Un scénario de Reez Twensi, avec :  

- Bradley Bellis : Berevas  

- Daniel Prigione : Fantor  

- Cariba Rembaud : Maelig  

- Rebecca La Barbera : Aeva  

"- Dis papa, tu me lis une histoire ?"  

Exténué après une journée de labeur, son père pousse un soupire, mais ne peu rien refuser à son fils. Avalon, fou de joie, saute sur son lit et se faufile sous les couvertures, s'installant, prêt à écouter l'histoire de ce soir. Berevas s'assoit sur un bord, reposant ses jambes endolori par le travail. Il se cale confortablement sur le matelas tout en réfléchissant à l'histoire qu'il va bien pouvoir compter à son fils. Il passe une main affectueuse dans la tignasse du garçon et le regarde avec amour.  

"-Bien, dit-il, cette histoire m'est arrivée alors que j'étais à peine plus vieux que toi. Comme tu le sais, à l'époque, les enfants n'allaient pas à l'école comme ils le font aujourd'hui, et c'était un tord, parce-que mon père n'avait du coup jamais d'histoire à me raconter le soir, avant d'aller dormir. Il ne savait ni lire ni écrire, et n'avait pas d'imagination.  

Je me levais tôt et aidais ma mère à m'occuper de mes soeurs, puis je partais travailler aux champs avec mon père. En fin d'après midi, alors que j'étais épuisé, il me libérais et seulement à ce moment là, je pouvais aller jouer avec mes amis du village, Lethen et Gemel, les fils du boucher. On inventait toujours toutes sortes de jeu pour passer le temps et s'amuser, jusqu'au jour où le vieux Fantor nous surpris en train de lui voler des fruits...  

"- Mince, cours Berevas, le grincheux arrive !"  

Paniqué, le garçon, haut perché sur son échelle, se tourna vers la porte d'entrée. Il plissa les yeux et aperçu la tête hirsute du propriétaire des pommes qu'il était en train de cueillir illégalement. Ses amis avaient lâchés l’échelle, qui tangua et, sans pouvoir rien faire, elle s'écroula sur l'herbe dans un fracas à réveiller les morts. Le garçonnet rebondi habilement sur le sol et entreprit de courir pour s'enfuir. Il fut stoppé net par Maelig, une jeune fille de quatorze ans au tempérament bien trempé qui n'aimait pas que l'on embête son oncle Fantor. Berevas dégluti bruyamment et la jeune fille l’attrapa par le bras et le traina jusque devant son oncle. L'enfant se confondit en excuse et le supplia à genoux de lui épargner la vie. Le vieux bourru se moqua de lui en rigolant avant de le reconduire chez lui. La mère de l'enfant invita avec méfiance son voisin à entrer. Elle lui servit avec toute l'hospitalité dont elle savait faire preuve, un thé peu ragoutant mais que l'homme but sans grimaces ni commentaires. C'était un homme plus civilisé qu'il n'y paraissait. Sa mère envisagea toutes les punitions possibles et imaginables pour son fils de neuf ans, avant que l'homme ne la coupe poliment, lui expliquant qu'il avait une bien meilleure idée pour ce jeune garnement. Il n'avait aucunes corvées à lui confiés, par compte, il manquait cruellement de compagnie puisque sa nièce n'était présente qu'au soupé.  

"- Si vous voulez bien, j'aimerai que Berevas me rende visite tous les soirs après son travail aux champs. Nous jouerons aux Dames Menteuses, le jeu le plus populaire en Arion, et je lui apprendrai peut-être à lire quelques lignes pour qu'il puisse me faire la lecture lorsque je serai fatigué. Qu'en penses-tu, jeune homme ?"  

Berevas haussa les épaules, semble-t-il peu intéressé. Sa mère, toujours sur ses gardes, accepta néanmoins, n'ayant pas les moyens de rembourser le vieil homme pour ses pertes matérielles.  

Le lendemain, après sa journée de labeur, le garçon se rendit chez Fantor. C'était bien la première fois qu'il visitait sa demeure. Petite mais spacieuse, la maison offrait un large espace de vie ainsi que deux petites chambres : une pour son vieux propriétaire et l'autre pour sa nièce. La pièce de vie sentait le vieux et le renfermé mais il y faisait bon et c'était chaleureux. Lui qui avait imaginé sa cabane comme une maison hantée, était bien surpris par tant de gout et de confort.  

L'homme le fit assoir et lui appris les règles des Dames Menteuses. Berevas connaissait déjà un petit peu la règle mais il avait besoins qu'on lui rafraichisse la mémoire. Il se prit au jeu de venir tout les après-midi chez cet homme, qui, au début l'effrayait, puis, en apprenant à le connaître, lui plaisait. C'était un être gentil et à l'allure famélique mais à la bonté d'âme grandissante. Il avait été un très bon professeur parait-il, mais il ne parlait pas beaucoup de lui. Il préférait écouté Berevas raconter ses exploits dans des jeux d'enfants inventés par lui et ses amis. Quand le jeu des Dames Menteuses devint ennuyeux, ils se mirent à la lecture. Au début, les lettres ne représentait rien qu'un charabia incompréhensible pour l'enfant, mais bientôt, les mots prirent tout leur sens et il s'amusait à décrypter des phrases de plus en plus complexes.  

Les journées filaient ainsi, mornes le jour et douces le soirs. L'enfant possédait son samedi et ce fut un week-end où Berevas jouait près de la rivière avec ses copains qu'il eut l'idée de les convier eux aussi chez maître Fantor. Au début, les deux garçons se moquèrent de lui et refusèrent par des injures. Puis, curieux, ils furent reçu chez le sage. Cachés derrière leur fierté, ils refusaient les gâteaux du vieil acariâtre et rigolaient de ses jeux "de bourgeois". Du moins, la première heure c'est ce qu'ils firent, parce-qu'ils restèrent encore et finir par se plaire ici. Ils vinrent ensuite une semaine de suite avant que Fantor ne leur propose un nouveau jeu. Il allait leur révéler un secret...  

Ils avaient rendez-vous le dimanche suivant dans la cabane du vieil homme. Ce jour là, il les attendait avec un très gros et très lourd livre sur les genoux. Ils s'approchèrent et s'installèrent à ses pieds, tout autour de lui. Ce qui se passa ensuite, aucuns des trois garçons ne l'ébruitèrent tant ils étaient surpris.  

Quand le lourd volume s'ouvrait, ils pouvaient voir un autre monde, nouveau, inconnu et lointain, apparaitre. Ça semblait merveilleux. Il y avait un château dont les tours grimpaient si haut qu'elles disparaissaient parmi les nuages et, sur ses flancs, une forêt habitée par des êtres féériques. Il y avait des torrents alimentés par de magnifiques cascades bonnes odorantes et des sirènes et des fées. Le tout bougeait, vivait entre les mains ridés de Fantor.  

Comme hypnotisé, Berevas prit appuie sur ses genoux. Il se pencha sur le bord en cuir et tendit un doigts qu'il passa au travers de l'image flottante. Elle trembla un instant avant qu'un point lumineux ne se dessine, tout au bout. Là, une minuscule petite créature apparut. Est-ce qu'il l'avait créée ?! Fantor sourit tout en acquiesçant. Ce monde leur appartenait et ils pouvaient y imaginer ce qu'ils désiraient. Leur imagination en était la créatrice.