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Sur Liste d'Attente

Longtemps, il fût d’usage de croire que l’esprit mourrait avec son enveloppe charnelle. Vous pensiez que le corps et l’esprit étaient indissociables, dans la vie comme dans la mort. Et pourtant, l’âme ne meurt jamais.  

Cela doit vous paraître absurde, que je puisse l’affirmer avec tant de conviction. Et sans avancer aucun argument, de plus ! Mais il faut me croire sur parole : l’âme est immortelle. Seulement, quand j’ai créé ce nombre d’ailleurs innombrable (serais-je déjà atteint d’Alzheimer ?) d’âmes errantes et trainant leur peine sur cette Terre hostile, je n’avais pas prévu la suite. Hors, je me suis vite retrouvé face à un terrible problème : j’avais plus d’âmes à disposition que de corps dans lesquels les placer. En même temps, je n’aurai pas du créé autant de maladies, je dois bien l’avouer. Il m’est alors venu à l’esprit une géniale et divine idée : j’allais placer ces âmes sur liste d’attente ! Ainsi, chacune pourrait jouir à son tour d’une vie plus ou moins courte, avant que je ne la rappelle avec moi. Puis, cette même âme, après un temps d’attente estimé environ à 247 années, 4 mois, 18 jours et quelques babioles, serait réincarnée dans un nouveau corps…tout à fait différent !  

J’espère que cette petite histoire vous convaincra de l’immortalité de l’âme.  

D.  

 

Il fait sombre. Nuit noire. Une fois de plus. Mais il commence à en avoir l’habitude. Pour autant, Jésus trouve le temps long. Oui, Jésus, le Christ, celui-là vénéré à travers le monde, et qui, pourtant, se doit d’attendre son tour, comme tout un chacun. Serait-ce une faible lueur au bout de ce tunnel obscure ? Se pourrait-il que… ?  

« Ouiiiin, Ouiiiin ! ».  

C’était un réflexe. Le réflexe d’une âme prisonnière depuis un paquet d’années, et dont la voix s’était un peu enrouée depuis. Enfin, le Christ daigna ouvrir les yeux. Il crût à une blague. « Papa, tu as merdé. Tu t’es gouré ce n’est pas possible autrement ! ». Et pourtant, au poignet du nouvel divin enfant, était noué un petit bracelet en plastique bleu, avec, dessus, inscrit son nom : Abdelaziz El-Hiraifi.  

 

33 ans plus tard.  

 

Quel comble pour un Juif que de naître Musulman ! Mais le petit Abdelaziz, alias JC, s’en était plutôt bien accommodé. Il avait commencé sa nouvelle vie dans un quartier plutôt défavorisé d’Aubervilliers. Il s’était bien vite résigné à vivre dans la peau de ceux qui, il l’avait appris à l’école, se battaient contre ses frères, tout autant blâmables, au Moyen-Orient. Ah, la bêtise humaine, elle n’avait pas cessé d’exister depuis la dernière fois. Pourtant, la dernière fois, il s’était retrouvé dans la peau d’un esclave noir américain. Souvenir cuisant s’il en est.  

Mais revenons à l’histoire peu commune de JC. Il avait réussi à s’élever dans la société pour devenir quelqu’un de respecté, et de respectable. On ne savait trop comment ce gosse de quartier réputé difficile avait pu réussir, à tel point qu’on se demandait si cela ne constituait pas un petit miracle. Si bien qu’à 33 ans, JC, devenu négociant en vin, semblait marcher sur l’eau tant il était au sommet de sa pourtant jeune carrière.  

 

Et, ce dimanche là, on sonnait à sa porte, alors que Jésus bricolait. Celui-ci sursauta et sa main dérapa : le clou traversa la paume, laissant couler un large filet de sang. Pour autant, habitué à ce genre de situation, il ne broncha pas et alla ouvrir.  

- Alexandre, quel bon vent t’amène ?  

- JC, c’est incroyable ce qu’il m’arrive.. Tu ne me croiras pas.  

