Evan souffrait de tout ce qui se passait - il souffrait de ses actes, de leurs conséquences, et aussi de tout ce que cela impliquait. Au début il trouvait ça amusant - mais tout ceci était au final terriblement terrifiant.  

Il suffisait à Evan de vouloir tuer quelqu'un pour que cette personne meurt l'heure d'après, sur le gong de l'horloge.  

L'horloge. Il ne savait plus comment tout ça avait commencé. Il ne se rappelait de rien. Il savait juste qu'il lui suffisait de penser profondément à vouloir tuer une personne pour que celle-ci meurt. Dans tous les cas, celles-ci mourraient sur le coup de l'heure suivante. Il savait encore moins comment cela était possible. Est-il Dieu ? Ou encore est-il la Faucheuse ? Tout cela n'avait aucun sens - et il en était venu à ignorer toute conclusion. Il s'était fixé deux règles : n'en parler à personne, et ne plus jamais jamais l'utiliser.  

Il avait déjà assez fait de mal comme ça.  

UN AN PLUS TÔT  

Al-Manar. Al-Manar.  

« ...les troupes d'Al-Manar prennent le dessus sur les rebelles, tandis que ces derniers mettent tout en oeuvre pour retrouver le Dictateur qui se serait terré dans un endroit inaccessible, selon les dires de son porte-parole... »  

Ce salop mérite de mourir. Bien sur je ne tuerai jamais d'innocents, mais un type comme cet Al-Manar ne mériterait pas de vivre. Il a tué des milliers de personnes et cause des guerres.  

Al-Manar. Al-Manar. Al-Manar. Meurs Al-Manar.  

Il allait mourir. Si tout se déroulait comme ça s'était déjà passé, le Dictateur allait mourir sur le coup des 20h, et on annoncerait son décès d'ici quelques jours. A moins que ses fidèles ne cachent sa mort. Je dois les tuer aussi. Il fallait savoir combien il y en avait, et avoir une idée de leur nom ou de ce à quoi ils ressemblent. Evan se leva du canapé sur lequel étaient assis son père et sa mère. Il se dirigea vers son ordinateur et fit une courte recherche. Il avait la liste de tous les proches de cet homme. Ceux qui étaient sans doute avec lui dans un bunker secret. Si la plupart mourrait, les autorités seraient avertis, c'est évident, et on mettrait fin à cette guerre sans but.  

Meurs Alani. Meurs Al-Dadal. Mourrez tous.  

On pouvait voir le corps d'Al-Manar. Les médias le photographiaient et le filmaient sous tous les angles. Il était décédé mystérieusement, disait-on, et la quasi-totalité de ses Ministres, Conseillers et sa Famille l'avait suivi dans sa tombe. Le journal accusait un poison des rebelles qui les avaient tous décimés, la radio disait qu'il s'agissait surement d'une punition divine.  

Seul Evan savait ce qui s'était réellement passé.  

Et il avait peur. Peur de ce qu'il avait fait, dans un moment non pas de colère, mais d'amusement. Il s'était presque amusé à tuer ces monstres qui avaient énormément de sang sur les mains.  

Désormais il se rendait compte que lui aussi en avait désormais. Et au moins autant qu'eux. Il avait tué trente personnes hier, par la simple force de sa pensée, et tandis que chacun accusait les rebelles, lui, Evan, 17 ans, savait qui en était la cause.  

Je suis un meurtrier. Un monstre.  

Mais qu'étaient-ils eux, au juste ? Les enquêteurs n'avaient pas encore remarqué surement que l'intégralité des morts, parfois très éloignés l'un de l'autre, s'était déroulé à 20h pile, mais ça ne tarderait pas, et à ce moment là, on commencerait à se poser des questions.  

Jamais les soupçons n'iraient sur lui. Ils ne vont pas mener l'enquête bien loin. Ces types méritaient de mourir et seraient sans doute morts si je ne les avait pas aidé. De plus, en quoi moi, Evan, je pourrais être impliqué ?  

« Troy Hanson a avoué ce matin être l'auteur des huit viols et meurtres qui lui sont reprochés. La dernière, Emi, sept ans, dont le corps avait été retrouvé il y a un mois, avait permis de faire le rapprochement avec les sept précédents cas. Une manifestation a éclaté devant le parquet - Hanson, selon la loi de l'état où il a été condamné, ne sera pas mis à mort mais écopera d'une peine de prison très longue - les manifestants brandissent des panneaux accusant les autorités, et déclarant qu'Hanson devrait subir la peine de mort... »  

Al-Manar lui avait permis de tester son pouvoir. Mais tuer encore... Cet homme mérite de mourir. Si il le tuait, serait-il considéré comme un Justicier, un super-héros ? Un meurtrier ? Un Dieu ?  

Cet homme qui avait tué huit enfants et qui s'en sortirait vivant ne mérite pas de vivre. Ais-je le droit de décider qui doit vivre ou mourir ? Non, il faut que cet homme meurt. Avec ce pouvoir dont Evan dispose, il peut très bien l'utiliser pour débarrasser la Terre des monstres et des criminels - des Hommes ne méritant pas de vivre. En l'absence de Justice, la sanction divine serait donc la seule solution.  

Troy Hanson. Troy Hanson. Troy Hanson. Meurs Troy Hanson. Meurs dans d'atroces souffrances.  

Evan était assis dans le cours de de mathématiques soporifique de Mr Dritts. Il s’agitait dans tout les sens en triturant sa barbe. A côté d'Evan, Holy. Qu'est-ce qu'elle est belle, Holy... Si seulement...  

La sonnerie. Les élèves se lèvent tous d'un bon et sortent dans le couloir. Evan se dirige vers son casier. Ils enchaînent sur cours de physique.  

Il est soudain repoussé contre le mur. C'est Mike. Très peu de choses dans la cervelle, mais elles sont compensées par les muscles de ses bras. Il regarde Evan dans les yeux avant de lui enfoncer son poing droit dans le ventre. Evan s'écroule.  

Ils rient, tous. Tous rient de lui, en le regardant allongé sur le sol. Tous même Holy. Mike lance quelque chose et rit de sa victime. Est-ce qu'une brute pareille mérite t-elle de vivre ? Qu'est-ce que j'ai fait pour qu'il me frappe ? Ils rient encore plus lorsque Evan dit dans un semi-soupir : "Mourrez."  

Mourrez. Vous tous. Mike, toi et tes amis, mais pas Holy. Mike. Meurs Mike. Pas Holy  

Holy qui rit avec les autres.  

Meurs Mike. Meurs toi et tes amis.  

Rick Janssen est Evan  

Sophia Birwin est Holy  

Ivan Suerte est Al-Manar/Incarnation Divine  

Sarah Constant est la Mère d'Evan