cumulaient même plusieurs de ces handicaps. Il déambulait à travers les quartiers, faisant fit du danger, ne savant où aller. Un homme arriva, le menaça, et lui rafla son portefeuille, avec toutes ses cartes bancaires. La nuit tombait désormais, refermant un voile intégral sur cette journée accablante. Damien était désormais à proximité de l'Université, sans argent pour dormir dans un luxueux hôtel comme il l'avait prévu. Un groupe de jeunes qui jouaient de la musique l'attira. Il s'approcha lentement, écoutant attentivement la douce et apaisante mélodie. Quelques personnes se massaient autour, et, quand les jeunes eurent fini de jouer, tous applaudir. Damien remarqua qu'un homme, manchot, souriait lui aussi, un peu en marge du regroupement.  

- Ben quoi? T'applaudis pas?  

La foule s'était dispersée, les jeunes étaient restés. Damien avait appris à l'occasion qu'ils étaient européens. L'une d'eux était même française, comme lui. Elle s'appelait Marie. Damien était tombé sous son charme. Il s'était finalement joint au groupe, qui cherchait un endroit où dormir. Finalement, ils trouvèrent refuge dans un immeuble détruit par la guerre. Damien suivait Marie, prêt à lui déclarer sa flamme. Il se laissa tomber contre un mur, et reprit tout son souffle. Alors qu'il s'apprêtait à parler, il aperçut Marie, en train de prier comme le font les musulmans.  

- Mais...T'es arabe?!!  

- Et alors? Moi, au moins, je ne suis pas une grosse conne!