- Entre, et parlons de tout ça.  

 

Alexandre, c’était l’ami d’enfance de JC. C’était celui qui avait partagé son quotidien depuis presque 30 ans. Celui qui avait partagé ses joies, ses peines, ses souvenirs de l’au-delà, et c’était surtout le premier qui, quand le petit Abdelaziz se prétendit être le Christ, l’avait cru sur parole. Un ami, un vrai, donc.  

C’est pourquoi JC était prêt à tout entendre venant de lui.  

- Alors, parle mon apôtre.  

- Eh bien… Je crois bien que j’ai recroisé celle que j’ai toujours aimé. Je veux dire, celle que j’ai aimé dans une autre vie, et qui est partie avec un autre. Marie..  

Jésus resta bouche bée.  

A bien y réfléchir, la possibilité qu’Alexandre retrouve l’âme aimée, qui l’avait autrefois repoussé, était infime. JC interrogea son illustre père : il lui demanda si cela était vraiment une juste épreuve pour son ami. Mais celui-ci se mura dans le silence. Aussi JC en conclut que c’était une seconde chance inouïe accordée à son ami.  

L’âme galvanisée par cette perspective réjouissante, JC lâcha :  

- Je vais t’arranger un coup mon vieux, t’inquiète pas !  

 

Paris, dans un joli café du XVIe arrondissement.  

 

Alexandre paraissait nerveux. JC, qui lui avait obtenu un rendez-vous avec la belle demoiselle en question, grâce à son charisme légendaire, ne cessait de lui prodiguer de derniers conseils tout en astiquant sa veste.  

- Sois toi-même et tout ira bien !  

- Oui, mais le moi d’aujourd’hui ou le moi antérieur ? Elle préférera quoi à ton avis JC ?  

- L’homme moderne. Elle ne voulait pas d’un révolutionnaire à faucille avant, je doute que ça ait changé mec.  

Alexandre acquiesça. Il remercia son vieil ami, le serra dans ses bras, rajusta sa mèche brune et s’en alla d’un pas conquérant vers le café. Jésus sourit, et s’assit à une table un peu à l’écart.  

- Qu’est ce que je te sers ?  

- Un grand verre d’eau, s’il te plaît Joseph.  

 

Jésus buvait son verre de pinard quand la jeune Marie fit enfin son arrivée. Si son âme était aussi belle que son corps, Alexandre avait du goût. Mais, vite, leur nouvelle rencontre tourna au vinaigre. La jeune femme ne semblait guère apprécier ce que lui disait Alexandre. JC fut saisi d’un horrible pincement au cœur quand elle lui balança son mojito à la figure, et s’en retira aussi promptement.  

Alexandre, trempé et honteux, s’avança vers JC d’un air désespéré, les bras en croix, en signe de résignation. Jésus le réconforta. Tout en en appelant à son père : « Papa, aide-moi. J’aurai besoin d’accomplir un dernier miracle ».  

 

Je crois bien pouvoir affirmer que ce qu’il y a de plus jouissif dans ma fonction, c’est de décider du destin de ces âmes sur Terre. D’en haut, j’en tire les ficelles. Enfermées dans leur enveloppe charnelle, j’en fais de vulgaires marionnettes. Et elles me divertissent, me font rire ou pleurer. Mais parfois, il arrive qu’elles me touchent, ces âmes, aussi humaines et imparfaites soient-elles. Alors, je cède de temps à autre.  

D.  

 

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D. (voix, narrateur): Daniel Rye  

Marie : Ashley Brewster  

Abdelaziz, alias Jésus-Christ : Chuck Beck  

La secrétaire de JC : Alisa Lanyce  

Alexandre : Vivian Gold  

Scénario : (3 commentaires)
une série A comique (noire) de Brittani Berry

Daniel Rye

Ashley Brewster

Chuck Beck

Alisa Lanyce
Avec la participation exceptionnelle de Vivian Gold
Musique par Valeria Chatwood
Sorti le 04 mars 2034 (Semaine 1522)
Entrées : 22 045 007
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